Le « Washington Post » plagié sur l’Internet chinois
Un média partenaire du journal américain a repris son logo en intégrant des informations de l’agence de propagande des autorités chinoises.
Par Les Echos
Voilà une nouvelle illustration du savoir-faire chinois en terme de contrefaçon , mais aussi du rapport ambigu entre propagande et journalisme dans le pays. Ces derniers mois, un site d’information chinois baptisé « Sun News » a repris sans son autorisation le logo du grand quotidien américain « The Washington Post », dont il est partenaire, tout en diffusant des informations de l’organe de propagande de Pékin.
C’est le « Financial Times », média britannique, qui a découvert le pot aux roses et qui détaille les dessous de cette affaire de plagiat . Selon leurs informations, le site « Sun News », filiale de la société Sun Media Group, déténue par un couple de magnats de la presse hongkongais, a depuis janvier un accord avec le « Washington Post » l’autorisant à reprendre ses articles.
Embarras au « Washington Post »
Le problème, c’est que « Sun News » n’avait nullement le droit de reprendre la marque « The Washington Post » à son compte. Pis, la copie chinoise publiait aussi des articles de l’agence de presse du régime chinois Xinhua, régulièrement critiquée par l’ONG Reporters sans frontières, et les présentait comme des articles du « Washington Post ».
Selon le « Financial Times », la pratique durait depuis plusieurs mois. Un mélange des genres qui embarrasse le journal américain : « Sun News est un client du Washington Post News Service, qui leur permet de publier plusieurs articles du Washington Post. Cependant, notre accord ne leur permet pas d'utiliser notre marque comme ils l'ont fait », a déclaré Kris Coratti, porte-parole du journal américain, évoquant un simple « malentendu » sur les termes du contrat.
De son coté, « Sun News » dit avoir respecté ses engagements et précise que les seules remarques de son partenaire américain concernaient les signatures des journalistes. Le site a toutefois changé sa page d’accueil et ne reprend plus le logo du « Washington Post ».
Un pays fermé aux médias étrangers
Si l’incident du faux « Washington Post » semble terminé, l’épisode met en lumière la difficulté des médias occidentaux à s’implanter dans un pays où tous les médias sont rattachés aux services de propagande du Parti unique.
Mais la population chinoise, en particulier les habitants des grandes villes, est de plus en plus demandeuse d’informations issue de médias étrangers, auxquelles elle ne peut en théorie pas accéder, les sites d’informations occidentaux étant bloqués par le « Grand Firewall », le système de censure qui coupe l’Internet chinois du web mondial.
Le « Financial Times » rappelle d’ailleurs qu’il est l’un des rares médias occidentaux à disposer d’une version accessible en Chine, tout en précisant que les autorités locales ne se privent pas de censurer les articles qui ne leur conviennent pas.