Touché par deux balles le 15 mars 2012, Loïc Liber était laissé pour mort par Mohammed Merah

Touché par deux balles le 15 mars 2012, Loïc Liber était laissé pour mort par Mohamed Merah

BFMTV

Il a survécu aux tueries de Toulouse et Montauban. Mais cinq ans plus tard, Loïc Liber n'assistera pas au procès Merah qui s'ouvre ce lundi. Le jeune parachutiste qui doit fêter la semaine prochaine ses 33 ans interviendra en visioconférence depuis l'hôpital militaire où il est en convalescence. Mais c'est un écran noir qui s'affichera. "On pourra l'entendre mais pas le voir. Le président voulait qu'il vienne témoigner mais il n'en a pas la force, il n'est pas prêt à se montrer", souffle son avocate Laure Berges-Kuntz.

Publicité

Le 15 mars 2012, Mohammed Merah l'a laissé pour mort devant un distributeur de billets de Montauban. Les deux balles qui ont traversé son corps l'ont rendu tétraplégique. Le caporal-chef Liber est depuis cloué dans un fauteuil roulant.

"Son rêve s'est arrêté en plein vol"

"Des gestes simples comme ouvrir les yeux ou parler le fatiguent beaucoup. Se déplacer lui demande un effort, confie son ami Eric. Sa tétraplégie est un combat quotidien. Il fait preuve d'un courage extraordinaire." Sa santé reste fragile et certains jours, le moral vacille. "Ce n'est pas évident d'être alité et de savoir que je ne pourrai plus bouger. Je suis totalement dépendant des autres. Psychologiquement, c'est difficile. Chaque jour est différent", confie le caporal-chef au Parisien.

"Il a besoin de comprendre comment et pourquoi sa vie et celle de sa famille a basculé", avance son avocate. Devenir "para" était son rêve. Il avait tout quitté, sa famille et son île, la Guadeloupe, pour intégrer cette unité d'exception. "Son rêve s'est arrêté en plein vol. Il n'était même pas en mission sur un terrain de guerre quand il a été touché mais dans une ville française, en pleine pause déjeuner", rappelle son conseil.

Ses parents se relaient à son chevet

Des faits, le militaire n'a que peu de souvenirs. Une amnésie post-traumatique l'a d'abord empêché de se rappeler la scène qui dure moins d'une minute. Puis un détail est revenu en visionnant les images tournées par Mohammed Merah sur sa GoPro. Le jeune homme se revoit sortir du régiment avec Abel Chennouf et Mohamed Legouad. Afin de s'acheter à manger, ils se dirigent vers un distributeur. Là, Loïc Liber arrange son ceinturon. Et puis, plus rien. A son réveil, il apprend que ses deux frères d'armes n'ont pas survécu.

Les militaires sont une famille. Malgré les mois et les années qui passent, ils continuent d'entourer Loïc, même si parfois les visites se font plus espacées. Ses parents, surtout, constituent son véritable pilier. Ils s'arrangent pour venir le voir à tour de rôle tous les deux mois. Mais ces allers-retours entre leur Guadeloupe et la métropole ont un coût, que la pension d'invalidité militaire de Loïc ne peut pas couvrir. "Ce sont des gens très discrets et dignes mais aujourd'hui ils ont besoin qu'on les aide financièrement pour pouvoir continuer à être aux côtés de Loïc", estime maître Bergès-Kuntz dans un appel aux pouvoirs publics.

"Voir que l'on ne m'oublie pas"

Autour de Loïc Liber, une véritable chaîne de solidarité s'est organisée pour "égayer et embellir sa vie". Lettres, dons, cadeaux lui parviennent dans sa chambre d'hôpital. "Loïc est très attentif à ce genre de messages auxquels il peut se raccrocher. Il ne veut pas être plaint, juste soutenu", explique son ami Eric, à l'origine de cette mobilisation.

Sur un fond noir qui ne laisse résonner que sa voix, Loïc Liber confirme: "Ça me fait chaud au coeur de voir que l'on ne m'oublie pas." Le jeune homme prononce ces quelques mots sur une page de soutien qui lui est dédiée sur Facebook, Ensemble pour Loïc. "C'est lui le vrai héros, estime son ami. Le plus dur serait, comme tant de blessés, qu'il tombe dans l'oubli."

Publicité