Une centaine de djihadistes européens, dont des Belges, seront jugés en Irak

Jawad al-Chlaihawi, ambassadeur d'Irak en Belgique: "Il y a eu des dommages collatéraux provoqués par des avions belges."

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Par Daniel Fontaine

Le groupe terroriste État Islamique sera éliminé d'Irak d'ici un mois ou deux. C'est l'estimation de l'ambassadeur d'Irak en Belgique. Jawad al-Chlaihawi explique aussi qu'une centaine de djihadistes européens, dont des Belges, vont être jugés sur place. Nous l'avons rencontré :

- Jawad al-Chlaihawi: "Nous avons capturé beaucoup de terroristes d'Asie centrale, russes ou tchétchènes, mais aussi une centaine d'Européens dont des Belges. Ils seront jugés en Irak. La plupart d'entre eux encourent la peine de mort. Mais il y a aussi leurs familles, leurs épouses, leurs enfants. Environ 14000 membre des familles sont détenus dans un centre près de Mossoul, parce qu'ils ont été interpellés au moment de la bataille de Mossoul."

- Qu'allez-vous faire de ces femmes et ces enfants?

- Jawad al-Chlaihawi: "Certains pays d'origine ne veulent pas les recevoir. La France par exemple n'accepte que le rapatriement des enfants pour des considérations humanitaires. Mais pour les femmes adultes, ils nous disent: faites ce que vous voulez avec eux, selon la loi irakienne. Avec la Belgique, nous coopérons avec tous les services concernés: ministère des Migrations, Affaires étrangères, services secrets... Mais on n'a pas demandé à la Belgique de reprendre des terroristes. On n'en est pas à ce stade. Nous coopérons pour identifier les personnes et déterminer leur parcours."

- La Belgique participe à la coalition qui mène des frappes aériennes contre le groupe État islamique en Irak. Avez-vous des informations sur des bavures dont des civils auraient été victimes?

- Jawad al-Chlaihawi: "Il y a eu des bavures, des dommages collatéraux provoqués par des avions belges. Mais cela n'est pas arrivé au stade de provoquer des problèmes politiques ou juridiques entre les deux pays. Ce n'est pas prouvé que ce sont des avions belges qui ont provoqué les dommages collatéraux et tué des civils. Sincèrement, ce n'est pas une question d’État."

Annuler le résultat du référendum kurde

- Le gouvernement irakien impose à la Région autonome du Kurdistan des sanctions, suite au référendum d'autodétermination du 25 septembre. Une médiation internationale pourrait-elle aider à renouer un dialogue?

- Jawad al-Chlaihawi: "Nous préférons ne pas avoir de médiation pour le moment. Ce référendum est un crime à l'égard de la loi irakienne. Nous ne pouvons pas engager un dialogue avec des gens qui ont commis ce délit à l'égard de l'unité et de la souveraineté du pays. Mais un dialogue s'imposera lorsque le président kurde Massoud Barzani révoquera le résultat et le déclarera nul et non-avenu. Comme si ce référendum n'avait pas existé. Après, nous sommes bien évidemment ouverts au dialogue."

- L'Irak n'a-t-il pas déjà perdu depuis 2004 sa souveraineté sur la Région autonome du Kurdistan, qui gère seule son territoire?

- Jawad al-Chlaihawi: "La région du Kurdistan jouit d'une parfaite autonomie, d'une quasi indépendance. On se demande parfois si nous sommes dans une situation de fédéralisme ou de confédéralisme. Par exemple, l'armée irakienne ne pourrait pas pénétrer dans le territoire du Kurdistan sans arrangement préalable. Nous avons été surpris par ce référendum, alors que le pays est en plein engagement militaire contre Daesh (le groupe État islamique). L'autodétermination du peuple kurde a déjà été décidée lors l'élaboration de la constitution en 2004, selon leur volonté."

- Cette tension politique se répercute-t-elle dans l'engagement des peshmergas, les combattants kurdes, dans la lutte commune avec l'armée irakienne contre le groupe Etat islamique?

- Jawad al-Chlaihawi: "Jusqu’à présent, non. Cela montre la sagesse de la direction politique en Irak. La collaboration entre les deux corps d'armée est aujourd'hui atténuée, parce que Mossoul a été libérée. La ville d'Hawija vient aussi d'être libérée. On va reprendre encore l'Ouest de l'Irak, où il n'y a pas lieu de faire intervenir les Peshmergas. Leur rôle est presque terminé dans cette guerre. Il n'y a plus de combats dans la région frontalière du Kurdistan. Mais leur participation illustre bien la possibilité de coopérer. C'est une partie de l'Irak!"

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