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La résurrection du homard des arbres

Exemplaire de Dryococelus australis conservé au Museum de Melbourne en Australie. Les insectes mâles font jusqu'à 15 cm de long. Peter Halasz sous licence CC

On croyait ce phasme géant, habitant une île australienne de la mer de Tasman, définitivement éteint.

C'est une belle histoire de résurrection dans le monde des insectes. Elle se passe sur l'île Lord Howe, en mer de Tasman, qui sépare l'Australie de la Nouvelle-Zélande. Dans les années 1920, on a constaté la disparition d'une espèce d'insecte unique, un grand phasme parfois nommé «homard des arbres». Les rats introduits accidentellement par l'homme sur l'île en 1918 les ont éradiqués (comme 5 espèces d'oiseaux et une douzaine d'invertébrés). Il faut attendre 2001 pour qu'une expédition scientifique, visitant une île très inhospitalière, baptisée la Pyramide de Ball, située 20 km au sud-est de Lord Howe relance le débat. Cette pyramide, vestige d'une cheminée volcanique, est haute de 512 m pour un kilomètre de long. Il y a un arbuste sur l'île, un Melaleuca (famille des myrtes) à une centaine de mètres de hauteur, et les scientifiques y trouvent... des phasmes, ressemblant furieusement au homard des arbres.

Dryococelus australis peut faire jusqu'à 15 cm de long. Rohan Cleave, Melbourne Zoo

Comment ont-ils gagné cet îlot sauvage et inhospitalier? Le vent ou les oiseaux pourraient les y avoir déposé. Ils se nourrissent de végétaux, de mousses et de lichens et trouvent leur eau dans des cavités rocheuses. Mais était-ce bien lui, car son apparence était quelque peu différente? Une analyse génétique comparant les phasmes de Ball' Pyramid à des spécimens conservés dans un muséum, vient de montrer qu'il s'agit bien de Dryococelus australis, celui que l'on croyait éteint (travaux publiés dans Current Biology ). Les variations génétiques constatées montrent une variation intraspécifique «normale», d'où leur aspect différent, dû aux conditions environnementales sur la pyramide et à leur isolement. Mais il s'agit bien de la même espèce.

L'île appelée Pyramide de Ball (Ball's Pyramid en anglais). Jon Clark/Flickr sous licence CC

L'histoire ne s'arrête pas là. Car, avec les spécimens ramenés de la pyramide de Ball, les scientifiques ont réussi à les faire se reproduire dans les zoos. Des milliers de phasmes s'ébattent maintenant de par le monde. Et les écologues aimeraient bien les réintroduire sur l'île Lord Howe, puisqu'ils en sont natifs et que leur retour ne risque pas d'entraîner des conséquences écologiques néfastes. Seul petit problème, il faudrait d'abord y éradiquer les rats, qui menacent encore 70 autres espèces endémiques. Les autorités australiennes ont décidé de lancer l'opération «mort aux rats». À la mi-2018, des hélicoptères répandront des tonnes de céréales empoisonnées sur l'île, mortelles pour les rats et eux seuls. Cela sera-t-il suffisant? À suivre...

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