Pour protéger les terres agricoles, Hulot veut taxer les bétonneurs

Alors que les surfaces agricoles diminuent chaque année, le ministre de la Transition écologique souhaite l'instauration d'une taxe frappant les constructeurs qui investissent des espaces naturels. 

A la campagne ou en région parisienne (ici en Seine-et-Marne), les terres agricoles sont de plus en plus grignotées par les constructions.
A la campagne ou en région parisienne (ici en Seine-et-Marne), les terres agricoles sont de plus en plus grignotées par les constructions. LP/Hugues Tailliez

    En France, chaque mois, l'urbanisation consomme une surface équivalente à 6 400 terrains de football. Des centres commerciaux, des bureaux, des logements... Pour le ministre de l'Ecologie, trop, c'est trop. Dénonçant une «frénésie souvent injustifiée», Nicolas Hulot vient, selon nos informations, de proposer au Premier ministre de taxer les bétonneurs qui construisent sur des espaces naturels (lire ci-dessous). Le fruit de cette taxe servira à financer la protection de la biodiversité. Les Français semblent lui donner raison. D'après un sondage Ifop dévoilé mardi par le WWF France, 78 % se disent favorables à un moratoire sur l'artificialisation des terres agricoles dès 2020.

    « Toutes ces atteintes détruisent de vastes terres fertiles et réduisent la capacité des sols à absorber l'eau des phénomènes météorologiques extrêmes, augmentant ainsi les risques et les conséquences des inondations », souligne l'association écologiste. Sur le terrain, les militants antibéton s'organisent. A Cellieu (Loire), au milieu des vergers, une centaine de personnes ont inauguré dimanche une tour de veille contre l'autoroute A 45, érigée sur le terrain d'un paysan dont l'activité est menacée par cette construction. Le collectif de paysans mobilisés contre ce projet n'entend pas « laisser les promoteurs [...] prendre possession des terres cultivées... ».

    La métropole du Grand Paris dans le viseur

    La colère ne gronde pas seulement dans les campagnes. En région parisienne, plusieurs collectifs d'habitants s'élèvent contre la bétonnisation de la banlieue. Réunis au sein de la coordination de préservation des espaces verts et publics d'Ile-de-France, ils dénoncent la « spéculation immobilière en cours » dans le cadre des aménagements du Grand Paris. « Sous couvert de faire une super région parisienne comme Londres ou Rotterdam, on a ouvert les vannes aux promoteurs, accuse Pascal Mage, président de l'association Murs à pêches, à Montreuil. Dans notre ville, par exemple, on prévoit d'aménager des logements sur un site classé d'intérêt national qui constitue un patrimoine unique en Seine-Saint-Denis. » Et les militants de citer aussi l'exemple de Paris, où « le parc de Bercy risque d'être amputé au profit d'une infrastructure dédiée aux JO ». Elus et promoteurs, eux, s'abritent derrière le schéma directeur de la région Ile-de-France qui autorise la « densification des constructions dans les tissus urbains existants, notamment en exploitant des friches et des enclaves urbaines ». Ce document officiel incite même les élus de la région à « favoriser le développement des grandes opérations en zones urbaines ».

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