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Mourad Merzouki: «Le hip-hop a réussi son passage de la rue à la scène»

Le hip-hop a fait son chemin: vrai langage, vraie position d'auteur, spectacles engagés ou de divertissements, qui savent rencontrer un vaste public. Mourad Merzouki

À Bron et à Créteil, le chorégraphe français extrêmement présent sur les scènes du monde, lance trois mois de hip-hop avec deux festivals, Karavel et Kalypso. L'occasion pour ce défricheur du genre de tendre la main à la nouvelle génération.

Quarante-deux compagnies, trente six lieux, quatre-vingt-onze représentations et trois mois de hip-hop. Ainsi en a voulu Mourad Merzouki, second chorégraphe d'obédience hip-hop, à avoir obtenu la direction d'un centre chorégraphique national. «J'aide quelques artistes à présenter leur travail et à répéter», dit-il.

Élevé à Saint Priest, dans les faubourgs de Lyon, il a fait sa place dans la rue, se battant comme un lion pour avoir une demi-heure de répétition en studio ou quelques instants sur une vraie scène. «Aujourd'hui, à Bron comme à Créteil, nous accompagnons énormément de compagnies. En mettant à leur disposition des studios, en leur donnant de la visibilité et en leur offrant un apport financier qui vient à la fois de la subvention et des recettes de mes spectacles. On a reçu 250 dossiers et programmé 42 compagnies, dont six pour la première fois».

« Nous accompagnons énormément de compagnies. On a reçu 250 dossiers et programmé 42 compagnies, dont six pour la première fois »

Mourad Merzouki
«Dis, à quoi tu danses?». Patrick Berger/Patrick Berger

Mourad Merzouki a tout visionné lui-même. Il se dit surpris des propositions signées par ces artistes. Le hip-hop a fait son chemin: vrai langage, vraie position d'auteur, spectacles engagés ou de divertissements, qui savent rencontrer un vaste public. Certains dansent comme on manifeste, pour soutenir une proposition radicalement frontale. D'autres travaillent avec raffinement sur l'écriture, la scénographie, la musique. «Le hip-hop a réussi son passage de la rue à la scène», dit Merzouki. Ainsi la compagnie Mazel Fretin, dont les fondateurs se sont formés dans les battles. «Ils proposent une pièce sur le toucher et le contact, alors que le hip-hop s'est construit comme une danse en solo et frontale: le rapport au corps a évolué et cela joue sur l'écriture chorégraphique», dit Merzouki.

Trois créations pour 2018

Dans sa sélection, il fait la part belle aux compagnies françaises mais garde un programme international. Au cours des tournées avec sa compagnie Kafig, l'une des plus «achetées» à l'étranger, il rencontre des danseurs et chorégraphes de la même esthétique. Ils viennent du Brésil, de Colombie, du Danemark. En France, le hip-hop est partout.

Les trente-six théâtres des onze départements associés aux festivals Karavel et Kalypso ont eux aussi leurs compagnies de prédilection. Aujourd'hui les carrières vont plus vite. «Regardez la compagnie Diptyque, des Stéphanois qu'on a vu naître. On leur a prêté des studios. Ils sont aujourd'hui artistes à la maison de la Danse de Lyon. Ils ont mis quatre ans, là où il nous en a fallu dix. Mais je me reconnais dans leur envie d'en vouloir toujours plus», dit Merzouki.

«Boomerang». Fabrice Hernandez

Se confronter à l'écriture de ces jeunes pousses, et à ce prodigieux élan du hip-hop, donne des ailes à Merzouki. Le chorégraphe annonce trois créations pour 2018. Coup d'envoi pour l'ouverture des Nuits de Fourvières; avec 30 danseurs et 8 musiciens, il va célébrer les vertiges de la tarentelle. Suite à Montpellier Danse où, avec Kader Attou, il chorégraphie une pièce pour des danseurs marocains sur de la musique arabo andalouse. La troisième création de 2018 est destinée à la Biennale de la Danse de Lyon et travaille sur la danse verticale à l'aide de mats chinois et de cordes en collaboration avec des circassiens et les danseurs de la compagnie Retouramont. Trois créations entre juin et septembre, cela fait beaucoup: «Je me suis tellement battu à mes débuts pour avoir un studio ou une salle que j'ai du mal à dire non. Je suis devenu boulimique!», s'esclaffe-t-il.

Karavel à Broin du 6 octobre au 5 novembre, tél: 04 72 14 63 40

Kalypso à Créteil du 3 novembre au 22 décembre. Tél.: 01 71 33 03 35

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2 commentaires
  • $$$$

    le

    Contribuables ; Regardez où va votre argent (la paix sociale a un prix et il est ... très élevé !)

  • djimmy93

    le

    largement mais très largement subventionné, forcément çà aide.

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