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Quand les commerçants se transforment en distributeurs d’argent

Une directive européenne entrant en vigueur en janvier va autoriser les commerçants à fournir des espèces à leurs clients lors d’un paiement par carte. Reste à fixer les modalités de ce nouveau service.

Publié le 12 oct. 2017 à 18:36

Alors que le paiement mobile tient le devant de la scène médiatique , la nouvelle directive européenne sur les services de paiement (DSP2) pourrait bien remettre le bon vieux cash à l’honneur. Ce texte, qui entrera en vigueur le 13 janvier 2018 en France, introduit en effet la possibilité pour les commerçants d’offrir à leurs clients un nouveau service : lors d’un paiement par carte, ils pourront aussi demander des espèces à l’hôtesse de caisse qui fera ainsi office de distributeur de billets manuel.

Ce service, plus communément appelé « cashback », ne devrait toutefois pas être opérationnel dès le début de l’année prochaine car ses modalités doivent encore être précisées. Le Trésor a dans cette optique ouvert en septembre une consultation avec les différents acteurs de l’industrie des paiements et la divergence de vue entre les commerçants et les banques promet d’intenses débats.

Les commerçants sont très favorables...

Pour les premiers, « nous accueillons cette réforme favorablement. Elle correspond à une demande formulée depuis longtemps par les professionnels pour satisfaire les besoins de certains de nos clients », explique Philippe Joguet, directeur en charge des questions financières à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Les commerçants, dont le cash représente encore près de 30% de leurs encaissements, voient aussi l’occasion d’en faciliter la gestion et d’en réduire le coût. 

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En distribuant leurs espèces aux clients, ils pourraient de fait limiter les passages de transporteurs de fonds et réduire les risques d’attaques. Une perspective qui n’inquiète pas le patron de la Brink’s : « le cashback est une bonne chose car il donne un accès plus large aux espèces. Alors que les banques ferment des agences et des distributeurs, c’est un relais efficace pour un accès libre au cash qui ne devrait pas troubler l’équilibre économique des distributeurs de billets », estime Patrick Lagarde, PDG du transporteur de fonds .

Les banques beaucoup moins

De fait, le montant maximum que les particuliers pourraient obtenir en caisse serait limité à 60 euros. Mais les établissements bancaires français, qui détiennent un parc de près de 56.000 distributeurs de billets, s’inquiètent de leur rentabilité. Un automate coûte en effet plusieurs dizaines de milliers d’euros et son amortissement s’étend sur une dizaine d’années.

Sans compter que la mise en place du cashback entraînera des investissements informatiques pour séparer l’achat du client de sa demande de cash, que le Trésor voudra tracer. Ce coût, ni les banques ni les commerçants ne veulent en entendre parler aujourd’hui.

A plus long terme, les banques n’ont de cesse réduire le recours au cash dont la gestion leurs coûterait 3 milliards d’euros par an. Selon elles, le cashback est en contradiction avec la stratégie nationale initiée lors des Assises des paiements en 2015 en faveur du développement des moyens de paiements électroniques. 

« Il faut prendre soin à ce que le cashback n’incite les particuliers à recourir aux espèces alors même que  », souligne Jérôme Raguénès, directeur du département numérique - systèmes et moyens de paiement de la Fédération bancaire française (FBF). Introduire ce nouveau service sans bouleverser les équilibres actuels, c’est tout l’enjeu des négociations des prochaines semaines.

Ninon Renaud

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