“Même occupée, la Rocinha enregistre de nouveau des fusillades à l’aube ce samedi”, titre le journal brésilien O Globo ce 23 septembre. Cette immense favela (bidonville), où vivent environ 70 000 personnes, a été le théâtre pendant près d’une semaine d’affrontements entre des gangs rivaux et avec la police, après que des dizaines d’hommes ont envahi les lieux dimanche 17 septembre au matin.

D’après le quotidien de Rio Extra, il s’agissait de “criminels liés à Antônio Francisco Bonfim Lopes”, un célèbre chef de gang emprisonné, connu sous le nom de “Nem”. Ils seraient entrés dans la favela pour tenter de la reprendre et s’affronteraient à “des bandits liés à Rogério 157”, un ancien lieutenant de Nem qui aurait désobéi à ses ordres.

Comme le rappelle le quotidien britannique The Guardian,

La Rocinha était devenue emblématique d’un ambitieux programme de ‘pacification’ destiné à expulser des gangs armés de narcotraficants après une invasion de l’armée en 2011. Aujourd’hui, elle est devenue un autre symbole, celui de la violence qui s’aggrave dans la ville, un an seulement après qu’elle a accueilli les Jeux Olympiques.”

Cette violence, poursuit The Guardian, “a accentué un sentiment d’insécurité à Rio. Le gouvernement de l’État est en faillite et en retard dans le paiement des salaires de la police, l’ancien gouverneur Sérgio Cabral est en prison et vient d’être condamné à 45 ans de prison pour corruption, blanchiment d’argent et racket.”

“Cité merveilleuse”

En à peine treize mois, confirme le journal argentin Clarín, la violence est revenue s’acharner sur la “Cité merveilleuse”. Le quotidien relève que “la Rocinha est un lieu idéal pour monter des points de vente [de drogue] : sa proximité avec des zones habitées par des classes favorisées attire un public fortuné.”

Toutefois, poursuit Clarín, dans ce même secteur a lieu ces jours-ci un grand festival, Rock in Río. Les célébrités qui s’y produisent et le public devaient être protégés.

Et pour cela, il n’y avait d’autre alternative que de militariser cette célèbre favela. (…) C’est ce qu’ont confié à la correspondante du journal deux habitantes de la Rocinha.”

Une tâche épineuse pour l’armée

Face à l’incapacité de la police à maîtriser la crise, le ministre de la Défense brésilien, Raul Jungmann, a effectivement ordonné le déploiement de 950 soldats pour pacifier la zone. Toutefois, les habitants interrogés par The Guardian craignaient que les troupes ne soient pas en mesure de rétablir l’ordre.

“Ils ne sont pas entraînés à jouer le rôle de la police, à travailler dans la rue en milieu urbain. Ils sont entraînés à tirer, faire feu d’abord et poser les questions après”, déclare l’un d’eux.