C’est un investissement qui en dit long sur la confiance des milieux économiques dans ce petit pays prospère : le sidérurgiste Voestalpine va ouvrir un nouveau site de production en Autriche. Quand d’autres préfèrent délocaliser en Chine, ce groupe va débloquer 350 millions d’euros, permettant la création de 1 000 emplois directs et la pérennisation de 3 000 emplois indirects. Les résultats de ce producteur d’acier inoxydable sont à l’image de ceux des autres champions industriels du pays : l’Autriche, et ses 8,7 millions d’habitants, redresse la tête plus vite que prévu. Des perspectives enviables, alors que les bureaux de vote ont ouvert, dimanche 15 octobre, pour des élections législatives incertaines. Elles pourraient voir l’extrême droite revenir au pouvoir en coalition soit avec les conservateurs, soit avec les sociaux-démocrates.
Cette bonne santé économique une « surprise », de l’aveu même de Michael Peneder, économiste au WIFO. Les deux principaux instituts autrichiens de conjoncture économique (WIFO et IHS) ont de nouveau fortement revu à la hausse, le 29 septembre, les prévisions de croissance du pays : celle-ci pourrait atteindre 2,8 % en 2017 et en 2018. Il faut remonter au milieu des années 2000 pour trouver une performance comparable, supérieure de 0,8 point à celle de la zone euro. En 2016, l’économie autrichienne avait déjà enregistré 1,5 % de croissance. Autre signe de cette vitalité, le taux de chômage baisse depuis mars : il devrait se tasser à 5,4 % en 2018, selon Eurostat. L’Autriche retrouverait ainsi une situation proche du plein-emploi qu’elle connaissait avant le début de la crise économique de 2008.
Résultats spectaculaires
Les Autrichiens conservent aussi un niveau de vie parmi les plus élevés de la planète : en 2016, le produit intérieur brut (PIB) par habitant s’est établi à 40 420 euros, dans ce pays largement alpin, aux infrastructures exemplaires, et plus prospère que l’Allemagne voisine, le géant économique dont il tire l’essentiel de son activité. Une grande partie de l’économie autrichienne dépend des carnets de commandes des grands groupes allemands.
Les PME autrichiennes spécialisées dans la production de véhicules et de machines affichent des résultats spectaculaires. A tel point que la Bourse de Londres les a distinguées, début septembre, dans son classement annuel, comme étant les plus dynamiques du continent. Ces bons chiffres s’expliquent également par une situation géographique qui permet à l’Autriche de profiter de la vigueur des pays voisins de l’Est.
Mais le pays capitalise aussi sur les efforts fournis depuis plus de quinze ans pour moderniser son secteur touristique, devenu un acteur de premier rang. Avec plus de 52,1 millions de forfaits de remontées mécaniques à la journée vendus lors de la saison hivernale 2015-2016, l’Autriche est le leader européen du ski en station, selon la chambre de commerce. Les vacances à la neige constituent le moteur d’une branche puissante et qui ne cesse de conquérir des parts de marché. La destination est, par ailleurs, considérée comme sûre et nettement moins onéreuse que la Suisse voisine.
Quelques faiblesses
Et si 70 % des exportations autrichiennes sont dirigées vers des pays de l’Union européenne, Vienne ne néglige toutefois pas des partenaires importants en dehors du continent dans des secteurs stratégiques. Etant neutre, l’Autriche a historiquement, depuis la révolution islamique, servi de figure de proue des investissements occidentaux en Iran. Perpétuant cette tradition, Oberbank, un modeste établissement bancaire de Linz, vient d’ouvrir le premier crédit d’une banque européenne avec Téhéran.
Bien sûr, certaines faiblesses ne doivent pas être passées sous silence, comme l’absence de réformes structurelles des retraites, par exemple, qui inquiète Bruxelles. Mais la conjoncture actuelle permet à l’Autriche d’afficher des finances publiques toujours plus saines, avec un déficit public en forte baisse, à 0,6 % du PIB en 2016, contre 1,6 % en 2015. Mi-septembre, le Trésor autrichien s’est félicité que ce petit pays soit le premier, dans la zone euro, à avoir réussi à placer, par le biais d’une émission publique, une obligation historique de 3,5 milliards d’euros, à un taux de 2,1 % sur cent ans. Preuve irréfutable, selon lui, de la bonne image dont jouit l’Autriche auprès des investisseurs.
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