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La France recrée enfin des usines

Au premier semestre, les créations de sites ont été plus nombreuses que les fermetures. Une première depuis le début de la crise, en 2009.

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Publié le 28 septembre 2017 à 00h15, modifié le 28 septembre 2017 à 11h42

Temps de Lecture 3 min.

Dans une usine de la marque française Petit Bateau, à Troyes (Aube), le 6 avril.

Des nouilles chinoises 100 % made in Picardie ! A Charmes, un gros bourg de l’Aisne, les élus se frottent les mains. Pangniu Food, une jeune société chinoise, a décidé d’investir chez eux. Elle prévoit de fabriquer du tofu, du lait de soja, et d’autres produits à base de protéines végétales. La dirigeante, Madame Zhou, espère sortir les premières nouilles fraîches au premier trimestre de 2018. Elle doit commencer sous peu à embaucher des ouvriers, des chauffeurs de poids lourds et du personnel administratif. L’investissement de 2 millions d’euros devrait faire émerger 50 emplois en trois ans.

A Tergnier, une commune voisine, la société de conditionnement de cosmétiques Vabel, trop à l’étroit, est elle aussi sur le point de s’installer dans un nouveau site. A la clé, là encore, la création d’une cinquantaine d’emplois.

Deux bonnes raisons de sortir le champagne ? Bernard Bronchain, le président de la communauté d’agglomérations, refuse tout triomphalisme. Car ces deux futures usines ne sont pas des créations ex nihilo. Pangniu comme Vabel vont s’installer dans des locaux laissés vacants par Sodepack, une entreprise liquidée au printemps. Elle avait compté jusqu’à 120 personnes sur les deux sites, précise M. Bronchain.

« Les deux projets ne compensent donc pas totalement les emplois disparus, surtout si l’on tient compte des autres usines fermées ici ces dernières années : Nexans, NLMK, Atochem… » Mais au moins, l’espoir renaît dans cette région de longue tradition industrielle – le village de Saint-Gobain, berceau du groupe verrier, est tout près. « Depuis la crise, on n’avait que des fermetures, les friches se multipliaient. Là, ça ouvre », se réjouissent en chœur MM. Bronchain et Bruno Cocu, le maire de Charmes.

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Résurrection fragile

Le réveil industriel de Charmes est très représentatif de la situation française. Après la crise de 2009 et le plongeon de l’industrie, les faillites et les restructurations avaient provoqué des fermetures de sites en rafale dans tout l’Hexagone. En 2016, fermetures et ouvertures se sont équilibrées pour la première fois. L’année en cours marque une amélioration supplémentaire : après avoir détruit tant d’usines, la France en recrée enfin.

C’est ce que montrent les chiffres publiés jeudi 28 septembre par Trendeo. Au cours des huit premiers mois de 2017, quelque 87 annonces de créations de sites industriels ont été recensées par ce cabinet, et seulement 61 fermetures. Soit un solde net de 26 nouvelles usines.

Comme dans l’Aisne, ces mois positifs, les premiers depuis 2009, doivent être considérés avec prudence. La résurrection de la France industrielle demeure fragile. Pour l’heure, « le rétablissement tient avant tout à une baisse des fermetures d’usines », souligne David Cousquer, le gérant de Trendeo.

De mois en mois, l’horizon se dégage pour les entreprises françaises. La consommation reprend, les clients paient avec moins de retard, les taux d’intérêt restent modérés, les bénéfices progressent. Dans ces conditions, les faillites se font plus rares. Au cours des douze derniers mois, 55 104 entreprises ont déposé leur bilan ou ont été placées en sauvegarde, une baisse de 7 % en un an, selon Ellisphere.

Compétitivité problématique

Certes, des sites continuent à fermer. Caterpillar a encore annoncé, le 14 septembre, la délocalisation de son usine de boîtes de vitesse de Monchy-le-Preux (Pas-de-Calais) vers l’Irlande du Nord et le Brésil, supprimant au passage 70 postes. Mais la vague reflue de façon nette.

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Les ouvertures de nouvelles usines, elles, restent étales. L’embellie conjoncturelle incite certaines entreprises en essor à se lancer. Mais elle ne semble pas suffisante pour que les capacités de production existantes soient saturées et que les chefs d’entreprise investissent en masse dans des installations supplémentaires. Surtout dans l’Hexagone, dont la compétitivité demeure problématique aux yeux de bien des patrons.

« C’est vrai, on ne construit plus en France de grandes usines, de raffineries, etc., coûtant des centaines de millions d’euros, confirme Benoît Clocheret, le patron d’Artelia, une société d’ingénierie. En revanche, les projets à 10 ou 20 millions d’euros se multiplient, parfois pour réaménager des sites anciens. L’industrie n’est pas morte ! »

C’est ce qui se produit à Charmes, mais aussi en Bretagne et ailleurs. Ainsi, à Saint-Sauveur-des-Landes, près de Fougères (Ille-et-Vilaine), le vendéen Herige va investir 20 millions d’euros dans un site de fabrication de fenêtres. Il devrait employer jusqu’à 150 personnes.

En moyenne, les nouvelles usines françaises correspondent selon Trendeo à un investissement unitaire d’environ 10 millions d’euros, pour une cinquantaine d’emplois.

Au total, les usines qui sortent de terre aujourd’hui sont loin d’effacer des années de désindustrialisation : la France compte encore environ 570 usines de moins aujourd’hui qu’au déclenchement de la crise de 2008-2009. En termes d’emplois, les dégâts se révèlent encore plus importants, dans la mesure où les sites qui s’ouvrent comptent en général beaucoup moins de personnel que ceux qui ont été fermés.

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