Ces députés LREM qui souhaitent une politique plus sociale

Brigitte Bourguignon, députée LREM du Pas-de-Calais, veut porter avec d'autres élus une ligne sociale offensive.

Paris, mercredi. Brigitte Bourguignon est députée LREM de la sixième circonscription du Pas-de-Calais.
Paris, mercredi. Brigitte Bourguignon est députée LREM de la sixième circonscription du Pas-de-Calais. LP/Philippe Lavieille

    Ex-socialiste, la présidente de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, députée LREM du Pas-de-Calais, veut fédérer les parlementaires de la majorité à la « fibre sociale ».

    Au sein du groupe LREM certains députés se révèlent plus frondeurs que prévu, notamment sur le sujet des allocations familiales. Qu'en pensez-vous ?

    Brigitte Bourguignon. Ce débat sur l'universalité des allocations familiales aura lieu, mais pas dans le cadre de la discussion budgétaire que nous allons démarrer. C'est pourquoi la commission que je préside avait décidé fin septembre de lancer une mission d'information sur les perspectives de la politique familiale dans sa globalité.

    Le mois dernier, vous aviez appelé le gouvernement à plus de justice sociale. Avez-vous été entendue ?

    Je l'espère. Je regrette que le débat public se focalise sur l'ISF et passe sous silence les mesures en faveur du pouvoir d'achat : la revalorisation des minima sociaux, de l'allocation adulte handicapé, de la prime d'activité. Or, ces mesures sociales concernent des millions de personnes : les travailleurs pauvres, la classe moyenne. Ce qui est important, c'est de favoriser tout ce qui permet de créer des emplois. Je viens d'un département où la souffrance est grande et qui a élu le plus important nombre de députés FN. Et ce que me demandent les personnes que je rencontre sur le terrain, ce ne sont pas des aides mais du travail et de la dignité.

    Etes-vous rassurée ?

    Si Emmanuel Macron avait été ce « président des riches » que l'on aime à caricaturer, je ne l'aurais jamais soutenu. J'estime que le projet qu'il incarne maintient l'équilibre entre exigence économique et progrès social.

    Certains ministres estiment que la « jambe gauche du président » n'est pas assez forte...

    Le développement économique n'est pas une fin en soi, il doit être un accélérateur de progrès social. Ce que je souhaite, c'est que tout le volet protection des individus inscrit dans le projet d'Emmanuel Macron soit respecté. Je veillerai à ce que les mesures que nous portons garantissent le progrès social.

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    Jusqu'à présent le groupe LREM use d'arguments d'ordre plutôt économique que social...

    C'est vrai que les députés LREM qui portent ce discours prioritairement économique et budgétaire sont, pour le moment, ceux qui sont les plus visibles. Mais il y a également ceux qui, comme moi, incarnent une fibre résolument sociale et qui entendent bien aussi la faire connaître.

    Allez-vous regrouper les députés LREM de « fibre sociale » ?

    Nous sommes nombreux sur cette ligne. Et pas seulement des élus issus du Parti socialiste. A moi, en tant que présidente de la commission des Affaires sociales, femme issue d'un milieu populaire qui a consacré sa vie à la protection des plus fragiles, de porter une ligne sociale offensive. Dans un groupe de plus de 300 députés, il y a différentes sensibilités, et moi, je veux que ces femmes et ces hommes soient entendus. Cette diversité est souhaitée par le chef de l'Etat.

    Vous voulez susciter un courant social-démocrate au sein de LREM ?

    Je ne cherche pas à créer un sous-groupe de frondeurs comme dans la législature précédente. Ça n'a servi à rien, même pas à eux. Et le pire, c'est que cette posture, par son irréalisme, anéantit l'espoir des gens. Je ne veux pas non plus parler de « courant » car c'est inapproprié. Je vois qu'il y a parmi nous des élus qui ont envie de mettre en marche la « jambe sociale » du projet du chef de l'Etat. Je veux travailler très sérieusement sur des sujets comme la pauvreté ou le vieillissement et être une force de propositions. Emmanuel Macron sait qu'il en va de la cohérence et de l'efficacité de son projet. La meilleure façon de peser, c'est de proposer.