Capture d'écran du documentaire "Retour à Anticythère", qui retrace l'expédition scientifique visant à explorer la fameuse épave grecque.

Capture d'écran du documentaire "Retour à Anticythère", qui retrace l'expédition scientifique visant à explorer la fameuse épave grecque.

Youtube/Anticythère/Brett Seymour/EUA/ARGO

L'épave d'Anticythère pourrait abriter de nombreux trésors antiques. Et probablement quelques statues grecque en bronze, inestimables, âgées de 2100 ans. Ce sont les conclusions d'une équipe d'archéologues du ministère de la Culture grecque et de l'Université suédoise de Lund, qui se sont armés de détecteurs de métaux pour explorer l'épave sous-marine, quelque part à 50 mètres sous la mer au large de l'île d'Anticythère, du 4 au 20 septembre.

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Leur épopée scientifique les a menés à la découverte de plusieurs vestiges, cachés sous des rochers d'une zone du site encore inexplorée. Parmi eux, le couvercle d'un sarcophage, un mystérieux disque de bronze orné d'un taureau gravé, et un bras à taille humaine ayant appartenu, jadis, à une statue en bronze, rapporte The Guardian. Une expédition détaillée dans Retour à Anticythère, un documentaire de 10 min:

Plus excitant encore, les plongeurs ont découvert, grâce à leurs détecteurs, une immense cache à métaux enterrée et qui contiendrait "au moins sept statues", selon Alexandros Sotiriou, l'un des plongeurs, interrogé par le Guardian.

Pourquoi "au moins sept"? Parce les pêcheurs d'éponges qui ont découvert l'épave en 1900-1901 avaient déjà récupéré les membres orphelins d'au moins six statues différentes. Le dernier bras retrouvé par les archéologues appartient à une septième statue. La fameuse cache pourrait donc abriter les sept "corps" amputés.

"Retour à Anticythère" retraçant l'expédition archéologique sous-marine de la fameuse épave grecque.

Capture d'écran du documentaire "Retour à Anticythère" retraçant l'expédition archéologique sous-marine de la fameuse épave grecque.

© / Youtube/Anticythère/Brett Seymour/EUA/ARGO

Si ces statues étaient récupérées, ce serait une découverte "inestimable", affirment les chercheurs. Et pour cause, les statues de bronze sont très rares. Il en existe probablement moins de 200 dans le monde, même en comptant celles ayant un corps sans tête, ou une tête sans corps.

Une rareté qui s'explique par le fait que bronze était, dans l'antiquité et jusqu'au moyen-âge, un métal très précieux. Les statues de bronze, et plus généralement les objets en bronze, étaient souvent fondus et réutilisés. C'est la raison pour laquelle la plupart des statues qui ont survécu à cette intense industrie de recyclage ont été retrouvées en mer, dans des épaves.

L'une des 200 "survivantes", l'Éphèbe d'Anticythère, a d'ailleurs été récupérée sur l'épave en 1901 avant d'être assemblée, au complet, l'année d'après.

"Ce sera comme ouvrir la tombe de Toutânkhamon

La renommée de l'épave, une galère romaine datée de 1er siècle avant J.-C, s'est faite grâce à la découverte d'un mystérieux mécanisme de bronze comprenant des dizaines de roues dentées. Baptisé "Machine d'Anticythère", cet objet est considéré comme étant le premier "ordinateur analogique" permettant de calculer des positions astronomiques, mais aussi le plus vieux mécanisme à engrenages connu.

Machine d'Anticythère

Le fragment principal de la machine d'Anticythère, appelée également mécanisme d'Anticythère.

© / Wikicommons

L'une des pièces remontée à la surface en septembre dernier par l'équipe d'archéologues ressemble d'ailleurs étrangement à la machine d'Anthicythère. Ce disque de bronze possède quatre branches au bout desquelles des trous à vis sont présents:

"Retour à Anticythère" retraçant l'expédition archéologique sous-marine de la fameuse épave grecque.

Capture d'écran du documentaire "Retour à Anticythère" retraçant l'expédition archéologique sous-marine de la fameuse épave grecque.

© / Youtube/Anticythère/Brett Seymour/EUA/ARGO

L'équipe de scientifiques a d'abord pensé que c'était une des pièces de la machine et qu'elle pourrait aider à mieux comprendre son fonctionnement. Mais les scanners réalisés sur la pièce n'ont révélé aucun mécanisme, aucune roue dentée, seulement l'image d'un taureau, que l'on peut voir sur cette image "reconstruite" ci-dessous.

"Retour à Anticythère" retraçant l'expédition archéologique sous-marine de la fameuse épave grecque.

Capture d'écran du documentaire "Retour à Anticythère" retraçant l'expédition archéologique sous-marine de la fameuse épave grecque.

© / Youtube/Anticythère/Brett Seymour/EUA/ARGO

Cette pièce pourrait donc être, simplement, un élément décoratif de la machine d'Anticythère, peut-être un couvercle pour protéger le mécanisme.

La prochaine plongée est prévue pour mai 2018. Les plongeurs tenteront évidemment de dégager la cache de métal. Mais le travail promet d'être titanesque, puisqu'elle se trouve sous terre, en partie bloquée par des rochers. Les archéologues iront aussi explorer la cale du navire, où "le reste du chargement devrait se trouver, espère Brendan Foley, un chercheur de l'Université de Lund, interrogé par Nature. Ce sera comme ouvrir le tombeau de Toutânkhamon".

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