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Le Cameroun accusé d'avoir expulsé 100 000 réfugiés nigérians


Des réfugiés d'Assaga-Nigeria montrent leur production de poivrons rouges, le 28 février 2016. Le commerce en avait été interdit pendant des mois car les autorités estimaient que cela finançait Boko Haram. (VOA/Nicolas Pinault)
Des réfugiés d'Assaga-Nigeria montrent leur production de poivrons rouges, le 28 février 2016. Le commerce en avait été interdit pendant des mois car les autorités estimaient que cela finançait Boko Haram. (VOA/Nicolas Pinault)

Le Cameroun a expulsé de force près de 100.000 réfugiés nigérians fuyant les violences du groupe jihadiste Boko Haram, victimes d'actes de torture et d'agressions sexuelles de la part de l'armée camerounaise, selon un rapport accablant de Human Rights Watch (HRW) révélé mercredi.

"Quasiment 100.000 Nigérians ont été renvoyés de force dans leur pays depuis janvier 2015", dénonce l'ONG de défense des droits humains dans un rapport de 60 pages intitulé "Forcés à monter dans des camions comme des animaux".

"Les retours forcés opérés par le Cameroun violent le principe de non-refoulement, qui interdit le renvoi de réfugiés et de demandeurs d'asile vers des lieux où ils peuvent être persécutés", ajoute HRW.

Le nord-est du Nigeria, épicentre de l'insurrection jihadiste de Boko Haram, souffre d'une grave crise humanitaire après des années de conflit, qui a fait plus de 20.000 morts et 2,6 de déplacés.

Combats entre armée nigériane et insurgés, embuscades et attentats-suicides restent quotidiens dans cette région du lac Tchad désertique aux confins du Cameroun, du Tchad et du Niger.

En avril et mai, 13.000 réfugiés ont quitté Minawao, le seul camp officiel au Cameroun pour rejoindre Banki dans le nord-est du Nigeria. L'AFP a visité en juin cette localité où les humanitaires étaient dépassés par l'afflux de victimes du conflit.

Un agent de sécurité fouille une femme au camp de réfugiés de Minawao à Minawao, au Cameroun, le 15 mars 2016.
Un agent de sécurité fouille une femme au camp de réfugiés de Minawao à Minawao, au Cameroun, le 15 mars 2016.

Human Rights Watch accuse aussi l'armée camerounaise d'avoir "torturé, agressé et exploité sexuellement des demandeurs d'asile nigérians dans des régions frontalières reculées" et de les avoir empêché d'entrer en contact avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR).

Le HCR avait demandé l'an dernier aux pays voisins de ne renvoyer personne dans le nord-est du Nigeria "jusqu'à ce que la situation (...) se soit considérablement améliorée".

"La torture et les mauvais traitements infligés par l'armée camerounaise aux réfugiés et demandeurs d'asile nigérians semblent être motivés par une décision arbitraire visant à les punir pour les attaques menées par Boko Haram au Cameroun", a déclaré Gerry Simpson, chercheur à Human Rights Watch.

Le groupe mène également des attaques sanglantes dans l'extrême-nord du Cameroun, et les autorités de Yaoundé ont souvent accusé les jihadistes ou leurs complices d'infiltrer les flux de réfugiés nigérians.

D'autres réfugiés ont raconté à HRW que des enfants, "affaiblis après des mois ou des années passés dans les zones frontalières sans nourriture ni soins médicaux suffisants, étaient morts pendant ou immédiatement après le renvoi forcé" ou "séparés de leurs parents".

Environ 100.000 réfugiés nigérians ont été "officiellement répertoriés" sur le territoire camerounais mais des dizaines de milliers de personnes n'ont pu être enregistrées par le HCR et se trouvent sans protection, selon HRW.

Avec AFP

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