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Comment Goscinny est devenu le Walt Disney français

À travers une exposition ludique et interactive, La Cinémathèque Française rend hommage au cinéaste confirmé mais méconnu qu'était René Goscinny. Au point d'être surnommé le Walt Disney français. A la fin de sa vie, il avait créé un studio d'animation qui deviendra un modèle du genre. 

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Goscinny et Uderzo dans les Studios Idéfix en 1967. - 1

Goscinny et Uderzo dans les Studios Idéfix en 1967

Crédit : Fonds d’archives Institut René Goscinny © Droits réservés

"Mon père était un fou de cinéma, il écrivait ses bande dessinées comme on prépare un film", raconte Anne Goscinny lors du vernissage de l'exposition "Goscinny et le cinéma" qui a ouvert ses portes cette semaine à la Cinémathèque Française. Une entrée festive et ludique qui "nous paraissait indispensable", avance Costa-Gavras, le président de cette institution qui a souhaité rendre hommage à deux grands arts de la culture populaire, le cinéma et la bande dessinée. 

René Goscinny a passé son enfance à Buenos Aires, dans les années 30, arpentant avec un appétit sans fin les salles de cinéma de son quartier. Le cinéma était au centre de la vie de chacun. Il découvre les Marx Brothers, Buster Keaton, Laurel et Hardy et dévore absolument tous les westerns. "Quand des westerns passaient à la télévision, tout s'arrêtait", raconte sa fille qui a subi par ailleurs dès son plus jeune âge la projection de Mon Oncle de Jacques Tati. Elle ne rit pas, mais observe amusée son père rire non-stop pendant toute la séance. À son tour, elle reproduit ce rituel auprès de ses jeunes enfants et se fait la promesse de réitérer l'expérience avec ses petits enfants. Si l'année 2017 marque le 40e anniversaire de la mort de René Goscinny, c'est au final "véritablement une fête offerte à mon père", observe, soulagée, Anne Goscinny qui a ouvert en grand ses coffres au trésor pour que cette exposition ait lieu.

Un rêve et un défi

"Notre argent, nous pouvions l'investir dans l'immobilier. Nous avons préféré l'insécurité: le dessin animé". C'est sur cette devise que s'ouvre la cinquième section de cette exposition, consacrée à l'aventure des studios Idéfix. En 1973, René Goscinny, Albert Uderzo et leur éditeur Georges Dargaud s'associent pour créer leur propre studio d'animation. Entourée d'anciens collaborateurs du réalisateur pionnier de l'animation en France Paul Grimault et de jeunes animateurs, l'équipe s'installe à Paris. "Les studios Idéfix étaient à la fois un rêve et un défi", raconte Pierre Lambert, commissaire associé pour la séquence des Studios Idéfix. Ce grand collectionneur et spécialiste de Walt Disney est entré par la petite porte au sein de ce studio d'animation, au cours d'un stage estival de deux mois effectué en 1977. Il a ainsi pu observer l'effervescence qui régnait au sein de ce studio qui a permis de relancer la filière du cinéma d'animation en France.

De 1974 à 1978, Idéfix a produit Les Douze travaux d'Astérix co-réalisé par Goscinny et Uderzo et La Ballade des Dalton, sur un scénario original de Pierre Tchernia, Morris et René Goscinny. Avec ce studio, l'objectif de René Goscinny est de faire du dessin animé de qualité. Et il s'en donne le temps et les moyens. Il engage des artistes expérimentés, mais aussi des talents émergents de l'animation. L'énergie est contagieuse dans ces bureaux qui comptent une cinquantaine de salariés. Régulièrement, des amis de la maison comme Pierre Tchernia, Micheline Dax ou encore Roger Carel viennent rendre visite à Goscinny qui ne manque pas de passer chaque semaine, tout comme son collaborateur Albert Uderzo. Il écrit deux scénario originaux, spécialement conçus pour le cinéma, "avec un rythme différent", raconte Pierre Lambert. Ce qui explique l'incroyable succès que rencontre Les Douze travaux d'Astérix, à la fois en Allemagne et en France. Très vite, Idéfix devient le premier studio d'animation en Europe et pour l'anecdote, c'est Goscinny lui-même qui enverra son directeur de production Serge Caillet réclamer auprès de la chambre de commerce de Paris la création d'un département animation, qui deviendra célèbre par la suite avec la très réputée Ecole des Gobelins. La disparition brutale de Goscinny survenue le 5 novembre 1977 entraînera quelques mois plus tard la fermeture définitive des Studios Idéfix, qui "ne pouvaient pas perdurer sans son esprit". Un esprit qui pourrait se résumer ainsi: "Mes maîtres à penser sont plutôt Laurel et Hardy que Kant et Spinosa". 

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