De plus en plus de touristes se prennent en photo avec des animaux sauvages, une tendance qui met notamment en danger des espèces de la forêt amazonienne, alertent des militants écologistes dans un rapport paru en octobre 2017. L'ONG World Animal Protection indique une augmentation de 292 % du nombre de selfies avec des animaux sauvages publiés sur Instagram depuis 2014. 40 % sont des clichés où le touriste interagit de manière inappropriée avec l'animal.
"S’ils connaissaient la vérité, ils sortiraient du cadrage de cette horrible photo"
Selon l'association, nombre de ces selfies sont en fait des mises en scène avec des animaux capturés et traités avec cruauté pour des poses avec des touristes qui ignorent tout de ces méfaits. À l'abri des regards, les paresseux, éléphants, caïmans, tigres et autres sont arrachés à leur mère. Dans un communiqué, l'ONG ajoute que ces animaux sont battus "jusqu’à ce qu’ils soient assez dociles" et maintenus secrètement en captivité. Par exemple, les paresseux, qui dans la nature mènent une vie léthargique, sont sur les sites touristiques continuellement entouré de gens, sans possibilité de s'évader. Cela "leur cause un stress inimaginable", indique l'ONG. "Quand on les retire de leur arbre, on les condamne à une mort quasi certaine", ajoute-t-elle.
"S’ils [les touristes] connaissaient la vérité, ils sortiraient du cadrage de cette horrible photo", semble convaincu World Animal Protection. En outre, selon le rapport, 35 % des sites touristiques qui offrent un contact direct avec les animaux et qui laissent les touristes les tenir pendant une photo, utilisent de la nourriture pour les attirer. Cette attitude "pourrait avoir un impact négatif à long terme sur leur organisme et sur leur comportement".
Ces photos sont illégales !
Roberto Cabral, responsable de l'Agence brésilienne de l'environnement (Ibama), a rappelé à l'AFP que maintenir des animaux en captivité pour qu'ils puissent être pris en photo avec des touristes était illégal. Même s'il considère ce problème "minime" par rapport au braconnage et au trafic d'animaux, M. Cabral reconnaît que la pratique est courante au Brésil. "L'ironie, c'est que le touriste qui se prend en photo avec un animal est en général une personne qui aime les animaux, mais ne se rend pas compte qu'il contribue à leur maltraitance", déplore-t-il.
L'ONG demande aux gouvernements de réagir et de faire appliquer les lois qui protègent ces animaux. Par ailleurs, les réseaux sociaux sont également appelés à réagir. "Instagram n'inclut pas, pour l'instant, de règles concernant la cruauté ou le bien-être animal dans son encadrement communautaire. Nous pensons qu'il est temps que cela change", déclare l'ONG dans son rapport.
World Animal Protection a développé le "Code du selfie de voyage". Elle explique que lors d'un "mauvais selfie", le touriste est autorisé à toucher, tenir l'animal et que celui-ci peut être attiré avec de la nourriture. Le "bon selfie" est fait loin de l'animal en question qui évolue dans son milieu naturel et qui n'entre jamais en contact avec le touriste. Pour soutenir cette idée, l'ONG invite les internautes à signer ce code de bonne conduite.