Un homme a ouvert le feu sur une foule venue assister à un concert en plein air, dimanche 1er octobre au soir (lundi matin en France) à Las Vegas, dans l’ouest des Etats-Unis, faisant au moins 58 morts et des centaines de blessés.
Les circonstances de cette fusillade restent floues et les motivations du tireur sont encore inconnues, mais le bilan en fait d’ores et déjà la fusillade la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis.
Que s’est-il passé ?
Plus de 22 000 personnes assistaient dimanche soir au festival de musique country Route 91 Harvest, en plein air. A la fin du concert, en plein milieu d’une chanson de Jason Aldean, un homme a soudain commencé à tirer des coups de feu d’une chambre située au 32e étage de l’hôtel-casino Mandalay Bay, situé sur Las Vegas Boulevard, près de la manifestation culturelle.
La police s’est alors déployée en nombre pour arrêter le suspect après que des témoins avaient fait état de coups de feu tirés de l’hôtel. Las Vegas Boulevard, l’une des plus grandes artères de la ville, a été fermé par la police pendant plusieurs heures.
Au moins 58 morts et des centaines de blessés
La fusillade a fait au moins 58 morts, et 527 blessés, selon un dernier bilan du shérif du comté, Joseph Lombardo. Un premier bilan faisait état de 20 morts et d’une centaine de blessés.
Toujours selon le shérif, plusieurs policiers présents au concert pourraient figurer parmi les morts, dont deux qui n’étaient pas en service. Ce dernier a également dit que dix fusils avaient été retrouvés dans la chambre louée par le tireur. Il a également demandé aux témoins de transmettre toute vidéo et toute information au FBI.
Le tueur retrouvé mort dans sa chambre
Le tireur s’est tué avant l’arrivée de la police, a fait savoir le shérif. Ce dernier avait auparavant dit que la police de Las Vegas l’avait « neutralisé », en faisant notamment exploser la porte de sa chambre d’hôtel.
« A ce stade », la police ne pense pas qu’il y ait d’autre tireur. L’individu repéré au 32e étage de l’hôtel Mandalay était un habitant de la ville, identifié comme étant Stephen Paddock, 64 ans, originaire de Mesquite, dans le Nevada. Il n’a pas d’antécédent connu de la police.
Chez Stephen Paddock, à Mesquite, à 120 kilomètres de Las Vegas, les enquêteurs ont retrouvé « plus de 18 armes à feu supplémentaires, des explosifs et plusieurs milliers de munitions, ainsi que des appareils électroniques que nous étudions en ce moment ».
Revendication de l’Etat islamique
L’agence Aamaq a revendiqué dans un premier communiqué l’attaque de Las Vegas avec sa phraséologie habituelle, évoquant « un soldat de l’EI qui a répondu aux appels à viser des citoyens des Etats de la coalition qui combat l’Etat islamique ». Elle s’est curieusement sentie obligée de préciser — chose inhabituelle — quelques minutes plus tard que « l’auteur de l’opération s’était converti à l’islam il y a quelques mois ».
Cependant, le shérif, ainsi que le FBI, ont fait savoir qu’il n’existait aucun lien avéré entre le tireur et l’EI. Le profil de Stephen Paddock ne correspond pas, a priori, au profil habituel des terroristes de l’organisation djihadiste. Ces derniers mois, l’EI a en outre revendiqué plusieurs attaques, sans que la police trouve aucun lien avéré avec les assaillants.
Jusqu’à ces deux dernières années, l’Etat islamique a toujours voulu renvoyer l’image d’une organisation qui ne revendique que les opérations qu’elle commet ou inspire, notamment par son agence de propagande Aamaq, qui avait à l’époque pris l’habitude de fournir des « preuves » (testaments, vidéos). Si beaucoup de revendications d’Aamaq ont été confirmées, ce n’est plus le cas depuis l’attaque de Nice, le 14 juillet 2016 — première action revendiquée par les djihadistes sans qu’ils apportent la moindre preuve pouvant corroborer leurs dires.
La compagne du tireur interrogée
La compagne du tueur, auparavant recherchée par la police, a été interrogée. Les autorités disent qu’elle n’est pas impliquée dans la fusillade.
La police continue à rechercher un véhicule Hyundai Tucson immatriculé dans le Nevada 114 B40.
Les enquêteurs n’ont pour l’heure avancé aucun motif de l’attaque. La police fédérale va être associée à l’enquête, ce qui est l’usage pour ce genre de fusillades, qui se produisent assez fréquemment aux Etats-Unis.
« On a pensé que c’étaient des pétards »
Des centaines de personnes ont évacué en courant le lieu du concert, à côté de l’hôtel-casino Mandalay, où était posté le tireur.
« Ça a commencé comme un bruit de verre brisé. On a regardé autour de nous pour savoir ce qui se passait. Quelques minutes plus tard, on a entendu “pop-pop-pop-pop”. On a pensé que c’étaient des feux d’artifice ou des pétards. Et puis, on a pris conscience que ce n’était pas ça, que c’étaient des coups de feu », a raconté une spectatrice à la chaîne CNN.
« Le chanteur, Jason Aldean, a été évacué de la scène quand les tirs ont commencé, a raconté Ivetta Saldana, présente sur place, au Las Vegas Review Journal. C’était l’horreur. Les gens étaient là, autour, et d’un coup, ils sont tombés au sol. »
« Je pense avoir entendu entre 100 et 130 coups de feu », a ainsi raconté Joe Pitzel, qui assistait au concert, à la chaîne d’information américaine CNN.
Facebook a activé son dispositif Safety Check, qui permet à tous ceux qui sont actuellement dans la ville de se déclarer en sécurité.
