Très Haut débit : objectif inatteignable, selon l’UFC-Que Choisir
Les objectifs du plan France Très Haut débit ne seront atteints qu’en 2035. 11,1 %de Français n’ont toujours pas accès à une connexion internet de qualité.
Par Leïla Marchand
Emmanuel Macron voudrait bien voir le Plan Très Haut Débit dès fin 2020. Mais d’après les calculs de l’UFC-Que Choisir, même l’objectif initial de 2022 est hors de portée.
Dans une étude publiée ce mardi, l’association de consommateurs estime que ce plan, qui vise à rendre accessible à tous une connexion internet à très haut débit, ne sera accompli qu’en 2035, au rythme actuel des déploiements.
Ce retard dans le déploiement de la fibre optique laisse de côté une part croissante du territoire français, relève l’association. « Le meilleur du très haut débit est accessible pour moins de 1 % des habitants en Creuse ou en Dordogne, alors qu’il l’est pour plus de 90 % des habitants à Paris ou dans les Hauts-de-Seine », explique-t-elle dans un communiqué.
Ce sont ainsi seulement 20,6 % des habitants des communes de moins de 1 000 habitants qui peuvent bénéficier d’une offre permettant un accès au très haut débit.
0,7 % sans accès à Internet
Sans parler de ce « meilleur du très haut débit », qui correspond à une offre de plus de 100 Mbit/s, près de 7,5 millions de Français (11,1 %) ne peuvent même pas prétendre à une connexion internet de qualité (de plus de 3 Mbit/s). Parmi eux, 0,7 % n’ont tout simplement pas accès à une offre Internet fixe.
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Une offre de moins de 3Mbit/s est insuffisante pour bénéficier de service de visiophonie, comme les applications Skype ou Hangouts.
En France, le débit réel le plus bas d’Europe
Il est également « très improbable de pouvoir profiter dans des conditions correctes d’une vidéo en streaming », note l’UFC. En effet, en France le débit réel, « le plus bas dans l’Union européenne », ne correspond dans les heures de pics de trafic « qu’à 52,4 % de la vitesse théorique ».
De façon générale, la France est à la traîne par rapport à ses voisins en matière de couverture très haut débit : avec 44,8% des ménages couverts, elle est loin en-dessous de la moyenne européenne de 70,9%. Seuls les Grecs et les Italiens font moins bien.
Afin d’y remédier, l’UFC-Que Choisir demande donc au gouvernement un changement de cap. Il faut selon elle « orienter en priorité ses financements dans les réseaux de l’internet fixe dans les zones aujourd’hui dépourvues d’un internet de qualité ».
Une flambée des tarifs avec la fibre
L’association craint parallèlement une flambée des tarifs avec la fibre, dont le coût de l’abonnement pourrait être jusqu’à « un tiers de plus qu’aujourd’hui, compte tenu de coûts de raccordements plus élevés pour les opérateurs ».
L’UFC-Que Choisir demande donc à l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) et au gouvernement de ne pas augmenter les tarifs sur les réseaux cuivrés. Cette option est pourtant envisagée pour accélérer la migration des clients de l’ADSL vers la fibre dans les zones où cette dernière est désormais présente.
« Les offres ADSL constituent sur le marché de l’internet un pivot tarifaire qui limite la capacité des fournisseurs d’accès à internet d’augmenter les tarifs sur la fibre. Dès lors, toute hausse de leur prix affecterait l’ensemble des offres internet, quelle que soit la technologie », s’inquiète l’association.
LEILA MARCHAND