Face à la déferlante de témoignages accablants contre lui, le producteur Harvey Weinstein a décidé de se rendre en Arizona, mercredi 11 octobre, pour suivre une thérapie destinée à soigner son “addiction au sexe” dans un centre spécialisé, rapporte le site TMZ. Un choix qui aurait été encouragé par ses proches alors que le producteur, lui, restait “plutôt calme” face aux révélations en cascade du New York Times et du New Yorker sur des accusations d’agression sexuelle et de harcèlement.

Un problème d’abus de pouvoir

Pour le magazine Vogue, une thérapie pour traiter son “addiction au sexe” ne traitera pas le vrai problème d’Harvey Weinstein :

Malheureusement pour les femmes qui côtoieront Weinstein à l’avenir, il est peu probable qu’un tel établissement soit la solution, à moins que le traitement proposé ne s’attaque au problème de fond : la tendance du producteur hollywoodien à abuser de son pouvoir avec des personnes qu’il juge fondamentalement ses subordonnées.”

Harvey Weinstein, cofondateur de la société de production Miramax, aurait profité de sa position d’autorité dans le milieu du cinéma pour menacer des femmes de détruire leur carrière si elles refusaient ses avances sexuelles. Ces accusations de relations non consenties sont “absolument démenties par M. Weinstein”, précise l’un de ses porte-parole.

Dans un communiqué, le producteur s’est excusé en expliquant qu’il “a grandi dans les années 1960 et 1970, quand les règles sur le comportement au travail étaient différentes”. Il a ensuite ajouté qu’il allait demander de l’aide à des thérapeutes pour “apprendre à se connaître et vaincre ses démons”. Des démons que le magazine Vogue liste un à un : “les privilèges, l’absence d’empathie, la misogynie, le mépris pour l’intégrité physique des femmes et le sentiment d’être invincible parce qu’il est unique”.

L’addiction au sexe, un trouble pseudoscientifique

Le magazine de mode rappelle que l’addiction au sexe est une pathologie fortement remise en question par le corps médical. “Elle n’a jamais été admise comme diagnostic clinique dans le manuel DSM, qui fait figure de guide de référence pour le diagnostic psychiatrique aux États-Unis.” Un médecin cité par Vogue parle même de “trouble pseudoscientifique”.

Comme Weinstein, certains se sentent peut-être en droit de faire ce qui leur chante et supposent qu’être célèbre leur permettra de s’en tirer en toute impunité. Dans le cas contraire, l’addiction au sexe est une excuse bien pratique.”

Vogue cite des stars comme David Duchovny, Russell Brand, Michael Douglas, Rob Lowe et Tiger Woods qui ont toutes eu recours à des séjours pour lutter contre cette addiction, mais aussi pour “éviter une mauvaise couverture médiatique”.

En filant en cure de désintox, Weinstein tente d’échapper au véritable problème : les hommes puissants tels que Roger Ailes, Bill O’Reilly, Bill Cosby et Donald Trump semblent convaincus que fortune et prestige leur permettent de traiter le corps des femmes comme bon leur semble – au diable le consentement ! Leur avis semble avoir été résumé par Trump dans les enregistrements audio d’‘Access Hollywood’ révélés en octobre 2016 : ‘Quand on est une star, elles vous laissent faire. On fait ce qu’on veut.’