Les Etats-Unis ont connu de nombreuses fusillades au cours des vingt-cinq dernières années.
Supermarché Walmart à El Paso : 20 morts. Un tireur a semé la mort, le 3 août, dans un supermarché d’El Paso, au Texas, où il a tué 20 personnes venues faire leurs courses en ce premier jour de week-end, avant d’être interpellé. La fusillade, survenue en milieu de matinée aux abords d’un hypermarché Walmart prisée de la communauté hispanique, a également fait 26 blessés, dont certains dans un état critique. Selon la police, le tireur, un homme blanc de 21 ans, a laissé « un manifeste » qui indique « un lien possible avec un crime de haine ».
Borderline Bar and Grill à Thousand Oaks : 12 morts. Un homme a ouvert le feu, dans la soirée du 7 novembre 2018, dans un bar-discothèque bondé de cette ville du sud de la Californie, où se tenait une fête d’étudiants. Douze personnes, dont un policier, ont été tuées. Le tireur présumé, un ancien soldat de 28 ans, est mort à l’intérieur de l’établissement. Une dizaine de personnes ont aussi été blessées.
Synagogue à Pittsburgh : 11 morts. Un homme de 46 ans a ouvert le feu et tué onze personnes le 27 octobre 2018 dans une synagogue de la seconde ville de Pennsylvanie lors du début du chabbat, vers 10 heures. Six blessés, dont quatre policiers, sont également à déplorer. Connu pour son passé antisémite, l’homme a été arrêté et placé en garde à vue.
Lycée à Santa Fe : 10 morts. Un adolescent de 17 ans a tué, le 18 mai 2018, dix personnes dans un lycée de Santa Fe (Texas), avant de se rendre. Vêtu d’un long manteau noir cachant un fusil et un revolver, des armes appartenant à son père, il est entré dans une salle de classe vers 8 heures du matin et a ouvert le feu.
Lycée à Parkland : 17 morts. Le 14 février 2018, un tireur de 19 ans a ouvert le feu sur les élèves du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, au sud-est de la Floride, faisant au moins 17 morts. Le tireur, un ancien élève renvoyé de l’établissement pour des raisons disciplinaires, s’est rendu sans résistance à la police. Il était armé d’un fusil d’assaut de type AR-15 et avait de très nombreuses munitions.
Concert à Las Vegas : 58 morts. Le 1er octobre 2017, Stephen Paddock, 64 ans, ouvre le feu du 32e étage de l’hôtel Mandalay Bay, sur une foule en contrebas qui assistait à un concert de musique country à Las Vegas (Nevada, Ouest), faisant 58 morts et près de 500 blessés. L’organisation Etat islamique (EI) avait rapidement revendiqué la fusillade, la plus meurtrière de l’histoire américaine. Mais, selon la police américaine, aucun élément n’a à ce jour permis de relier le tireur, qui s’est suicidé, à l’organisation djihadiste.
Club gay à Orlando : 49 morts. Le 12 juin 2016, un Américain d’origine afghane, Omar Mateen, tue 49 personnes et en blesse une cinquantaine dans un club gay d’Orlando, en Floride, perpétrant le pire attentat aux Etats-Unis depuis ceux du 11 septembre 2001. Après trois heures de négociations, les forces de l’ordre donnent l’assaut, abattant l’assaillant. L’EI, auquel le terroriste avait fait allégeance, revendique la fusillade.
San Bernardino : 14 morts. Le 2 décembre 2015, un couple marié d’islamistes radicalisés d’origine pakistanaise ouvre le feu lors d’un déjeuner de Noël à San Bernardino, en Californie, faisant 14 morts et 22 blessés.
Bureaux de la marine à Washington : 12 morts. Le 16 septembre 2013, un homme, travaillant pour un sous-traitant du ministère de la défense, ouvre le feu dans des bureaux de la marine américaine, à Washington DC, tuant 12 personnes, avant d’être abattu par la police.
Ecole primaire de Sandy Hook : 27 morts. Le 14 décembre 2012, un jeune homme tue 27 personnes, dont 20 enfants de cours primaire, dans l’école de Sandy Hook à Newtown, dans le Connecticut, avant de se suicider.
Aurora : 12 morts. Le 20 juillet 2012, un jeune homme lourdement armé fait irruption dans un multiplexe d’Aurora, dans le Colorado, et ouvre le feu sur le public d’une séance de minuit de Batman, faisant 12 morts et 70 blessés. L’auteur de la tuerie, James Holmes, a été condamné en août 2015 à la prison à perpétuité sans possibilité de libération.
Fort Hood : 13 morts. Le 5 novembre 2009, un psychiatre militaire d’origine palestinienne déclenche la plus grave fusillade sur une base militaire américaine, tuant 13 personnes et en blessant 32 à Fort Hood, au Texas, avant d’être blessé et maîtrisé.
Centre d’accueil pour immigrés à Binghamton : 13 morts. Le 3 avril 2009, un homme d’origine vietnamienne tue 13 personnes dans un centre d’accueil pour immigrés à Binghamton, dans l’Etat de New York.
Virginia Tech : 32 morts. Le 16 avril 2007, un étudiant de 23 ans d’origine coréenne tue 32 personnes avant de se donner la mort sur le campus de l’université de Virginia Tech, à Blacksburg, en Virginie.
Columbine : 13 morts. Le 20 avril 1999, à Littleton, dans le Colorado, deux lycéens ouvrent le feu au lycée Columbine et tuent 13 élèves et un enseignant et blessent 24 autres personnes. Les deux tireurs se suicident sur les lieux du massacre.
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