
ESPAGNE - Elle est devenue l'une des symboles de la répression policière en Catalogne lors du référendum sur l'indépendance de la région dimanche 1er octobre. Marta Torrecillas fait partie des 900 manifestants -selon l'exécutif séparatiste catalan- blessés par les forces de l'ordre, pour lesquels la région se mobilise à travers des manifestations monstres mardi 3 octobre.
Prise au milieu des tensions entre forces de l'ordre et électeurs dans l'un des bureaux de vote, Marta Torrecillas a été filmée en train de se faire violemment expulser par la police.
Elle tentait de protéger les personnes âgées et les enfants devant la force avec laquelle les autorités évacuaient l'Institut Pau Claris dans le quartier d'Eixample de Barcelone, comme elle l'a raconté quelques instants après dans un message vocal laissé à la mère d'un ami.
"Écoute, je défendais les personnes âgées et les enfants parce qu'ils les frappaient, ils m'ont attrapée, m'ont brisé les doigts un par un, m'ont traînée au milieu des escaliers avec les vêtements relevés, m'ont touché les seins et ont ri, puis m'ont frappée. Raconte le à tout le monde, ils m'ont brisé les doigts un par un, j'ai vraiment mal, vraiment, vraiment mal", l'entend-on dire au téléphone, dans un enregistrement obtenu par La Vanguardia.
Quelques heures après les faits, certains médias espagnols ont commencé à douter de la version de la jeune femme, en s'appuyant sur l'enregistrement vidéo. "A aucun moment, on ne voit le policier toucher ses seins ou en rire. Mais le plus curieux de tout, c'est que l'agent attrape la main droite de la victime alors qu'elle apparaît plus tard avec la main gauche bandée", écrit par exemple El Mundo.
Invitée sur le plateau de la chaîne espagnole TV3 le lendemain, la jeune femme de 33 ans a voulu préciser les faits. "A ce moment-là, j'ai été très blessée et je disais qu'on m'avait cassé les doigts parce que c'est la première chose qui vous arrive quand vous êtes dans cette situation", explique-t-elle avant de révéler souffrir en réalité d'une "inflammation" à l'un de ses doigts, appelée "capsulite": "vos doigts restent raides et vous ne pouvez pas les déplacer. C'est ce qu'ils m'ont fait."
Un témoignage qui fait quelque peu écho à certaines images mensongères partagées sur les réseaux sociaux à l'occasion du référendum. Les décodeurs du Monde prennent l'exemple de plusieurs vidéos ou photos chocs datant de 2012 ou 2011 manipulées et partagées pour montrer les violents affrontements du dimanche 1er octobre.
Quoiqu'il en soit, les Catalans sont dans la rue mardi 3 octobre pour protester contre les "vraies" violences policières constatées lors du référendum. Elles ont fait près de 900 blessés, dont 33 policiers.