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Catalogne : pourquoi l’Union européenne refuse d’intervenir

Si les dirigeants européens s’activent en coulisses, Bruxelles ne veut ni ouvrir la boîte de Pandore des revendications régionales ni empiéter sur la souveraineté de l’Espagne.

Par  (Bruxelles, bureau européen)

Publié le 06 octobre 2017 à 18h56, modifié le 07 octobre 2017 à 14h49

Temps de Lecture 3 min.

Le drapeau catalan devant le Parlement européen, à Strasbourg.

L’Union européenne (UE) campe sur ses positions. Pas question d’intervenir ou de proposer quelque médiation que ce soit en Espagne, malgré les appels répétés des médias, des Verts et de l’extrême gauche européenne en faveur d’une telle démarche. « Il s’agit d’une affaire intérieure à l’Espagne », a encore répété un porte-parole de la Commission européenne, vendredi 6 octobre.

Pourquoi une telle rigidité, alors que la Commission est si prompte à se mêler des affaires intérieures dans d’autres pays de l’Union ? Elle accuse par exemple la Pologne d’avoir violé l’Etat de droit avec des projets de réformes mettant fin à l’indépendance de ses juges. Et son droit de regard dans les budgets des pays membres alimente depuis des années le « Bruxelles bashing »…

Les dirigeants européens ont conscience de la gravité de la crise catalane et des risques de déstabilisation de l’un des principaux pays membres de l’UE. Et ils s’activent en coulisses. Mais pas question d’assumer publiquement un rôle d’intermédiaire. « Il faudrait d’abord que Madrid réclame une telle médiation, et ce n’est pas le cas », expliquent plusieurs diplomates à Bruxelles. « Aucun des trois principaux partis du Parlement européen, lors du débat sur la Catalogne [du 4 octobre], n’a demandé de médiation, ni aucune des institutions communautaires », ajoute une source officielle espagnole.

« Vous imaginez Sarkozy accepter une médiation de Juncker [le président de la Commission] dans une crise avec la Corse ? C’est impensable », réagit l’eurodéputé (LR) Alain Lamassoure. « Pas question de proposer nos services à Rajoy [président du gouvernement espagnol], cela l’affaiblirait et on donnerait raison à Puigdemont [président de la Généralité de Catalogne] », ajoute ce bon connaisseur de la question basque pour avoir été député des Pyrénées-Atlantiques dans les années 1980 et 1990.

Boîte de Pandore

Les institutions européennes, fondées par des Etats-nations au sortir de la seconde guerre mondiale, ne veulent surtout pas fragiliser un Etat membre souverain. « Le fonctionnement de l’Union repose sur l’unité et la stabilité de ses Etats membres. Les Européens souhaitent éviter les violences policières et veulent l’instauration d’un dialogue entre Madrid et Barcelone, mais ils ne peuvent absolument pas aller au-delà », souligne un autre diplomate bruxellois. « Je ne vois pas de raison de justifier une ingérence dans les affaires espagnoles : l’Etat de droit n’y a pas été violé, il n’y a pas eu de discriminations juridiques par exemple », analyse cet expert des arcanes communautaires.

Les images des violences policières ont certes pu choquer dans le nord de l’Europe. « Ça nous a fait penser à des méthodes soviétiques », soulignait ces derniers jours le diplomate d’une capitale scandinave. Mais il n’est pas question, pour autant, de légitimer une velléité d’indépendance, de peur d’ouvrir la boîte de Pandore des revendications régionales. Le pari des dirigeants européens, c’est qu’à force de recevoir des messages lui signifiant son isolement, M. Puigdemont va renoncer à une déclaration unilatérale d’indépendance.

Symptôme de l’absence de soutiens des séparatistes catalans : même la Suisse, dont les agences de presse indiquaient pourtant, vendredi dans la matinée, qu’elle était prête à une médiation entre Madrid et Barcelone, est sur la ligne européenne. « Une facilitation ne peut se faire que si les deux parties le demandent. La Suisse est en contact avec les deux parties mais les conditions pour une facilitation ne sont en ce moment pas réunies », explique au Monde Raphaël Saborit, le porte-parole de la représentation suisse auprès de l’UE.

Et si M. Puigdemont déclarait unilatéralement l’indépendance de la Catalogne ? « Il ne se passerait probablement rien au niveau européen », assure Jean-Claude Piris, ex-directeur juridique du Conseil européen. « Je n’imagine pas un Etat membre reconnaissant une indépendance de la Catalogne née en violation de l’Etat de droit espagnol », ajoute ce juriste très consulté à Bruxelles.

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