Ça se passe en Europe : un détenu veut profiter de la déclaration d'indépendance catalane pour sortir de prison
Le braqueur de banque considère que la rupture légale entre Madrid et Barcelone met en péril son droit à la tutelle judiciaire.
Par Cécile Thibaud
Si j'ai été envoyé en prison en Espagne, je n'ai rien à faire dans une prison catalane. C'est le raisonnement d'Abilio H., incarcéré dans un centre pénitencier proche de Barcelone.
A peine achevé le discours du président catalan Carles Puigdemont, mardi soir, le détenu avait déjà fait déposer sa demande de mise en liberté auprès d'un tribunal de garde. Il considère qu'avec son intervention devant le Parlement, le leader catalan a déclaré de fait l'indépendance unilatérale «quel que soit le degré légal actuel de la procédure».
Si indépendance il y a, la Catalogne ne reconnaît plus les lois espagnoles et le Code pénal ne vaut plus non plus, ce qui fait que son droit à la tutelle judiciaire effective est affecté.
Profiter d’un interstice légal
Selon les information diffusées par le quotidien «El Pais», Abilio H., braqueur de banque âgé de 42 ans, a déjà fait plusieurs allers et retours en prison. Il compte à son actif plus d'une quinzaine de vols avec violences et intimidations.
Actuellement en détention provisoire, il espère profiter du moment politique pour se glisser dans un interstice légal et jouer de ses atouts, en faisant déposer devant les tribunaux une demande d'Habeas corpus.
Sa demande a très peu de chance de prospérer mais elle est argumentée. Elle est arrivée dans une lettre signée par lui, présentée au tribunal de garde de San Feliu de Llobregat, aux abords de Barcelone.
«Je suis en détention préventive dans le centre pénitentier Brians 1, selon les lois du Code pénal espagnol», expose-t-il dans son texte cité par «El Pais». Et ces lois «ne sont pas reconnues par l'organe compétent, responsable de ma surveillance et garant des mes droits et devoirs en tant que citoyen espagnol», écrit-t-il en demandant au juge de se prononcer sur sa situation légale.