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Un essaim de robots pour surveiller les canaux de Venise

Un consortium d'universités a déployé dans les canaux de Venise, une batterie de robots bioinspirés, afin de surveiller l'effet du tourisme, et de tester l'efficacité du dispositif en conditions réelles.

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Machines

Les trois types de machines "bioinspirées" déployées en septembre à Venise

©Subcultron

Et si demain, l'état des fonds marins était suivi en temps réel par une armée de robots. C'est le projet auquel travaille un consortium d'universités Italiennes, autrichiennes, belges, croates, allemandes et françaises. Leur idée : mettre en place "le plus grand système de robots sous-marins au monde". Un véritable essaim de 120 (c'est l'objectif visé) machines sous-marines bardées de capteurs, capables de surveiller en temps réel et à long terme, de nombreux paramètres environnementaux. Lancé en 2015 sous le nom de "Cocoro" (pour Collective Cognitive Robots), cet essaim intelligent a évolué et se compose maintenant de trois types de robots complémentaires, respectivement bioinspirés des moules, des poissons ou des nénuphars.

Les nénuphars

Les "aPad" sont les plus volumineuses machines de l'expérience. Elles flottent à la surface de l'eau et permettent de relayer les ordres de l'opérateur à l'ensemble de la flotte. Elles servent aussi de capteur de mesure du degré d'ensoleillement, et peuvent renseigner l'essaim sur la quantité de perturbations liées au déplacement des bateaux dans les canaux.

Bien exposées au soleil, elles font également office de station de charge pour les autres machines de la flotte.

Les poissons

Baptisés "aFish", ces machines sont rapides et véloces. Elles peuvent patrouiller facilement dans les endroits les plus inaccessibles et les plus troubles des canaux. Ils servent à la fois d'exporateurs, mais aussi de messagers. Ils transmettent en effet toutes les informations dont ils disposent aux autres robots qu'ils croisent. C'est donc par leur biais que les directives des opérateurs sont transmises aux autres robots qui demeurent au fond, et qu'il est impossible d'atteindre via un signal radio. 

On notera que ces poissons robots ne sont pas pourvus de caméras mais d'électrodes qui génèrent autour d'eux un petit champ électrique leur permettant de percevoir les objets qui y transitent. Ils peuvent ainsi appréhender efficacement leur environnement la nuit ou dans des eaux très troubles.

Les moules

Les "aMussel" ne ressemblent pas vraiment à des moules. Mais comme ces mollusques, elles sont incapables de se déplacer et demeurent immobiles sur le fond. Leurs caméras, thermomètres, et capteurs d'analyse de la composition chimique de l'eau et des sédiments, permettent de suivre l'évolution de l'habitat alentour (croissance des algues, dépôts bactériens...).

Incapables de se déplacer, elles sont dépendantes des poissons mécaniques qui viennent en récupérer l'information collectée. Lorsque sa batterie atteint un niveau trop faible, la moule mécanique peut se propulser jusqu'à la surface et appeler un "nénuphar" afin que ce dernier vienne la saisir, la recharger, et éventuellement la déplacer.

Week1 proved to be successful on many levels! Watch the aPad docking/charging with aMussel in water!#subCULTron#FET pic.twitter.com/ydnZbPqxog

Les trois types d'appareils viennent d'être déployés à Venise, le 15 septembre 2017, dans le cadre d'une expérience grandeur nature. La mission de cet essaim sera de s'intéresser aux effets d'une navigation intensive et du tourisme de masse sur la faune et la flore des canaux de la ville. La ville de Venise a en effet été retenue comme le lieu optimal pour effectuer ces premières expérimentations en situation réelle, hors du laboratoire, en raison de la complexité défiante de son univers sous-marin, expliquent les initiateurs de ce projet sur leur site.

Et pour cause. Entre les canaux tortueux dans lesquels les machines peuvent se perdre, la turbidité parfois importante des eaux, et les collisions avec les nombreux navires qui parcourent la ville, le risque de perdre un ou plusieurs robots est grand. La mise en place d'un grand essaim permet de contrebalancer ce risque. Les résultats de cette expérience n'ont pas encore été communiqués.

L'autre objectif est de tester sur le terrain l'efficacité d'une intelligence logicielle rudimentaire, distribuée entre plusieurs machines, et mettre à l'épreuve ses capacités d'adaptation à l'environnement. L'essaim est en effet constitué d'une véritable société de robots capables d'interagir et d'échanger des informations durant plusieurs jours. Et ses applications potentielles ne se limitent pas au suivi à long terme des fonds marins. Ses concepteurs l'imaginent aussi, par exemple, pour quadriller une zone de l'océan à la recherche de la boite noire d'un avion. C'est ce que l'on voit représenté dans le scénario ci-dessous, tourné en 2015, utilisant des versions bien antérieure des machines.

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