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Guillaume Pepy « La SNCF Est Un Morceau De France »

SNCF

Dans un monde où une poignée d’opérateurs mondiaux crée des plates-formes numériques de transport et de mobilité, seules les valeurs qui ont fait l’esprit cheminot peuvent permettre à la SNCF de prévaloir.

Pour comprendre ce que nous devenons depuis 2014 – une nouvelle naissance, à la suite de la réforme ferroviaire – il faut rappeler ce que nous sommes, l’esprit qui nous anime depuis 1937. La sécurité, tout d’abord : pour les cheminots, c’est une valeur cardinale et une bataille de tous les jours. Quand on se remet « entre les mains » du transport collectif, on n’accepte pas les risques qu’on tolère au volant d’une voiture. Deuxième pilier de notre fierté, l’écologie. Le train émet environ vingt fois moins de gaz à effet de serre par personne et par kilomètre que la voiture ou l’avion. En Ile-de-France le match train/voiture est encore plus déséquilibré. Si on souhaitait remplacer le RER A à Paris, par exemple, la seule option serait de construire une autoroute de 14 voies dans chaque sens qui traverserait la capitale d’est en ouest. Inimaginable ! Trop souvent, quand on imagine un monde de taxis-robots à la disposition de chacun, on oublie que les transports collectifs  forment l’épine dorsale de l’urbanisme. Cela n’est pas près de changer.

Aujourd’hui, nos trains souterrains peuvent accueillir un million de voyageurs ; ils pourront bientôt rouler à 120 Km/h sous Paris. Et nous sommes actuellement en train de doubler la ligne est- ouest – avec le RER E – afin de décongestionner le trafic. Un chantier estimé à 4 milliards d’euros. Et enfin, la solidarité. La SNCF est une entreprise ouverte à tous. Nous ne choisissons pas nos clients. Il est impensable d’imaginer que nous allons nous concentrer sur telle ou telle catégorie au détriment d’une autre. Les gares sont les derniers endroits ouverts à tous, à toute heure du jour et de la nuit. Les églises et les centres commerciaux sont fermés le soir, tandis que la gare est un lieu où vous pouvez rester assis toute la journée sans que personne ne vous demande quoi que ce soit. Et c’est aussi un lieu où, en lien avec des associations, nous essayons de remédier à des situations de détresse quand elles se présentent.

Le smartphone, défi radical

Voici l’esprit cheminot, voici ce que nous sommes. La part évolue avec le tout : la France avec le monde et nous avec elle. Comme notre pays, nous sommes beaucoup plus ouverts à l’international que nous ne l’avons jamais été. Nous sommes devenus le leader mondial du tram, par exemple. Au total, le tiers de notre chiffre d’affaires, plus de 10 milliards d’euros sur 33 milliards, se réalise à l’export. En 2020, ce sera la moitié. Et l’on apprend à l’international autant que l’on y donne : le processus est mutuellement enrichissant. Ce que nous avons découvert de la relation de la mobilité avec l’urbanisme et la population à Melbourne, où nous exploitons le plus grand tram du monde, est en train de revenir au service des Français…Nous sommes désormais appelés à la plus profonde des mutations, au défi le plus radical.

Le smartphone, que chacun possède ou presque, se transforme en assistant de mobilité. C’est guidé par lui que l’on passe du train ou de l’avion à une location de voiture, que l’on cherche un parking, que l’on se repère pendant les derniers mètres de son parcours. De l’achat des billets au GPS pour se diriger, tout se concentre dans notre main. En conséquence, la valeur économique se décale : elle se crée désormais sur des plates-formes plurielles, où l’on passe « sans couture » d’un mode de transport à l’autre. Et nos concurrents changent de visage. Aujourd’hui, pour se déplacer dans le monde, ou pour déplacer des marchandises, Google et Amazon, qui fonctionnent comme des intégrateurs de mobilité, pourraient devenir quasiment incontournables. Ce n’est bien sûr pas souhaitable ! Mais force est de constater que les Etats-Unis reviennent ainsi en force.

Retrouvez l’intégralité de cette tribune dans le premier numéro de Forbes France, disponible en kiosque dès le 6 octobre 2017 et cliquez ici pour vous abonner. 

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