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Ouzbékistan : une ouverture, mais avec certaines « lignes rouges »

Selon le politologue Rafael Sattarov, l’ouverture actuelle de l’Ouzbékistan ne cache pas un président au passé autoritaire et sans réelle idéologie.

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Le président ouzbek Chavkat Mirzioïev fait preuve d'ouverture, mais ne lâche pas les rênes pour autant.

Selon le politologue Rafael Sattarov, l’ouverture actuelle de l’Ouzbékistan ne cache pas un président au passé autoritaire et sans réelle idéologie.

Novastan reprend et traduit ici une interview parue sur CABAR.asia.

Dans cette interview de CABAR.asia, Rafael Sattarov, politologue indépendant ouzbek, revient sur l’évolution de la politique intérieure et extérieure de l’Ouzbékistan. Pour le chercheur, le président ouzbek Chavkat Mirzioïev, en poste depuis décembre 2016 et acteur d’une ouverture du pays, n’est pas un révolutionnaire.

« Il reste un dirigeant autoritaire classique mais il semblerait que sa vision du monde soit colorée d’une teinte de modèle de modernisation autoritaire s’inspirant de plusieurs pays d’Asie orientale ou d’Asie du Sud-est », estime Rafael Sattarov.

CABAR.asia : Les problèmes de politique monétaire et le climat peu propice aux affaires de l’Ouzbékistan ne sont pas des sujets nouveaux dans les médias ou auprès des experts. Dans ce contexte, des informations récentes attestent de l’achèvement d’un premier tour de négociations entre l’Ouzbékistan et le FMI portant sur la réforme de la politique monétaire du pays. L’Union européenne fait quant à elle une proposition à l’Ouzbékistan : ranimer les négociations sur l’entrée du pays dans l’OMC en échange d’investissements. Étant donné les réalités intérieures du pays, ne pensez-vous pas que l’Ouzbékistan se précipite en voulant s’engager très rapidement sur la voie de l’ouverture ?

Rafael Sattarov : Je ne pense pas. L’Ouzbékistan doit avancer rapidement, nous avons attendu trop longtemps les bras croisés et on a vu le résultat : le pays est resté coincé en phase de transition, il ne s’est pas suffisamment intégré au monde contemporain alors que la corruption, le népotisme et les conglomérats économiques ont fermé la porte aux technologies de pointe.

Il est impossible de préserver la stabilité sur une longue période quand les revenus de la population et le PIB diminuent. De plus, le pays prend du retard pour ce qui est des nouvelles technologies, aussi je suis partisan des réformes rapides, surtout économiques, sans quoi le pays verra des possibilités lui passer sous le nez. Être timoré ne mènera le pays qu’à s’embourber dans une spirale qui précipitera sa chute.

Lire aussi sur Novastan : L’Ouzbékistan s’ouvre aux capitaux étrangers en libéralisant sa monnaie, le soum

D’ailleurs, les réalités nationales laissent à penser qu’il ne faut pas perdre de temps, que ce soit pour la libéralisation de l’économie ou la construction d’une société ouverte. Cependant, il ne faut pas non plus voir Chavkat Mirzioïev comme en Gorbatchev ouzbek (responsable de la perestroïka sous l’URSS, une politique d’ouverture, ndlr). Mais, si toute la cohorte présidentielle se compose de modèles actualisés des Yakovlev et de Chevardnadze conscients de l’existence d’une fameuse « ligne rouge », chacun d’entre eux sait que les problèmes se sont accumulés à un tel point que les changements dans le pays, aussi infime soient-ils, sont nécessaires. Chacun d’entre eux sait qu’il faut agir efficacement sans s’attarder sur les « réalités uniques » légendaires du pays.

En mai 2017, les nouvelles autorités ont métamorphosé le ministère du Travail et le ministère de l’Emploi et des activités professionnelles. De plus, un projet de loi sur la « migration de travailleurs » est en cours d’examen. Pensez vous que ces mesures ne sont que des . . .

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