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Education : l'histoire du coup de com' raté du Medef

Après un slogan polémique sur l'école, le Medef a été contraint de retirer sa "blague nulle", et son président, Pierre Gattaz, de présenter en vidéos ses excuses aux enseignants.

Sarah Paillou , Mis à jour le
Le président du Medef, Pierre Gattaz, s'est excusé publiquement après la polémique née du slogan "Si l'école faisait son travail, j'aurais un travail".
Le président du Medef, Pierre Gattaz, s'est excusé publiquement après la polémique née du slogan "Si l'école faisait son travail, j'aurais un travail". © Reuters

Le livre blanc pour l'éducation du Medef , principale organisation patronale, était au départ passé inaperçu. Cette campagne "Eduquer mieux, former toujours" avait été lancée dès le mois de mars sans susciter de grandes réactions du corps éducatif. Jusqu'au mercredi 20 septembre. Ce jour-là, la Fédération Syndicale Unitaire (FSU), qui regroupe plusieurs syndicats enseignants, exhume le slogan "Si l'école faisait son travail, j'aurais du travail" et dénonce un "mépris pour le service public d’éducation, ses personnels et ses élèves". La polémique prend et va mobiliser jusqu'au ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer , et entraîner les excuses publiques du président du Medef, Pierre Gattaz.

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Mercredi. 10h53. La FSU dénonce le slogan du Medef

Le bandeau publicitaire incriminé apparaissait sur Internet depuis le 9 septembre, selon Europe 1. C'est en fait "par hasard" que la FSU a découvert la phrase incriminée, lors de consultations du site pagesjaunes.fr. En plus de ce slogan, l'image est accompagnée du titre de la campagne du Medef pour l'éducation ("Eduquer mieux former toujours"), et du logo de l'organisation patronale.

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Mercredi en fin de matinée, la Fédération passe à l'attaque : elle diffuse la publicité sur son compte Twitter avec une réponse acerbe. La FSU ajoute aussi un lien vers un communiqué qui dénonce un Medef "accusant abusivement l'école", cherchant "sans doute à faire oublier que les entreprises n’ont pas réussi à créer le million d’emplois promis comme devant résulter du CICE."

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Mercredi. Dans la journée. Le Medef assume

Face aux première attaques, le Medef se défend en rediffusant lui-même le slogan sur Twitter, accompagné du mot-clé "MaBlagueNulle". Le message a depuis été supprimé. Tout comme le site eduquerformer.fr, vers lequel la campagne renvoyait, et qui présentait les propositions de l'organisation pour l'éducation.

La tentative d'humour du Medef ne calme pas la gronde. D'autres syndicats enseignants rejoignent la FSU, tout comme plusieurs personnalités politiques. Parmi les critiques, celle de Laurence Parisot, qui a présidé l'organisation de 2005 à 2013 : "Morgue, mépris, bêtise, ignorance", assène-t-elle.

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On compte aussi parmi les accusateurs les anciens ministres de l'Education Benoît Hamon (quatre mois en 2014), qui tweete tard dans la soirée "Toute honte bue", et Jack Lang (1992-1993) qui "dénonce ces campagnes de pubs scandaleuses" quelques minutes plus tard.

Jeudi. 11h26. Le ministre de l'Education exige le retrait du slogan

Le lendemain, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale, entre dans la partie. Jeudi matin, il se dit sur Twitter "consterné par le slogan du Medef" et exige un retrait immédiat.

Une demi-heure plus tard, le Parti socialiste interpelle à son tour Pierre Gattaz sur le réseau social, reprenant l'accusation de la FSU du "million d'emplois" que l'organisation patronale est supposée devoir depuis la mise en place du CICE.

Jeudi. 18h. Le slogan est retiré, Gattaz présente ses excuses

Quelques heures après la demande de la rue de Grenelle, le ministre Jean-Michel Blanquer annonce le retrait du "slogan malvenu", informé par le président du Medef, Pierre Gattaz.

Moins de 20 minutes plus tard, le patron des patrons publie une vidéo sur le compte Twitter de l'organisation, dans laquelle il "[s'excuse] auprès des professeurs, des enseignants, qui auraient pu se sentir visés par cette campagne qui ne les touchait pas du tout". "Mais en effet c'est le système qu'il faut revoir et je voudrais le faire avec eux", a-t-il poursuivi.

Entre temps, le Medef avait multiplié les explications : sa campagne sur l'éducation a pour principal slogan "Eduquer mieux, former toujours", décliné en plusieurs phrases, dont celle qui a déclenché la polémique. "D'autres phrases vont maintenant apparaître", a précisé le porte-parole du syndicat. L'organisation patronale s'est aussi justifiée auprès du Parisien : "Ce n’est pas de la provocation gratuite, mais une entrée qui titille, pour susciter le débat. Nous voulons souligner que l’école peut faire mieux, pour ne plus avoir 25% de jeunes au chômage. Nous ne visons pas les enseignants, mais le système."

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