Des anarcho-libertaires incendient une gendarmerie : ce que l'on sait

Des anarcho-libertaires incendient une gendarmerie : ce que l'on sait
Un gendarme devant la gendarmerie incendiée dans la nuit de jeudi 21 septembre. ((JEAN-PIERRE CLATOT / AFP))

L'incendie comme sa revendication rapide interviennent deux jours après des faits similaires à Limoges. "L'Obs" fait le point.

Par Le Nouvel Obs
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Un violent incendie, revendiqué par un groupe anarcho-libertaire, a ravagé dans la nuit de mercredi 20 à jeudi 21 septembre des locaux techniques de la caserne de gendarmerie de Grenoble.

Un gendarme a été légèrement intoxiqué en tentant d'intervenir mais son état n'inspirait pas d'inquiétude. Il a été placé sous surveillance au CHU de Grenoble.

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Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, "consterné et indigné" par cet "acte particulièrement grave", a assuré que "toutes les dispositions étaient prises pour que les véhicules et le matériel soit remplacés sans délai" et "que les unités touchées par ces destructions soient en mesure de remplir leur mission".

Que s'est-il passé ? Quel est le groupe qui a revendiqué l'incendie ? "L'Obs" fait le point sur ce que l'on sait.

Que s'est-il passé ?

Les incendiaires se sont introduits après avoir découpé le grillage de l'enceinte extérieure de la caserne Hoffner, dissimulés des regards par un petit camion garé sur le trottoir.

Les bâtiments ciblés étaient à environ 70 mètres et l'incendie a démarré à 3h30 du matin. Deux départs de feu ont été repérés par les enquêteurs.

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Quelque 70 pompiers mobilisés ont maîtrisé le feu vers 6h15. Seuls ces bâtiments, à l'écart des immeubles d'habitation (des gendarmes et de leurs familles, tout comme du voisinage immédiat), ont été atteints.

Malgré l'impossibilité de pénétrer dans les "2.000 m2 de locaux techniques", réduits à l'état de décombres fumants, l'ampleur des dégâts était évidente.

Il a surtout été question dans un premier temps des véhicules mis hors d'usage : "Au minimum 30 véhicules de la gendarmerie mobile et quelques véhicules de l'état-major du groupement." Mais "la gendarmerie au niveau régional peut fournir sans problème l'ensemble des moyens nécessaires pour que la capacité opérationnelle ne soit pas impactée", a assuré la gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes.

Que sait-on du groupe anarcho-libertaire ?

L'incendie comme sa revendication rapide sur le site Indymedia.org, régulièrement utilisé par ces organisations, interviennent deux jours après des faits similaires à Limoges où cinq véhicules de gendarmerie ont été brûlés à l'intérieur de la caserne Jourdan.

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Le 30 mai dernier, précise par ailleurs "le Dauphiné libéré", des militants anticapitalistes avaient revendiqué l'incendie volontaire de onze véhicules sur un parking d'Enedis (ex-ERDF), déjà à Grenoble.

Le texte posté à la mi-journée ce jeudi affirme que l'incendie de Grenoble "s'inscrit dans une vague d'attaques de solidarité avec les personnes qui passent en procès ces jours-ci", pour l'attaque et l'incendie d'une voiture de police en mai 2016 à Paris lors des manifestations violentes contre la loi Travail. Dans le détail :

"Ce jeudi, à 3 heures du matin, deuxième jour du procès de la voiture brûlée. Avons pénétré dans la caserne de gendarmerie Vigny-Musset. Avons incendié six fourgons d'intervention et deux camions de logistique. Le garage et l'entrepôt ont été ravagés sur plus de 1.500 mètres carrés.

Cet acte s'inscrit dans une vague d'attaques de solidarité avec les personnes qui passent en procès ces jours-ci. Forte accolade à Kara et Krem. Une pensée pour Damien, récemment tabassé par les flics. Quelle que soit l'issue du procès, on continuera à s'en prendre à la police et à la justice. Notre hostilité est un feu qui se propage."

Huit prévenus comparaissent depuis mardi et jusqu'à vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris dans cette affaire.

Où en est l'enquête ?

Les enquêteurs de la section de recherches, à qui a été confiée l'enquête diligentée par le parquet de Grenoble, avaient déjà envisagé que cet incendie puisse être lié au procès dès le matin, mais "aucune piste n'est fermée", a affirmé à l'AFP le colonel Yves Marzin, commandant le groupement de gendarmerie de l'Isère.

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De nombreux techniciens en identification criminelle s'affairaient sur les lieux du sinistre, a constaté l'AFP. Par ailleurs, les enregistrements de caméras de vidéosurveillance balayant ce secteur étaient en cours d'exploitation.

Mais plus grave, il s'avère que, sans forcément avoir été la cible première, "la cellule d'investigation criminelle est complètement détruite avec tous les scellés en cours de traitement", a-t-on appris de source proche de l'enquête. "Tout est parti en fumée", a soupiré une autre source.

Les équipes chargées des enquêtes criminelles étaient en effet abritées dans ces locaux lambda, jouxtant la partie garage du bâtiment. Toutefois, les scellés de l'enquête sur la disparition de la petite Maëlys "ne sont pas concernés", selon la même source.

(Avec AFP) 

Le Nouvel Obs
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