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Aude, 21 ans, hostile à la pilule: "C'est clair qu'il y a plein de saloperies dedans"

Les plaintes de femmes utilisatrices de pilules de troisième et quatrième génération, qu'elles accusaient d'être responsables de sérieuses complications, viennent d'être classées sans suite par le parquet de Paris. Reste que la défiance envers la pilule n'a jamais été aussi forte, ce que confirme sur RMC un gynécologue.

Après 4 ans d'enquête, le parquet de Paris a classé sans suite l'affaire des pilules controversées de troisième et quatrième génération, ce mardi. En 2012 et 2013, 84 femmes avaient porté plainte contre le laboratoire Bayer produisant leur pilule contraceptive. Le contraceptif était suspecté de favoriser de graves pathologies veineuses et artérielles. Mais selon le parquet, l'enquête ne permet pas "d'établir avec certitude l'existence d'un lien de causalité entre la prise du contraceptif et les pathologies présentées par les plaignantes" (embolies pulmonaires, AVC, phlébites…). Mais le combat judiciaire se poursuit puisque de nouvelles plaintes, avec constitution de partie civile, ont été déposées dans la foulée.

Au-delà de cette affaire, une défiance s’est installée chez les jeunes femmes. Si la pilule reste en France le premier moyen de contraception, son usage décline. Selon une étude de la Sécurité sociale étudiante (la SMEREP) réalisée cette année, la proportion d’utilisatrices de la pilule contraceptive est en baisse constante, passant de 64% à 51% entre 2009 et 2017. Près de 20% des étudiantes invoquent un impact négatif de la pilule contraceptive sur leur santé.

"Un phénomène récent qui prend de l'ampleur"

RMC a rencontré une étudiante hostile à la pilule. A 21 ans, Aude a toujours refusé d'en prendre et préfère utiliser un préservatif dans ses rapports avec son conjoint. "Au même titre qu'un autre médicament, ça me paraît évident qu'il y a pleins de saloperies dedans, estime-t-elle. Si je peux m'en passer, je m'en passe. Pour moi le plus important c'est de ne pas prendre de médicament dont je ne connais pas la composition".

Prendre le moins de médicaments possible, c'est ce que demande une jeune patiente sur deux au cabinet de gynécologie de Bernard Huynes. S'il recommande la pilule contraceptive à ses patientes, il fait face à une défiance de plus en plus importante envers les médicaments. "C'est vraiment un phénomène récent qui prend de l'ampleur, avec cette ambiance d'un scandale sanitaire par semaine. Mes patientes veulent quelque chose qui soit plus naturel, pensent-elles. Je leur réponds que la contraception ce n'est pas naturel, mais qu'il y a plus d'avantages que d'inconvénients". Aujourd'hui, 37% des étudiantes ayant déjà eu un rapport sexuel ne prennent pas de pilules contraceptives.

P. G. avec Romain Poisot