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Découvertes

Ce que des oiseaux morts peuvent nous dire sur la pollution de l’air

En analysant la couleur de la robe de 1 300 oiseaux de la fin du XIXe siècle à nos jours, deux scientifiques américains ont réussi à mesurer l'évolution de la qualité de l'air dans une ancienne région industrielle.

Carl Fuldner/Shane Dubay
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C’est une image qui reste en tête. Deux rangées d’oiseaux morts, alignés les uns à côté des autres. Sur la première, les oiseaux ont le ventre blanc. Sur l’autre, ils sont entièrement noirs.

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S’agirait-il d’espèces différentes ? Non. Ils sont issus de la même espèce, l’alouette hausse-col, un petit oiseau pas plus haut que 20 cm avec un ventre naturellement blanc. La différence entre les deux rangées tient à la date de leur naissance : ceux de droite ont vécu ces dernières années, tandis que ceux de gauche sont nés et morts au début du XXe siècle.

En analysant la couleur des oiseaux conservés dans des collections de musées, deux scientifiques ont été capables de tracer un schéma de l’évolution de la pollution de l’air aux États-Unis durant ces 135 dernières années, soit de 1880 à 2015. Les doctorants de l’université de Chicago, Shane DuBay et Carl Guldner, ont ainsi analysé près de 1 300 oiseaux de cinq espèces différentes. Ils étaient tous issus de la la "Rust Bell" (Détroit, Chicago, Pittsburgh…), une ancienne région industrielle au nord-est des États-Unis.

Le but de l’expérience, dont les résultats ont été publiés en totalité dans Proceedings of the National Academy of Sciences cette semaine, était de mesurer, à la fois scientifiquement et visuellement, la quantité de carbone noir – ou suie – présente chez les oiseaux.

En traçant le degré de suie dans l’air sur un temps donné grâce à la couleur de la robe des alouettes hausse-col, particulièrement sensibles, les scientifiques ont ainsi été capables de voir l’évolution (positive) de la qualité de l’air dans cette ancienne région minière. La mue de ces oiseaux ne s'effectuant qu'une fois par an et leurs plumes étant capables d'absorber de grandes quantité de carbone noir, les alouettes étaient les spécimens parfaits pour réaliser l'expérience.

"Si vous regardez Chicago aujourd'hui, le ciel est bleu. Mais si vous regardez des images de Pékin ou Delhi, vous aurez une bonne idée de l'atmosphère qu'il y avait à Chicago ou Pittsburgh à une certaine époque", explique Shane DuBay dans un communiqué de presse. Grâce aux données extraites des alouettes, les chercheurs ont ainsi pu établir un tableau de l'air aux Etats-Unis à travers le siècle dernier. Ils expliquent par exemple que durant la Grande dépression, l'utilisation de charbon a drastiquement baissée aux États-Unis, ce qui a rendu les oiseaux moins impregnés de suie, et donc moins noirs. A contrario, durant la Seconde Guerre mondiale, la consommation de charbon a beaucoup augmenté. Et la noirceur des oiseaux avec.

Même si la production de carbone noir a drastiquement baissé en Occident, elle reste encore particulièrement importante. Et, aux États-Unis comme en Europe, d'autres polluants ont remplacé ceux émis par les usines. "Le fait que des oiseaux plus récents semblent plus propres ne signifie pas que le problème est résolu", ajoute les chercheurs dans le communiqué de presse. "Bien que les États-Unis diffusent bien moins de carbone noir que dans le passé, nous continuons d'émettre des poulluants moins remarquables dans l'atmosphère – ces polluants sont juste moins visibles que la suie."

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