MOI JEUNEPour les jeunes, Google en sait autant sur eux que leurs parents

Sondage OpinionWay pour «20 Minutes»: Pour les jeunes, Google en sait autant sur eux que leurs parents

MOI JEUNEUne étude d’OpinionWay pour «20 Minutes» analyse le rapport des 18-30 ans à la protection des données personnelles…
Le siège de Google à New York, le 9 septembre 2017.
Le siège de Google à New York, le 9 septembre 2017. - Richard B. Levine/NEWSCOM/SIPA
O. P.-V.

O. P.-V.

L'essentiel

  • 27% des 18-30 ans sondés pensent que c'est Google qui en sait le plus sur eux.
  • À peine plus, 28%, estiment que leur famille les connaît mieux que Google.
  • L'utilisation de leurs données personnelles questionnent de nombreux internautes du groupe MoiJeune de «20Minutes».

Google is watching you, et les jeunes en sont tout à fait conscients. Selon un sondage OpinionWay pour 20 Minutes*, 27 % des 18-30 ans du groupe MoiJeune estiment que le géant américain est la personne (morale) qui en sait le plus sur eux. À peine plus, 28 %, pensent que leur famille, les parents et la fratrie, sont ceux qui les connaissent le mieux. Juste derrière, 23 % citent leur meilleur(e) ami(e).

L’étude met en lumière un sentiment d’inquiétude vis-à-vis de la collecte de données par Google et d’autres acteurs majeurs du numérique. La géolocalisation par exemple, de plus en plus utilisée par les applications sur smartphone, fait peur à 69 % des sondés. Face aux utilisations commerciales de ces informations souvent données volontairement par les internautes, 29 % se sentent « vigilants », cherchant à laisser le moins de traces possibles, 22 % « plutôt en colère » que l’Etat ne cherche pas à légiférer plus que cela, et 20 % « fatalistes » devant cette évolution, loin devant l’indifférence, citée par 12 % des personnes interrogés.

« Notre vie privée et nos goûts intimes appartiennent au domaine public »

Les membres du groupe MoiJeune se sentent effectivement concernés par la problématique. « Sous couvert de modernité et de sécurité, nous faisons confiance à ce géant de la technologie 2.0 qui facilite notre quotidien. Un jour à force d’évolution et "d’améliorations", nous serons plongés dans la société de George Orwell avec le sourire et notre consentement. Insidieusement mais sûrement, notre vie privée et nos goûts intimes appartiennent au domaine public », témoigne Laure auprès de 20 Minutes.

Une précédente étude sur le sujet menée par OpinionWay, en février 2017, avait affiché des résultats similaires. 73 % des 18-30 ans sondés par l’institut se sentaient « observés » sur Internet, et 76 % étaient préoccupés par la protection des données privées en ligne. La méfiance était particulièrement forte envers Facebook (80 %) et Google (62 %), loin devant les autres, dont Apple (29 %) et Amazon (26 %).

« Si c’est gratuit, c’est toi le produit »

Google apparaît toujours comme symbole du Big Brother - terme qui revient souvent parmi les membres du groupe MoiJeune pour évoquer la place du site dans nos vies - avec cette part d’ambiguité entre l’internaute et le moteur de recherche (utilisé aussi comme boîte mail, GPS, traducteur, banque d’images, réseau social, etc.) qui maintient la relation malgré la crainte.

Illustration de Google sur un ordinateur.
Illustration de Google sur un ordinateur. - FRANCK LODI/SIPA

Yann explique par exemple se sentir « mitigé » alors qu’il utilise tous les services possibles de l’éditeur : « En un sens, leur fournir un nombre incroyable de données personnelles ne me dérange pas vraiment, car ce que je reçois en contrepartie, et gratuitement, est quand même plutôt intéressant, je ne me sens pas arnaqué. […] Mais comme on dit "Si c’est gratuit, c’est toi le produit" », souligne-t-il.

« Comme les fumeurs qui ne peuvent pas s’arrêter même s’ils savent que ce n’est pas bon pour la santé »

L’aphorisme résume le sentiment général, détaillé par Laura, qui estime que « nos données sont stockées et utilisées sans même que nous puissions faire quoi que ce soit, notre vie privée est mise à prix sans que nous ayons une compensation quelconque. Je dirais que je me sens de plus en plus surveillée, et j’ai l’impression que mes moindres faits et gestes sont propices à faire tourner une économie alors que je ne peux quasiment rien faire contre cela. »

C’est peut-être Raphie, du groupe MoiJeune, qui a la meilleure image pour représenter le lien entre Google et la jeunesse : « Je trouve leurs services très utiles et abordables. Il y a souvent des innovations qui nous facilitent la vie, donc je communique mes données sans retenue. Même si dans mon esprit ça me pose toujours un problème ! C’est un peu comme les fumeurs qui ne peuvent pas s’arrêter même s’ils savent que ce n’est pas bon pour la santé… »

*Etude OpinionWay pour 20 Minutes réalisée en ligne du 15 au 16 septembre 2017 auprès d’un échantillon représentatif de 733 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas).

Si vous avez entre 18 et 30 ans, vous pouvez participer au projet « #MOIJEUNE », une série d’enquêtes lancée par 20 Minutes et construite avec et pour les jeunes. Toutes les infos pour vous inscrire en ligne ici.

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