Paroles tour à tour humiliantes ou culpabilisantes, consultations catastrophiques, accouchements ratés, épisiotomie sans consentement… Depuis quelques mois, la parole se libère autour des maltraitances gynécologiques et obstétricales dont de nombreuses femmes, de tous âges et de tous milieux sociaux, racontent avoir été victimes.

Les récits de ces expériences traumatisantes se sont d’ailleurs récemment multipliés dans la presse, sur les blogs… Le 5 octobre, l’ouvrage choc de la documentariste Mélanie Déchalotte, « Le livre noir de la gynécologie » (éd.First), est venu enfoncer le clou en compilant des dizaines de témoignages relatifs à ce tabou, longtemps resté enfermé derrière les murs des cabinets médicaux et des hôpitaux.

Prise au sérieux par le gouvernement, la problématique a même suscité la commande d'un rapport sur le sujet dont le compte rendu est attendu en mars 2018, a récemment annoncé la secrétaire d’État chargée de l'égalité Femmes-Hommes, Marlène Schiappa.

"Nous accompagnons les femmes, toutes les femmes, dans leur parcours de santé"

Jusque là silencieuse face à ces accusations, la profession a décidé de réagir. Ce lundi 9 octobre, la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM) a en effet souhaité, par le biais d’un communiqué officiel, faire entendre la voix de ces professionnels sévèrement mis en cause.

« En tant que médecins au service des femmes (liés par le serment d’Hippocrate), les gynécologues souhaitent contester publiquement toutes les attaques actuelles dont nous sommes la cible », peut-on ainsi lire en préambule.

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« Lors de nos années d’activité, nous accompagnons les femmes, toutes les femmes, des plus jeunes au plus âgées, dans leur parcours de santé mais le plus souvent de vie. Les femmes se sont mobilisées, grâce au Comité de Défense de la Gynécologie Médicale (CDGM), par millions elles ont signé des pétitions pour le retour de la gynécologie médicale dans notre pays. La spécialité de gynécologie médicale est donc bien présente, à tel point que les femmes se plaignent de son absence dans certaines régions. »

Des "contre-vérités" qui "altèrent la confiance" patients-soignants

Déplorant qu’ « un certain nombre de contre-vérités diffusées altèrent la confiance et le bien être de nos patientes », les soignants ont par ailleurs tenu à clarifier certains points :

« Non, nous n’examinons pas les jeunes patientes pour une simple demande de contraception – sauf si celle-ci fait part d’une plainte ou d’une pathologie, précisent les écrits.

Non, nous ne posons pas de stérilet de façon sauvage. Nous expliquons à notre patiente le déroulement de l’acte. Nous programmons si besoin des médicaments pour une mise en place plus facile.

Non, nous ne prescrivons pas la pilule à toutes les femmes. Nous laissons notre patiente faire son choix éclairé en lui donnant toutes les informations qui sont en notre possession et lui expliquons les effets bénéfiques des différentes sortes de pilule pour certaines pathologies. Nous donnons les avantages et les inconvénients des autres modes de contraception.

Non, nos suivis de grossesse ne sont pas « bâclés » même si la patiente va bien. »

Et de souligner, quant à la prescription de certaines méthodes de contraception, dont la pilule, elle aussi au centre d'un vif débat quant à ses effets secondaires, « nous n’inondons pas la planète de perturbateurs endocriniens ».

Enfin, désireux de rappeler leur mission, les gynécologues insistent encore sur le suivi régulier de leurs patientes tout au long de leur vie, lequel est nécessaire dans le dépistage précoce de cancers notamment, mais aussi sur les nombreuses formations qu’ils sont appelés à suivre pour améliorer l’information et le bien-être des patientes.

« Car c’est toujours le meilleur que nous voulons pour elles », concluent-ils.