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Femmes et digital : où en est-on ?

Lors du dernier salon Viva Technology à Paris – nouveau rendez-vous incontournable de l’innovation digitale sur le vieux continent – les experts, expertes et visionnaires de l’industrie 4.0 s’exprimaient sur l’influence de l’IA et du Big Data dans l’économie de demain. Mais au cœur des discussions, une évidence est apparue: les femmes devront y jouer un rôle primordial. #womenrock

Publié le

Par La Redaction

femme du digital

La parité et la place des femmes dans une société qui se réinvente sont deux sujets qui animent les débats politiques – et les diners en ville -. Selon une étude du Syntec numérique, les femmes ne représentent que 33% des professionnel.le.s du digital, pour un taux de féminisation de 53% toutes activités et secteurs confondus : un chiffre somme toute loin d’être exemplaire. Comment le digital peut-il favoriser la parité au travail ?

_Marie-Sophie GAMBIEZ_

Des qualités « féminines » valorisées dans l’écosystème ?

« De manière générale, l’écosystème des métiers du digital est très accessible et bienveillant » nous a confié Isabelle Garcia, Directrice des programmes digitaux du groupe SNCF. « Les profils y sont assez diversifiés, ils ont pour points communs l’ouverture, la curiosité et l’appétence pour les produits digitaux » ajoute Marie-Sophie Gambiez, Purchasing Digital Partner SNCF. Ces « drôles de dames » sont aujourd’hui aux premières loges de la transformation digitale du groupe ferroviaire et pourtant, ni l’une ni l’autre n’a de formation technique dans ce domaine spécifique.

_Marie-Sophie GAMBIEZ_

« L’innovation digitale adresse des cas liés à l’usage. Savoir identifier le problème et en formaliser les besoins sont les deux premières étapes d’un projet digital, c’est ensuite que vient la technologie » rapporte Isabelle Garcia. Deux qualités que les femmes acquièrent souvent par la force des choses : la complexité de leur quotidien les amène à résoudre des équations au nombre d’inconnues variables.

« Il y a beaucoup de choses à créer dans le monde digital, ce qui offre un champ d’action assez avantageux pour les femmes » renchérit Sandrine Mondin Simon, juriste spécialisée dans le droit des nouvelles technologies et propriété intellectuelle chez SNCF. Une autre qualité primordiale pour le secteur numérique : la créativité. Sur ce dernier point, la route vers la parité est encore longue. En effet, une étude menée en 2015 à l’université de Duke en Caroline du Nord a démontré que la reconnaissance de la créativité en milieu professionnel était biaisée : pour un travail identique, la créativité des hommes est davantage plébiscitée.

_Sandrine MONDIN-SIMON_

Entreprise et société : même combat

« Les termes « digital » ou « numérique » sont souvent associés à la technologie et à des compétences techniques, domaines que l’on considère comme masculins, alors que ces secteurs offrent des opportunités bien plus vastes » déclare Sandrine Mondin Simon.

De facto, les écoles d’ingénieur.e.s françaises ne dépassent pas les 25% de femmes. Pourtant, les jeunes filles représentent 45% des candidats et candidates reçu.e.s au baccalauréat scientifique et sont majoritaires dans l’obtention du diplôme toutes catégories confondues.

_Sandrine MONDIN-SIMON_

Certains et certaines parlent d’une « appétence naturelle » qu’auraient les femmes pour des carrières plus littéraires ou axées sur le social, d’autres vont jusqu’à soutenir l’existence de différences biologiques prédisposant les hommes à l’informatique dans des mémos chez Google… Malheureusement, le manque de représentation engendre un cercle vicieux qu’il semble difficile de briser : comme le présentait l’entrepreneuse française Aurélie Jean (fondatrice d’In Silico Veritas) : « J’ai souffert d’un manque de modèles féminins dans la Tech ». Combien de femmes ont renoncé à leurs aspirations pour cette même raison ?

isabelle_garcia
_Isabelle GARCIA_

Et la femme créa le code…

Pourtant, les figures féminines jalonnent l’histoire des sciences informatiques – l’encyclopédie participative organise encore de nos jours des Edit-athon pour créer les pages de ces pionnières trop souvent occultées -. Triste est de constater que les noms d’Ada Lovelace, Grace Hopper ou Katherine Johnson ne résonnent pas dans les esprits et/ou les fascicules d’enseignement. La première a pourtant créé le premier algorithme informatique dédié à être exécuté par une machine, ce qui fait d’elle la première programmeuse informatique au monde. La seconde est la conceptrice du premier compilateur (programme de transformation de code source _ndlr_), en 1951, et du langage informatiqueCOBOL en 1959. La troisième est une pointure de la navigation astronomique ayant beaucoup apporté à la NASA, notamment sur le projet Apollo 11.

Comme le souligne l’étude d’Isabelle Collet, il y a encore une trentaine d’années, les filières universitaires menant à la programmation se nommaient « calculs numériques » : des branches scientifiques considérées alors comme moins prestigieuses – et donc plus féminines -.

… Et la femme quitta le code

L’avènement de la micro-informatique ou de géants comme Apple ou Microsoft – assortis de stratégies marketing axées sur les hommes – ont transformé les mœurs et la représentation du numérique. Le milieu des années 1980 marque alors le début d’une passion des garçons désireux de réussir comme leurs idoles Bill Gates ou Steve Jobs, et la fuite des femmes de ce secteur.

Si des individu.e.s, à l’instar d’Aurélie Jean ou Sheryl Sandberg, ainsi que des ONG (telle que Girls Who Code) contribuent à faire évoluer les mentalités, ce combat est aujourd’hui celui de tous. En effet, une étude menée fin 2013 par la Commission Européenne annonçait que la parité dans le secteur du numérique engendrerait une augmentation du PIB européen de l’ordre de 9 milliards d’euros. Inverser la tendance sociétale de masculinisation des métiers du digital s’impose comme un prérequis à la prospérité de la société moderne. De plus, « le monde de l’innovation encourage le partage pour évoluer. Se tromper et pivoter sont des scénarios courants dans le secteur numérique et les hommes acceptent moins facilement l’échec » d’après nos trois « drôles de dames ».

En conclusion, le digital est une réelle opportunité pour les femmes qui le souhaitent ; une arme s’impose peut-être : la confiance en soi, voir le culot.

Vous êtes peut être passé à côté !

Découvrez ou redécouvrez l’article sur des parcours de femmes digitales qui participent à la transformation numérique du groupe SNCF.

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