Catalogne : plus de 90 blessés, "l'État de droit" respecté, selon Rajoy

La journée a été particulièrement chaotique en Catalogne, avec des heurts entre policiers et indépendantistes. Le Premier ministre a salué les forces de l'ordre.

Source AFP

Temps de lecture : 4 min

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Pendant toute la journée de dimanche, la police espagnole a redoublé ses efforts pour empêcher la tenue du référendum d'autodétermination de la Catalogne, interdit par la justice. Plus de 90 personnes ont été blessées alors que les forces de l'ordre utilisaient leurs matraques et des balles en caoutchouc. Lors d'une allocution télévisée en soirée, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est félicité de ce que «  l'État de droit restait en vigueur avec toute sa force  ». «  Aujourd'hui, il n'y a pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne  », a-t-il dit alors que le dépouillement avait commencé par endroits dans la région. Les forces de sécurité «  ont fait leur devoir  » en Catalogne et «  respecté le mandat de la justice  » qui avait interdit le référendum d'autodétermination organisé par les dirigeants séparatistes, a-t-il ajouté.

Dès l'heure d'ouverture des bureaux de vote, la police et les unités antiémeute de la garde civile étaient intervenues pour saisir les urnes dans des bureaux de vote à Barcelone et à Gérone, la ville du président indépendantiste Carles Puigdemont. À plusieurs reprises, les policiers casqués ont défoncé les portes des bureaux devant des militants qui entonnaient des chants indépendantistes lors de ce scrutin qui constitue, selon le quotidien El País, le «  plus grand défi  » de l'État espagnol depuis la mort de Franco en 1975. La sécession de la Catalogne, un des poumons économiques de l'Espagne pesant près de 19 % du PIB, 16 % de la population, aurait des conséquences incalculables.

Les affrontements ont fait au moins 92 blessés, dont deux graves, un homme de 70 ans victime d'un infarctus et un blessé à l'œil, selon les services de santé de la région. Douze policiers ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur, qui précise que certains ont essuyé des jets de pierre. À Barcelone, la police a chargé des centaines de manifestants qui lui barraient la route alors qu'elle emportait des urnes confisquées, et tiré des balles en caoutchouc, selon des témoins. La télévision régionale catalane TV3 a passé en boucle toute la journée les images d'affrontements entre policiers et manifestants à proximité des bureaux de vote, qui circulent aussi sur les réseaux sociaux.

Une «  violence injustifiée  » pour les responsables catalans

Carles Puigdemont a dénoncé une «  violence injustifiée  », tandis que le gouvernement répondait que lui et son équipe étaient «  seuls responsables  » des événements de la journée pour avoir convoqué ce référendum en dépit de l'interdiction de la Cour constitutionnelle. Au total 319 bureaux de vote qui devaient servir au référendum d'autodétermination interdit en Catalogne ont été fermés par les forces de l'ordre, selon le gouvernement régional, mais de nombreux Catalans ont malgré tout pu voter, ont constaté des journalistes de l'Agence France-Presse. L'exécutif catalan avait annoncé à la dernière minute dimanche matin la mise en place d'un système universel de recensement qui permettait de voter dans n'importe quel bureau de vote. Les électeurs ont parfois voté avec des bulletins de vote imprimés à la maison ou sans enveloppe, ont constaté les journalistes de l'Agence France-Presse.

«  Personne ne peut me voler mon vote et la satisfaction d'avoir voté, quoi qu'il arrive. J'ai même pleuré parce que cela fait des années que nous nous battons pour cela, et j'ai vu devant moi une femme de 90 ans qui votait en fauteuil roulant  », a raconté à l'AFP dans le petit village de Llado Pilar Lopez, 54 ans. Dans le quartier barcelonais de Nou Barris, Enrique Calvo, un retraité de 67 ans originaire d'une région voisine, lui n'a pas voté parce qu'il ne voulait pas donner de «  légitimité  » au scrutin. «  C'est mal géré, tant par le gouvernement catalan que par le gouvernement central de Madrid  », a-t-il dit.

Le Barça a joué à huis clos

Signe du caractère exceptionnel de la situation dans un pays passionné de football, le FC Barcelone a joué sans spectateurs dans l'après-midi. Il avait décidé de jouer à huis clos son match contre Las Palmas, la Ligue de football ayant refusé de reporter le match. L'enceinte, considérée comme la plus grande d'Europe avec 99 000 places, sonnait étonnamment creux à chaque accélération du capitaine et quintuple Ballon d'or Lionel Messi...

Ce scrutin interdit constitue, selon le quotidien El País, le «  plus grand défi  » de l'État espagnol depuis la mort de Franco en 1975. Une sécession de la Catalogne, une région de 7,5 millions d'habitants pesant 19 % du PIB du pays, serait un saut dans l'inconnu, comparable à celui du Brexit déclenché par un référendum en juin 2016. Les habitants de la région, où l'indépendantisme gagne du terrain depuis le début des années 2010, sont divisés presque de façon égale sur l'indépendance. Mais les Catalans souhaitent majoritairement, à plus de 80 %, un référendum d'autodétermination légal, selon les derniers sondages. Ni les poursuites judiciaires ni les arrestations ou perquisitions n'ont dissuadé Carles Puigdemont d'organiser ce scrutin qui, souligne Madrid, ne dispose ni de listes électorales en bonne et due forme, ni de commission électorale, ni de comptage des voix par un organisme impartial.

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Commentaires (43)

  • Filou60

    Guerre civile rampante en Catalogne/Espagne. L'Europe n'est pas épargnée non plus et la démocratie ne protège pas contre la fragmentation des nations. L'oisiveté (mère de tous les vices) résultat du chômage de masse n'arrange rien. Le gouvernement de Madrid ne s'est pas illustré par une grande finesse dans la gestion de cette crise annoncée de longue date. Encore un divorce probable qui risque de faire des dégâts. Les commentaires en France ne font pas la part belle à l'État de droit qui est objectivement du côté du gouvernement central. Les croisièristes devront trouver une autre escale pour déverser leurs hordes de passagers en claquettes et casquettes dès le printemps 2018.

  • librepenseuse

    D'après ce que j'ai appris, le mouvement d'indépendance catalan se développe à partir des grandes familles possédantes de catalogne. Désirent-elles se réserver les avantages financiers de leur position dominante économiquement ? Si oui, ce mouvement paraît plutot cadré vers une extrême-droite difficile à soutenir par nos gauches françaises. Mais Mélenchon est anti-européen et clame comme le FN : " la France d'abord ". Notre ancien " gauchiste " national revenu de longue date à la raison, Daniel Cohn-Bendit s'est déclaré très opposé à cette prétention catalane à l'indépendance et je suis bien de son avis.

  • triste époque

    D'indépendance.
    2 ego face à face.
    Rien de bon ne sortira de ces terribles événements qui vont être vus et revus à l'infini afin d'attiser haine et rancœur.