Les nouveaux riches et leurs mercenaires ont vaincu les anciens tenants du football plus humain et moins bling-bling. Tel doit être le constat qui doit prédominer dans l'Europe du football après la défaite du Bayern de Munich face au PSG lors de la deuxième journée du groupe B de Ligue des champions. Clairement pour ce match, ce n'était pour une fois pas les trois points que visaient les Parisiens. Ils visaient bien plus: ils voulaient faire comprendre à l'Europe du foot que leur projet, financé à coups de pétrodollars, plutôt gazodollars d'ailleurs à Doha, avait un sens. 400 millions d'euros de transfert pour Neymar et Mbappé avec Daniel Alves sans compter les primes et salaires somptuaires.
Tout cela, pour amuser le Prince Al-Thani et la galerie? Pas seulement. Le club du PSG est toujours sous le coup d'une enquête de l'UEFA pour son été bling-bling. L'instance européenne s'inquiète du respect du fair play financier par le club parisien au vu des sommes dépensés. Et avec Barcelone, le Bayern a été un des clubs ayant fait pression sur l'instance européenne afin qu'elle diligente une enquête fissa. Le président du Bayern Karl-Heinz Rummenigge s'est lâché dans un entretien à Sport Bild."Clairement, l'Allianz Arena (ndlr: le stade du Bayern) est plus important pour nous et nous préférons l'avoir" plutôt que d'avoir Neymar. Et il avait bien posé le problème avant le match: c'est un "nouveau né" qui affronte "un ancien club".
Une victoire politique
Tout l'état major du Bayern avait été mobilisé cet été pour critiquer la politique sportive qatarie. "Je suis convaincu qu'aucun joueur au monde ne vaut plus de 100 millions d'euros. Je ne voudrais dépenser cette somme pour personne, même si je disposais d'un tel montant. C'est tout simplement trop d'argent, à mon sens" avait taclé Uli Hoeness, président également du club bavarois.
Sur le terrain, le PSG a terrassé l'ogre bavarois grâce à ses recrues. Neymar a dribblé la défense pour que Daniel Alves marque dès la 2ème minute. Le PSG a alors subi complètement la rencontre face à des Allemands stériles et sans idée ni génie justement. Cavani d'une frappe lumineuse a porté le score à 2-0 en contre juste avant la mi temps. Et Neymar, forcément, a conclu le travail après un rush solitaire de Mbappé (3-0). Une véritable victoire politique qui crédibilise le projet parisien et risque de faire s'activer encore plus ses détracteurs en coulisse afin de l'aider à dérailler d'une manière ou d'une autre.
Une victoire au prix cher pour les supporters munichois ayant faits le déplacement, se plaignant du prix exorbitant du prix des places. "75 euros la place, nous ne sommes pas Neymar. Le prix des places doit rester raisonnable". Ces fans l'auront mauvaise: assister à une lourde défaite tout en contribuant à la politique bling-bling du PSG...
Pas de vengeance pour Ancelotti
Ce qu'il faut retenir de cette victoire n'est surtout pas la supériorité d'un soir du PSG. Mais plutôt la manière avec laquelle ils l'ont emporté. En étant totalement dominés, comme jamais en Ligue 1, avec un famélique 35% de possession de balle. Le club entraîné par Unai Emery a eu moins de tirs cadrés que son adversaire (5 contre 7) mais il s'est montré opportuniste pour l'emporter. Gagner alors que l'on est en-dessous de l'adversaire est la marque des grandes équipes. Le PSG a laissé le ballon au Bayern qui n'a pas su l'exploiter.
Pourtant dans l'équipe munichoise, le coach avait une revanche à prendre. Carlo Ancelotti, agacé par la gestion hasardeuse de son cas au Real, avait claqué la porte en 2013 pour rejoindre Paris, alors que les Qataris venaient d'arriver. Marco Verratti a ainsi reconnu cette semaine que le coach lui avait permis de devenir le milieu génial qu'il est aujourd'hui.
La revanche en décembre
Kingsley Coman, l'ailier international tricolore, un autre ancien du club parisien, entendait lui aussi montrer au PSG que le club avait fait une erreur en ne lui faisant pas confiance après sa formation. Robert Lewandowski, la star polonaise du Bayern, a dû également amèrement regretter sur la pelouse du Parc la gestion frileuse de ses dirigeants qui "n’ont jamais payé plus de 40 millions pour un joueur". "Dans le football international, c’est depuis longtemps une somme moyenne, et non plus une grosse somme", avait-il pesté récemment. Certes l'argent ne fait pas le bonheur. Mais dans le foot il aide très souvent à gagner des matchs. Et les supporters de la tribune Auteuil l'ont bien compris, déployant leur banderole: "Demain l'Europe sera rouge et bleue". Les Munichois peuvent encore se consoler en espérant inverser la tendance au match retour début décembre.