La tuerie à Las Vegas a été commise par un sexagénaire accro aux jeux (SYNTHÈSE)

Christophe Lamfalussy
La tuerie à Las Vegas a été commise par un sexagénaire accro aux jeux (SYNTHÈSE)
©AFP

Il est 22h08 quand les premiers claquements d’arme automatique se font entendre. Ce dimanche à Las Vegas est le dernier jour du festival Route 91 Harvest. Jason Aldean est en clôture. Dans la foule, les premiers cris sont poussés : "On tire !", "Mettez-vous à terre !", "Restez couchés !". Le chanteur country s’enfuit par les coulisses, la guitare à la main. Une nouvelle série de tirs. Il y a près de 22 000 spectateurs. La fuite affolée dans les rues avoisinantes, les hôtels, les casinos. Le réconfort aux blessés. Le choc.

Du haut de sa chambre, au 32e étage de l’hôtel Mandalay Bay qui surplombe la scène et ses spectateurs, Stephen Paddock, un homme de 64 ans, se tire une balle dans la tête avant l’arrivée des policiers. Il vient de tuer au moins 58 personnes et blessé plus de 500 autres, dans la pire tuerie de l’histoire des États-Unis depuis la seconde guerre mondiale.

Un arsenal dans la chambre

Dans sa chambre, les équipes SWAT (Special Weapons And Tactics) de la police de Las Vegas découvrent un véritable arsenal : au moins dix armes. Ils ignorent tout de ce sexagénaire qui est domicilié à 130 km au nord est de Vegas, dans la bourgade de Mesquite devenue en quelques années un dortoir pour le troisième âge, agrémenté de golfs et de casinos. Mais ils apprennent que l’individu est arrivé à l’hôtel le 28 septembre, à la veille du premier jour du festival.

En bas, les ambulances se succèdent rapidement pour amener les blessés les plus graves vers les hôpitaux de la région. “Un miracle”, dira plus tard Donald Trump, en félicitant les secouristes. Dans le ciel, le trafic aérien a été interrompu afin de reconfigurer les approches des avions qui passaient normalement au-dessus du Strip de Las Vegas.

Tout avait été prévu, sauf un tireur posté en hauteur

Tout avait été prévu pour assurer la sécurité des spectateurs, parmi lesquels les plus jeunes – les enfants de six ans et moins – avaient droit à une entrée gratuite. Les organisateurs avaient interdit les drones, les couteaux, les sacs trop larges, les feux d’artifice, les canettes, les rasoirs, les chaînes. Mais ils n’avaient pas prévu qu’un tueur tirerait du haut d’un des nombreux hôtels qui bordent les boulevards de la ville du jeu.

Alertés par les bulletins spéciaux, des habitants viennent apporter de l’eau à la foule. La police locale invite les volontaires à donner leur sang dans une clinique spécialisée dans les soins aux travailleurs pour éviter d’engorger les hôpitaux.

Un joueur invétéré, fils d’un braqueur de banques

Et d’emblée l’Amérique s’interroge. Qui est ce Stephen Paddock, ce blanc surarmé, dont la photo, les yeux fermés, fait le tour des réseaux sociaux ?

"Il n’a aucune expérience militaire", répond son frère Eric, qui vit à Orlando en Floride. "C’est un gars qui vivait dans une maison à Mesquite, partait en voiture pour aller jouer à Vegas ou y voir des shows. Il faisait des choses normales, comme manger des burritos".

Il y a deux ans, cet adepte du poker vidéo avait fui "l’humidité" de la Floride pour prendre ses quartiers à Mesquite, d’où il pouvait rejoindre Vegas facilement. C’était un joueur invétéré qui avait montré un jour à l’une de ses voisines une photo de lui empochant dans un casino la somme de vingt mille dollars. À Mesquite, il avait acheté une villa dans l'un de ces quartiers qui bordent le désert.

Selon NBC, l’assassin disposait d’une licence de pilotage, possédait deux avions et un permis de chasse en Alaska. Son père, Benjamin Hoskins Paddock, avait figuré dans les années 60 dans la liste des personnes les plus recherchées par le FBI pour des attaques à main armée contre les banques. Le FBI le considérait à l’époque comme "psychopathe, avec des tendances suicidaires et très dangereux". Il avait été capturé en 1978 et était décédé en 1998.

Amaq, l’agence de propagande proche de l’État islamique, a affirmé lundi que Paddock avait opéré au nom de Daech et s’était converti à l‘islam récemment. Mais Daech n’a offert aucune preuve, ni vidéo, pour étayer ses dires, tandis que l’antenne du FBI à Las Vegas a réfuté tout lien avec un groupe terroriste international. Le président Trump a annoncé qu’il se rendrait mercredi dans la ville, mais d’ici là le FBI et la police locale doivent tenir plusieurs points de presse. Les enquêteurs espèrent pouvoir interroger rapidement la compagne de Paddock, qui était à l'étranger au moment des faits.

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