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Venezuela

Venezuela: des élections régionales en forme de pari pour l'opposition

Ce dimanche 15 octobre, quelque 18 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour les élections régionales au Venezuela. Vingt-trois gouverneurs vont être désignés. Même si la coalition de l’opposition craint des fraudes et critique la partialité du Conseil national électoral, elle a choisi de participer à ce scrutin. Un pari qui a suscité des divisions entre les différents partis et mouvements qui la composent et des appels à l’abstention.

Un graffiti de campagne en faveur d'un candidat de l'opposition, à Caracas, le 13 octobre 2017.
Un graffiti de campagne en faveur d'un candidat de l'opposition, à Caracas, le 13 octobre 2017. REUTERS/Ricardo Moraes
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Avec notre envoyée spéciale à Maracaibo, Marie Normand

Pendant quatre mois cette année, l’opposition a défilé dans les rues de plusieurs grandes villes du Venezuela pour demander des élections générales anticipées. Des manifestations qui se sont soldées par la mort d’au moins 125 personnes sans que le gouvernement Maduro n’accède à la moindre revendication.

Stalin Gonzales est le chef du groupe parlementaire de la coalition des partis d'opposition à l'Assemblée nationale. « Je pense qu'après le dernier jour de manifestation, il y a eu un grand vide, analyse-t-il. La coalition a fait une grande erreur de positionnement, de communication. Et après ce grand vide, d’un coup on a appelé à participer à des élections régionales. Du coup tout le monde était un peu perdu. »

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Et selon lui, cela s’est tout de suite reflété dans les études d’opinion. « Les niveaux de participation étaient assez bas dans les secteurs les plus favorables à l'opposition historiquement. Oui, nous avons fait une erreur et nous en avons payé le prix », regrette-t-il.

Aujourd’hui, Stalin Gonzales estime que le porte-à-porte, le travail des militants, a payé et a permis de remobiliser les électeurs. Ce dont doute Juan Carlos Valdez, journaliste de la télévision publique vénézuélienne. Il rappelle que les primaires de l’opposition, déjà, ont eu peu de succès. « Cela a causé des fractures dans certains Etats. Ça va être difficile pour eux de retrouver les niveaux de participation des législatives de 2015 par exemple », estime-t-il.

Plusieurs instituts de sondages vénézuéliens estiment qu’en fonction du taux de participation, l’opposition peut espérer remporter entre dix et dix-huit Etats du pays (sur 23 Etats plus la capitale et les dépendances fédérales, les îles).

Risques de fraude

Nubia Magallanes est coordinatrice électorale pour Unidad, la coalition de l’opposition, dans l’Etat de Vargas. Elle fera le tour d'un maximum de bureaux de vote ce dimanche car elle accuse le gouvernement de créer des obstacles au vote des électeurs de l’opposition.

« L’un des pièges, c’est qu’ils n’ont pas retiré la photo des candidats qui ont été éliminés lors des primaires de l’opposition. Donc que se passe-t-il ? L’électeur peut facilement se tromper. Notre message c’est donc de rappeler aux électeurs où se trouve la photo de notre candidat José Manuel Olivarès. Et en ce qui concerne les bureaux de vote, on s’est préparé et on sait que la seule pièce d’identité autorisée pour voter, c’est la carte d’identité laminée. Il faut empêcher les gens de voter avec une carte factice ou celle de personnes décédées. Il faut aussi bien vérifier que les photos correspondent parce qu’il y a des membres d’une même famille qui s’échangent leur carte d’identité pour voter deux fois. Donc on doit faire très attention à cela, on a l’œil affuté. On est bien préparés à lutter pour défendre notre vote. Si on doit se battre, on va se battre », assure-t-elle.

Franck Dias est un habitant de Maracaibo, dans l’Etat de Zulia, bastion chaviste. Il espère un changement de gouvernance pour régler surtout les problèmes d’insécurité. RFI a recueilli son témoignage alors qu’il faisait son jogging, au petit matin, le long du grand lac de Maracaibo.

« On avait l’habitude de venir ici le soir, vers 19h. Vers 20-21h, il y avait beaucoup de gens dans ce parc avant. Maintenant il n’y a plus personne, c’est pour ça que je viens très tôt le matin, raconte-t-il. L’insécurité est liée à la situation économique. L’inflation, le peu d’emplois disponibles. Beaucoup d’entreprises ont fermé. Les autres parient sur l’avenir. Cette élection, ça va être comme un référendum. Qu’est-ce qui peut se passer ? Eventuellement nous aurons un gouverneur ou plusieurs gouverneurs issus de l’opposition. On va bien voir quelle quantité de fraude il y aura ou combien de choses étranges se passeront. Par exemple, vous avez vu qu’ils ont changé les bureaux de vote au dernier moment cette semaine ? Cela concerne 725 000 personnes, qui pour beaucoup ne sauront pas où aller voter ».

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