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En Indonésie, une province sous l’emprise de la charia

Aceh, à la pointe nord-ouest de l’île de Sumatra, est la seule région d’Asie du Sud-Est, avec le sultanat de Brunei, à vivre sous le régime de la loi coranique.

Par  (Banda Aceh (Indonésie), envoyé spécial)

Publié le 27 septembre 2017 à 06h00, modifié le 27 septembre 2017 à 06h31

Temps de Lecture 8 min.

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Une jeune femme reçoit des coups de canne en rotin sur le parvis d’une mosquée de Banda Aceh, le 1er août 2016.

C’est un drôle de pays, un coin d’Indonésie où les amourettes se vivent cachés, en toute discrétion. S’ils veulent un peu d’intimité, quelques chastes étreintes, les couples doivent s’éloigner du centre de Banda Aceh, la capitale, et rejoindre le littoral rocheux.

Là, face à l’océan Indien, ils peuvent espérer un moment de tranquillité. A condition d’échapper à la Wilayatul Hisbah (WH), la police du vice et de la vertu, toujours prompte à traquer le baiser volé et la caresse furtive… Le khalwat, le « délit de promiscuité », est l’une des obsessions de cette milice religieuse chargée d’appliquer les dispositions de la charia, la loi islamique.

Depuis le début des années 2000, la province indonésienne d’Aceh, à la pointe nord de Sumatra, est la seule région d’Asie du Sud-Est, avec le sultanat de Brunei, à vivre ainsi sous le régime de la « loi de Dieu ».

Ici, la rigueur islamique régente la vie de tous, s’infiltrant dans les moindres détails du quotidien : interdiction de sortir après 22 heures pour les femmes non accompagnées ; obligation de présenter son certificat de mariage pour les couples dans les hôtels ; interdiction aux jeunes filles de s’asseoir à califourchon sur le tan-sad d’une moto ; et, bien entendu, pas de pantalons moulants pour ces dames. Et gare à ceux qui osent sortir du rang…

Les coups de canne, rituel immuable

Le 23 mai, deux homosexuels d’une vingtaine d’années ont reçu chacun 83 coups de rotin pour avoir entretenu des relations intimes. En mars, ils avaient été pris en flagrant délit, et au saut du lit, par les hommes d’une milice intégriste locale.

Les condamnations n’épargnent pas les hétérosexuels suspectés de contrevenir aux convenances islamiques : en octobre 2016, treize célibataires accusés d’« attouchements », d’« enlacements » et de « baisers » avaient été bastonnés en public. Selon Amnesty International, 108 personnes ont reçu de semblables punitions à Aceh en 2015. L’organisation Human Rights Watch en a comptabilisé 339 autres l’année suivante.

A chaque fois, la punition obéit à un rituel immuable, aux allures de châtiment médiéval : le bourreau – homme ou femme, car il doit être du même sexe que la personne condamnée – est encagoulé, vêtu d’un costume noir destiné à rendre la scène plus sinistre encore. Selon le dernier quanun (code de loi islamique), amendé en 2014, le nombre minimum de coups est de dix, le maximum de cent cinquante. Celui-ci châtie exclusivement les délits suivants : adultère, relations sexuelles hors mariage, homosexualité, paris illégaux et consommation d’alcool. Dans ces conditions, la vie quotidienne des habitants, en particulier des jeunes, est des plus insipides.

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