SCIENCES Le crâne d’un enfant de Néandertal se développait comme le nôtre

La première analyse du crâne d’un enfant néandertalien découvert en Espagne laisse penser qu’il s’est développé comme le ferait celui d’un enfant aujourd’hui, un signe que «Homo Neanderthalensis» nous ressemblait, ont révélé des chercheurs ce jeudi.
L'Alsace - 22 sept. 2017 à 08:49 - Temps de lecture :
 | 
Photo d'illustration Creative Commons Pexels
Photo d'illustration Creative Commons Pexels

La découverte, précieuse, du squelette d’un enfant a été faite sur le site archéologique de la grotte d’El Sidron, vieille de 49 000 ans, dans le nord de l’Espagne. Les restes de sept adultes et cinq autres enfants ont également été exhumés.

Les ossements de cet enfant néandertalien d’environ 7 ans, baptisé El Sidron J1 selon le journal «Science», sont les premiers de cette époque à être étudiés. «Ce que nous voyons avec ce Néandertalien est que leur modèle de croissance est très similaire à celui des êtres humains modernes», a indiqué Luis Rios, co-auteur de l’étude et membre du département de paléontologie au Musée national des sciences naturelles d’Espagne, lors d’un entretien téléphonique avec des journalistes.

Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.

En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).

En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix

Une croissance plus longue

L’enfant était encore en pleine croissance au moment de sa mort, et la taille de son cerveau avait atteint 87% de celle d’un homme de Néandertal adulte, selon l’étude. 
Pour comparaison, le poids du cerveau d’un enfant de cet âge à notre époque correspond à 95% de celui d’un adulte.

Adam Van Arsdale, professeur d’anthropologie au Wellesley College, qui n’a pas travaillé sur cette étude, qualifie les différences entre les Néandertaliens et les humains de «subtiles». 
Cette étude est «une contribution importante à notre compréhension de l’évolution humaine», et corrobore «un nombre important d’études qui démontrent que des similitudes entre les Néandertaliens et l’Homme existent», a-t-il expliqué.

Les Néandertaliens, présents dans l’ouest de l’Europe et de l’Asie, se sont développés séparément de l’Homme, qui est apparu en Afrique, mais les deux espèces présentaient des points en commun. Avant son extinction il y a 35 000 ans, l’homme de Néandertal faisait de l’art, pratiquait des rituels, enterrait ses morts et se reproduisait avec des hommes modernes.
Il est connu pour avoir un crâne bien plus imposant que celui des humains de maintenant, et avait peut-être un cerveau également plus gros, ce qui n’induit pas forcément une intelligence plus développée.

Mais l’explication de ce phénomène n’est pas encore claire. Une hypothèse, qui se base sur des études dentaires, voudrait que les Néandertaliens grandissaient plus rapidement que nous, et que leurs enfants atteignaient une taille adulte plus rapidement.

Mais après avoir étudié les restes du squelette d’El Sidron J1, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les Néandertaliens grandissaient pendant plus longtemps, plutôt que plus rapidement.
«Un mécanisme qui aurait permis d’avoir un plus gros cerveau serait une période de croissance plus étendue dans le temps», a expliqué Luis Rios. Le squelette d’El Sidron J1 comprenait 36% de son côté gauche, des parties de son crâne, et ses dents définitives et de lait.

Une mort mystérieuse

Mais une question reste sans réponse: comment est mort cet enfant ?

Les scientifiques, qui n’ont trouvé aucune trace de maladie, l’ont qualifié de «robuste": El Sidron J1 mesurait 1,11 mètre et pesait 26 kilos. 
Certaines marques trouvées sur ses os pourraient laisser croire à du cannibalisme, compte-tenu de précédentes études sur la grotte où il a été retrouvé.
«Il y a des marques sur les os, mais on ne connait pas précisément la cause de sa mort», a tempéré Antonio Rosas, co-auteur de l’étude et président du département de paléontologie au Musée national des sciences naturelles d’Espagne.

«Nous devons faire très attention parce que nous n’avons étudié qu’un squelette», a pour sa part rappelé Luis Rios.
Adam Van Arsdale s’interroge cependant sur la pertinence de la comparaison avec l’homme moderne, étant donné que les différentes vitesses de croissance du cerveau varient selon les époques et les régions.

De plus, les conclusions tirées sur la taille moyenne des cerveaux des Néandertaliens pourraient être biaisées par le fait que les paléontologues ont principalement étudié des hommes, qui étaient plus grands que les femmes. 
La croissance des cerveaux de l’homme de Néandertal «semble correspondre à celle d’un humain normal», reconnaît-il cependant.