La Chine en guerre contre l'anonymat des internautes

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La Chine en guerre contre l'anonymat des internautes

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De jeunes Chinois dans un cybercafé à Pékin, en juin 2017.
De jeunes Chinois dans un cybercafé à Pékin, en juin 2017.
© AFP - Greg Baker

A partir de ce dimanche, les internautes chinois qui postent des commentaires et participent à des forums doivent révéler leur identité. Depuis le début de l'année, les autorités chinoises multiplient les mesures visant à censurer Internet.

Les espaces d'expression libre tendent à disparaître en Chine où les autorités ont décidé en août 2017 de bannir l'anonymat des internautes souhaitant laisser des commentaires ou participer à des forums. Les responsables de ces plateformes (réseaux sociaux, forums) ont l'obligation de vérifier l'identité de leurs usagers. La mesure entre en vigueur ce dimanche.

Par ailleurs, les plateformes chinoises sont tenues de supprimer tous les contenus allant "à l'encontre de la Constitution", offensants ou dommageables pour le pays. En clair : toute critique doit être bannie.

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Et lorsque des entreprises du Net n'appliquent pas les règles, les autorités n'hésitent pas à sévir. Ainsi, les trois grandes plateformes chinoises sont sous le coup d'une enquête depuis cet été pour ne pas avoir "rempli leurs obligations concernant la gestion des informations illégales postées par leurs utilisateurs". Des contenus jugés_"violents"_, "faux", "pornographiques" ou qui "mettent en péril la sécurité nationale et l'ordre public".

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Ces dernières mesures visent à parachever le contrôle de plus en plus strict d'Internet par les autorités. La Chine bloque déjà l'accès de ses citoyens aux réseaux sociaux occidentaux : Facebook, Twitter, Google… ainsi qu'à de nombreux sites d'information.

Cette "grande muraille électronique" était jusqu'ici facilement contournée grâce à l'utilisation des VPN, des réseaux privés virtuels, qui permettent de se connecter à un ordinateur relais servant de passerelle entre l'internaute et le site internet censuré.

Mais cet été, les autorités chinoises ont demandé et obtenu d'Apple le retrait de tous les logiciels VPN de son magasin d'applications. L'usage des VPN reste toutefois autorisé… à condition de demander une autorisation. Une mesure qui vise à ne pas pénaliser les entreprises étrangères, tout en dissuadant les particuliers.

Ces mesures tous azimuts pour censurer Internet se multiplient ces dernières semaines avant la tenue du congrès du Parti Communiste fin octobre. Depuis une semaine, la messagerie Whatsapp est dans le viseur des autorités car elle est de plus en plus utilisée par les dissidents. Whatsapp offre en effet un chiffrement des échanges entre utilisateurs. La messagerie a été totalement bloquée pendant un week-end et reste difficilement accessible.

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Dans la plupart des cas, les autorités chinoises réussissent à obtenir gain de cause et à faire plier les entreprises occidentales. Ces dernières acceptent de céder aux demandes de censure pour conserver leur accès au marché économique chinois.

Récemment, c'est la maison d'édition de la célèbre université de Cambridge qui a accepté de retirer plus de 300 articles en ligne de sa revue de sinologie. Les publications supprimées abordaient notamment des sujets jugés sensibles en Chine tels que le Tibet, les événement de la place Tiananmen, Taiwan ou encore le mouvement pro démocratique. L'université a rétabli les articles après une pétition soutenue par des personnalités académiques en Grande-Bretagne.

Des ONG s'inquiètent du non respect des libertés fondamentales en Chine. Selon Human Right Watch, Pékin sabote même les efforts de promotion des Droits de l'Homme au sein de l'ONU en "muselant les critiques" et "en limitant peu à peu l'accès des militants qui travaillent en Chine".