Entreprise

L’Allemagne, le pays où les actionnaires ont le moins de pouvoir

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Siège du syndicat IG Metall. PHOTO : ©Eric TSCHAEN/REA

La gouvernance d’entreprise constitue une des différences les plus marquantes entre l’Allemagne et la France, et plus généralement avec l’ensemble des autres pays capitalistes. Outre-Rhin, cette gouvernance est caractérisée par ce qu’on appelle la Mitbestimmung, la codétermination. Si les salariés le demandent, toute entreprise de plus de cinq salariés doit se doter d’un Betriebsrat, un conseil d’entreprise (les Allemands ont résolu la question des seuils sociaux en les abaissant).

Celui-ci dispose non seulement d’un droit à la consultation et à l’information comme en France, mais aussi d’un pouvoir de veto sur un nombre important de décisions : équipements des postes et gestion des temps de travail, embauches, mutations ou licenciements individuels, heures supplémentaires, plans sociaux collectifs... Dans tous ces cas, un chef d’entreprise allemand ne peut agir que s’il obtient l’accord de son Betriebsrat.

Un chef d’entreprise allemand ne peut agir que s’il obtient l’accord de son conseil d’entreprise

De plus, dans les entreprises de plus de 500 salariés, ceux-ci désignent un tiers des membres du conseil de surveillance (en tant que tels et non en tant qu’actionnaires salariés). Au-delà de 2 000 salariés, ils fournissent même la moitié des membres. Le président du conseil est cependant un représentant des actionnaires et dispose d’un droit de vote double en cas d’égalité.

On aurait tort de croire que cette situation nuit aux actionnaires : grâce à la présence des salariés, leurs représentants sont en réalité mieux informés sur la situation de l’entreprise que dans les conseils d’administration français, où les PDG, qui disposent seuls des informations internes, peuvent aisément les manipuler. Cette structure de pouvoir oblige en revanche les entreprises à adopter des stratégies de long terme et constitue une parade efficace contre les OPA hostiles.

Enfin, ce pouvoir reconnu aux salariés a pour contrepartie une implication plus élevée, qui contribue notablement aux succès de l’industrie allemande. Une chose est sûre en tout cas : ce n’est pas parce que le droit du travail imposerait moins de contraintes aux chefs d’entreprise allemands que l’économie de notre voisin se porte nettement mieux que la nôtre.

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