Accéder au contenu principal
IRAN

Iran : des gardes-forestiers abattent l’ours qu’ils devaient protéger

Cet ours était, selon la version officielle des gardes-forestiers iraniens de la province du Golestan, mort de maladie. Une vidéo amateur a révélé qu'il avait en fait été tué par ces derniers.
Cet ours était, selon la version officielle des gardes-forestiers iraniens de la province du Golestan, mort de maladie. Une vidéo amateur a révélé qu'il avait en fait été tué par ces derniers.
Publicité

La mort d’un ours, officiellement décédé de maladie à Terjenli, un village du nord-est de l’Iran, a fait la une des médias au mois de septembre dernier. Mais le 2 octobre, des images amateur ont montré l’envers du décor : l’animal a en réalité été tué par des gardes-forestiers, qui voulaient l’empêcher de s’approcher d’un village. Les images ont provoqué la colère des internautes iraniens, dans un pays ou l'ours brun  est une espèce menacée.

Le 5 septembre dernier, les gardes-forestiers de la province du Golestan, dans le nord-est de l’Iran, ont annoncé qu’un "ours malade", qui avait attaqué quelques jours auparavant un villageois, était décédé dans une clinique vétérinaire. Deux jours plus tard, les médias locaux annonçaient que l’animal avait été incinéré pour éviter que son cadavre, porteur de la rage, ne soit vecteur de virus dangereux.

La réalité est tout autre : début octobre, une photo amateur diffusée anonymement sur Telegram et relayée par des journalistes iraniens a levé le voile sur ce qu’il s’était vraiment passé.

Sur l'image, l'ours en question, censé être décédé de "maladie" selon les gardes-forestiers, est en fait visible avec des seringues tranquillisantes plantées dans son corps.

"Les garde-forestiers ont essayé de cacher le fait qu’ils avaient tué l’ours"

Notre Observatrice Shima (pseudonyme) est une activiste iranienne spécialiste de l’écologie. Elle nous explique comment le "scandale de l’ours "a surgi :

Dans un premier temps, en septembre, des photos sont sorties montrant l’ours avec dans le corps ce qui ressemble à des seringues tranquillisantes. En fait, il était mort à ce moment-là.

Il a pu décéder du fait de l’incompétence des gardes-forestiers qui n’ont pas respecté les régles strictes concernant un animal qui a reçu un tranquillisant. Il n’y a pas de vétérinaire dans la région, donc les gardes-forestiers en ont appelé un pour savoir quelle était la dose non létale à respecter pour tranquilliser un animal, car ils n’ont pas les connaissances pour appliquer ces procédures. Et nous pensons que l’ours a pu mourir soit d’une overdose, soit parce qu’il a été touché à un endroit mortel. Par ailleurs, l’ours aurait dû être transporté dans une clinique et ça n’a pas été fait.

Quand ces premières images sont sorties, les gardes-forestiers ont essayé de cacher ce qu’ils avaient fait en affirmant que l’ours avait la rage. Pourtant, plusieurs médias ont assuré que cet ours semblait en parfaite santé, se basant sur ses analyses de sang pour le prouver.

"Les rangers, censés protéger l’animal, l’ont frappé avec leurs bâtons"

Le 1er octobre, une nouvelle vidéo diffusée par une journaliste a précisé encore davantage ce qu’il s’était passé.

Notre Observatrice décrypte les images :

En plus d’avoir mal tiré leurs balles tranquillisantes, les rangers n’ont pas laissé assez de temps pour que le produit fasse son effet. Un homme qui se trouvait avec les rangers lors de l’opération a alors approché brusquement l’ours, qui a été mis dans une situation de stress intense et qui a donc attaqué le villageois. Cet homme est en fait un membre du conseil local du village de Terjenli et c’est quelqu’un qui se plaignait souvent de la présence de cet ours aux alentours du village, et qui voulait qu’il soit chassé de sa périphérie.

L’homme étant attaqué, les gardes-forestiers, censés protéger l’animal, l’ont frappé avec leurs bâtons et lui ont donné des coups de pied. Sur la vidéo, on entend même quelqu’un utiliser son arme, sans voir s’il tire sur l’ours ou en l’air.

Finalement, l’ours est mort, mais on ne sait pas exactement si c’est d’overdose, des coups qu’il a reçus, ou d’autre chose. Mais ce qui est clair, c’est qu’il a été tué par l’intervention de ces rangers.

Un léopard et un chevreuil déjà "victimes" des mêmes gardes-forestiers

Selon notre Observatrice, ce n’est pas la première fois qu’un tel incident se produit : ces gardes-forestiers n’en sont pas à leur premier fiasco.

L’année dernière, ces rangers avaient essayé de venir en aide à un chevreuil qui était tombé dans une mine. Ils ont essayé de l’attacher à une corde pour le faire sortir du trou, mais ils l’ont en fait étranglé...

Le cas le plus célèbre reste celui de "Hirkan ", un léopard perse [ou léopard du Caucase, une des espèces de léopard dans la liste des espèces menacées, NDLR] qui a été trouvé dans la région en 2014, alors qu’il était un bébé et a été élevé dans un centre. En 2016, les autorités locales ont décidé de le relâcher dans la réserve nationale du Golestan, mais l’animal n’a survécu que 35 jours.

Pourtant, pendant 9 mois, les gardes-forestiers ont continué à faire bouger manuellement son GPS pour faire croire que l’animal était toujours vivant. Si à l’époque, ils avaient licencié ces gardes-forestiers, le bébé ours serait peut-être toujours vivant. Bizarrement, aucun d’entre eux n’a été interrogé ou sanctionné, le seul à démissionner après cet incident a été le directeur du département de l’Environnement de la région. Si à l’époque, ils avaient licencié ces gardes-forestiers, l’ours serait peut-être toujours vivant.

Alerté après la diffusion des photos et vidéos montrant les circonstances de la mort de l’ours, le directeur du département de l’Environnement actuel, Isa Kalantari, a annoncé le 2 octobre l’ouverture d’une enquête et affirmé que les coupables seraient poursuivis.

Au Moyen-Orient, les ours bruns, aussi connus sous le nom "d’Ours brun de Syrie" sont une sous-espèce rare d’ours brun qui vivrait entre l’Iran, la Turquie, la Syrie et Israël. Aucune statistique n’existe mais la plupart de ces pays considèrent que cet animal est en voie d’extinction. En Iran, l’espèce est considérée "en danger".

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.