Au Togo, la mobilisation contre le régime de Faure Gnassingbé ne faiblit pas. Après les grandes manifestations d’août et de septembre, des milliers de Togolais ont une nouvelle fois répondu à l’appel d’une coalition de quatorze partis d’opposition, à Lomé et en province, mercredi 4 octobre et jeudi 5 octobre, pour exiger des réformes constitutionnelles. Comme lors des précédentes marches, l’Internet mobile était coupé dans le pays, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les détracteurs du chef de l’Etat entendaient notamment dénoncer « les répressions sauvages » des manifestations précédentes qui ont fait au moins quatre morts et des dizaines de blessés en un mois dans le Nord, région considérée jusqu’à récemment comme acquise au pouvoir. Mercredi, des milliers de personnes ont manifesté dans certaines villes du Nord comme Bafilo et Sokodé, où des jeunes occupaient en début d’après-midi la route nationale 1 – unique axe nord-sud du pays –, refusant de se disperser, selon des témoignages d’habitants.
Dans les rues de la capitale, les rassemblements ont débuté mercredi en fin de matinée sur trois itinéraires convergeant vers le bord de mer, où les leaders de l’opposition avaient prévu de tenir un meeting. « Nous allons maintenir la pression », a déclaré durant la marche Jean-Pierre Fabre, le président du principal parti d’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). « Nous exigeons le retour à la Constitution de 1992, avec les conséquences qui en découlent », a-t-il dit à l’AFP, faisant allusion au départ du président Gnassingbé.
Un référendum d’ici à la fin de l’année
La journée de jeudi a été plus tendue : « Les manifestants ont barré la route depuis Gakpoto jusqu’au collège Saint-Joseph avec des barricades de pierres et autres qui empêchent les gens de circuler », a déclaré à l’AFP Aimé Adi, directeur d’Amnesty International au Togo. Dans le quartier Atikoumé à Lomé, des jeunes en colère refusaient de suivre l’itinéraire prévu par les leaders de l’opposition et affirmaient vouloir bloquer les voies.
Le retour à la Constitution de 1992, qui prévoit un maximum de deux mandats présidentiels, est l’une des principales revendications de l’opposition depuis plus de dix ans.
Début septembre, le gouvernement avait tenté un geste d’apaisement en soumettant au vote du Parlement un projet de réforme constitutionnelle prévoyant aussi la limitation à deux mandats présidentiels mais sans effet rétroactif, ouvrant la voie au président actuel à un nouveau mandat en 2020, voire en 2025. L’opposition a donc boycotté le vote à l’Assemblée et, faute d’avoir obtenu les quatre cinquièmes des suffrages des députés requis pour son adoption, la réforme devra faire l’objet d’un référendum « d’ici à la fin de l’année », selon une source proche de la présidence.
Le chef de l’Etat, qui effectue son troisième mandat, a succédé avec le soutien de l’armée à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, décédé en 2005 après avoir dirigé le pays d’une main de fer durant trente-huit ans. Il a été réélu à deux reprises, en 2010 et en 2015, lors de scrutins très contestés par l’opposition.
« Je ne suis pas fatigué et je ne serai jamais fatigué tant que la lutte n’est pas terminée, a expliqué jeudi à l’AFP Elie Zikla, un jeune conducteur de moto-taxi. Même s’il faut marcher tous les jours, je serai dans la rue ! »
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