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Référendum kurde : Erbil appelle au dialogue, Bagdad pose un ultimatum

Les Kurdes du nord de l’Irak ont voté oui à l’indépendance, a annoncé mardi le président de la région autonome, au lendemain du référendum d’autodétermination jugé illégal par Bagdad.

Par  (Bagdad, envoyée spéciale) et  (Erbil, correspondance)

Publié le 27 septembre 2017 à 01h41, modifié le 27 septembre 2017 à 03h04

Temps de Lecture 4 min.

Scènes de liesse dans le Kurdistan irakien après le vote pour l’indépendance, le 25 septembre.

Les résultats du référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien qui s’est tenu lundi 25 septembre ne sont pas connus. Mais à Erbil comme ailleurs dans la région autonome et dans les zones contrôlées au-delà les forces kurdes, un résultat positif est considéré comme acquis.

Peu importe les chiffres définitifs qui sanctionneront l’issue de ce référendum organisé à la hâte, sans base légale solide et plus proche d’une consultation populaire informelle que d’un scrutin officiel, le président de la région autonome du Kurdistan irakien Massoud Barzani l’a affirmé, le vote des habitants a ouvert une « ère nouvelle ».

Depuis son palais des hauteurs d’Erbil, M. Barzani a pris la parole mardi soir afin se féliciter les électeurs du Kurdistan pour leur participation au vote. Sans formellement proclamer la victoire, ni produire d’annonce significative, il a repris dans cette allocution courte prononcée devant les deux drapeaux du Kurdistan et de l’Irak, les éléments du discours porté par son camp depuis le début de la campagne référendaire.

Oppression et violence

M. Barzani a ainsi résumé l’histoire des Kurdes en Irak à une succession d’épisodes d’oppression et de violence tout en accusant Bagdad de n’avoir pas respecté ses engagements constitutionnels vis-à-vis d’un Kurdistan qu’il souhaite voir entrer dans une relation de « bon voisinage » avec l’Irak.

« Nous allons faire face à des difficultés mais nous les surmonterons », a dit M. Barzani en promettant toutefois aux habitants de la région kurde un « avenir meilleur ». Rien pourtant n’a été précisé concernant les prochaines étapes qui devront mener à l’indépendance, ni sur les modalités dans lesquelles l’état auquel le référendum de lundi doit aboutir sera fondé pas plus que sur la délimitation du territoire qui lui reviendra d’administrer.

Le président du Kurdistan irakien a par ailleurs dénoncé les pressions internationales qui se sont accumulées en opposition à l’initiative kurde mais n’a pas répondu aux annonces de sanctions émanant de Bagdad qui ne reconnaît pas légalité du référendum sur l’indépendance. M. Barzani s’est contenté d’un vague appel « au dialogue » et à la « résolution des problèmes » par la « négociation », une posture irénique en décalage avec l’état d’esprit qui prévaut dans la capitale irakienne.

Ultimatum

Plutôt qu’une main tendue, c’est un ultimatum qu’a lancé le gouvernement irakien au chef kurde. Le cabinet du premier ministre Haïder Al-Abadi a donné, mardi en fin d’après-midi, soixante-douze heures à Erbil pour restituer aux autorités fédérales le contrôle de tous les postes-frontière et des aéroports de la région autonome. La menace a été brandie d’interdire les liaisons aériennes vers les deux aéroports d’Erbil et de Souleymaniyé une fois ce délai écoulé.

La veille déjà, un signal avait été adressé à Massoud Barzani par le lancement d’exercices conjoints entre les forces irakienne et turque en Turquie, près du poste-frontière de Habour, qui est contrôlé côté irakien par les combattants kurdes pechmergas depuis 1991. Ces exercices scellent le rapprochement opéré entre Bagdad et Ankara contre le référendum d’indépendance kurde, moins d’un an après une passe d’armes particulièrement acerbe entre M. Abadi et le président turc Recep Tayyip Erdogan au sujet de la présence de troupes turques dans le nord de l’Irak, à l’invitation d’Erbil.

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Excédé par la détermination du chef kurde à organiser ce référendum d’auto-détermination, en dépit des injonctions d’Ankara, M. Erdogan a adressé, mardi, des menaces non voilées au président Barzani en l’intimant de « mettre un terme à cette aventure qui ne peut avoir qu’une sombre fin ». « Tout cela sera terminé quand nous fermerons les robinets à pétrole, leurs revenus vont disparaître, et ils ne seront même plus capables de trouver de la nourriture quand nos camions cesseront d’aller dans le nord de l’Irak », a-t-il menacé.

L’Irak mesuré

Face à la virulence des avertissements adressés par le chef de l’Etat turc, la position affichée par le premier ministre irakien Abadi se veut encore mesurée. Lors d’une réunion avec les chefs des forces de sécurité irakiennes, mardi, M. Abadi a promis de veiller à « ne pas faire de tort ou de difficultés supplémentaires au peuple kurde » dans les mesures qu’il adopterait contre Erbil. Courtisant ses « frères kurdes (…) citoyens à part entière de l’Irak », il a rejeté la responsabilité de ces mesures de représailles sur les responsables kurdes et dénoncé des fraudes électorales dans le scrutin.

L’option militaire – votée la veille par le Parlement irakien qui a exigé l’envoi de troupes dans les zones disputées – a été écartée à ce stade par M. Abadi. Aux chefs des forces armées, il a indiqué que leur priorité demeurait la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). « N’importe quel conflit peut-être réglé constitutionnellement ou par l’arbitrage de la Cour suprême », a-t-il précisé, appelant Erbil à rendre au gouvernement fédéral le contrôle des territoires disputés jusqu’à ce qu’une solution constitutionnelle soit trouvée.

Mercredi, M. Abadi est annoncé au Parlement qui se réunira pour examiner le vote de nouvelles mesures de rétorsion contre le gouvernement autonome du Kurdistan irakien. Le premier ministre irakien devrait préciser et défendre sa stratégie face à des députés qui majoritairement, et ce jusqu’au sein même de son propre parti, l’intiment à adopter des mesures plus sévères contre les autorités kurdes.

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