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« La peur est en train de se répandre. Tout le monde se cache. On ne se parle plus au téléphone, de crainte d'être sur écoutes. C'est devenu vraiment grave », lâche Naïm, dont deux amis ont été arrêtés et dont nous avons choisi de changer le prénom par sécurité.
Tout est parti d'un concert géant devant 35 000 personnes qu'a donné le groupe libanais Mashrou' Leila le 22 septembre au Caire. Interdit à deux reprises de se produire en Jordanie, le chanteur du groupe, Hamed Sinno, est ouvertement homosexuel et défend, autant dans ses textes que dans les médias, les droits des LGBT. En autorisant Mashrou' Leila à se produire sur une grande scène en plein air, en périphérie de la capitale, où se concentrent les résidences cossues de la bourgeoisie, les autorités égyptiennes n'av...
J'ai passé deux mois en Égypte l'hiver dernier. Le peuple souffre de salaires trop bas dans un contexte généralisé d'augmentation des produits de première nécessité. En clair, on ne mange plus de viande tous les jours, contrairement à ce qui était la norme il y a quelques années. La religion est omniprésente : dans les restaurants populaires des écrans de télévision déversent le Coran psalmodié à longueur de journée. Régulièrement un flash d'information, à la gloire du régime, détesté par le peuple, interrompt cette litanie. Et ce programme réjouissant est complété de temps en temps par un match de foot.
Toute sexualité hors mariage, même hétérosexuelle, se doit d'être très très discrète. On vit sous le regard inquisiteur des autres. Les jeunes hommes sont dans un état de frustration extrême et vous parlent d’émigration là où les filles non musulmanes, seraient, pensent ils, disposées à assouvir leurs désirs. Les jeunes filles sont maintenues dans un état d’infantilisation où se mêlent stricte morale religieuse et romantisme hollywoodien.
Je n'ai rencontré personne parlant d'homosexualité sauf pour la dénigrer.
On entend jamais des politiques comme Madame Autain ou des journalistes comme Madame Emcke, chantres de la bien-pensance, défendre les droits des homosexuels dans les pays arabes : ça déplait à leur électorat ou lectorat ?
... Et haut Le Caire : en fait, non, du haut de ces pyramides 32 siècles contemplent le désastre. Il y a peu certains nos politiciens, journalistes et intellectuels s'extasiaient du printemps arabe. On ne les entends plus : c'est l'automne sans doute en attendant l'hiver...