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Europe

Royaume-Uni : ce détail qui en dit long sur la fragilité de Theresa May

La Première ministre britannique apparaît encore plus fragilisée à l’issue du congrès du Parti conservateur. Tandis que la question du Brexit divise ses membres.

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Theresa May le 4 octobre 2017

Theresa May, à Manchester, le 4 octobre. Le discours chaotique de la Première ministre au congrès des Torys a relancé les rumeurs sur son renvoi de Downing Street.

Oli SCARFF / AFP

Pour une Première ministre au sommet de sa puissance, c’eût été malheureux. Pour une Theresa May déjà très fragilisée, la scène a révélé un niveau de poisse quasi cosmique. Son discours devant la conférence du Parti conservateur à Manchester, mercredi 4 octobre, a d’abord été interrompu par un plaisantin qui a réussi à brandir sous son nez une fausse lettre déclarant son licenciement et signée de Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères. Après quoi elle a été prise d’une quinte de toux que le cachet que lui a donné le chancelier de l’échiquier, Philip Hammond, n’a pas réussi à calmer. Même un scénariste de série télé aurait trouvé que c’était trop.

Après avoir organisé au printemps des élections qui ont privé les Torys de majorité et coûté leur siège à trente de leurs parlementaires, Theresa May était déjà en position délicate. Censée à l’origine la remettre en selle, sa prestation calamiteuse a relancé les spéculations sur son éventuel départ. Avant même ce fiasco, il était clair que le parti s’interrogeait sur sa dirigeante et dressait des plans pour l’avenir. Dans la grande salle de la conférence, où les ministres livraient de ternes discours, l’auditoire était souvent clairsemé. Dans les petites salles secondaires, au contraire, les débats, beaucoup plus animés, tournaient autour de la situation catastrophique du parti et des moyens d’y remédier.

Désamour des jeunes

Les adhérents s’inquiétaient notamment de la composition du parti, lequel cela sautait aux yeux de tout observateur est vieux et blanc. Les rares jeunes présents suscitaient une fascination quasi anthropologique. Moins d’un quart des moins de 30 ans ont voté Tory en juin dernier. La trentaine de réunions organisées sur le thème du logement (et des difficultés croissantes que rencontrent les jeunes pour se loger) montre que le parti a mis le doigt sur la principale cause de leur désamour à son égard. A cause en partie de la position dure de Theresa May sur l’immigration, le parti a aussi perdu le soutien des minorités ethniques. Le Parti doit également prendre conscience de l’exaspération que suscite l’austérité. Avant le discours de Theresa May, une vidéo a rappelé une fois de plus l’état désastreux des finances dont ont hérité les conservateurs en 2010.

Pas de stratégie sur le Brexit

Peut-être. Mais sept années se sont écoulées et ce genre d’explication est de moins en moins convaincant. A peine évoqué par la Première ministre, le Brexit a été le sujet qui a créé le plus d’excitation parmi les participants chaque fois qu’un orateur promettait qu’il serait « dur, rapide et facile ». Pourtant, sur ce point plus que sur tout autre, les conservateurs ont du mal à s’accorder sur une stratégie. Le gouvernement est divisé. Et l’ambiance de la conférence, où les délégués ont applaudi les références à Azincourt et Waterloo, a montré que les militants s’opposeront à tout dirigeant partisan d’un compromis.

Un autre spectre hantait la conférence : celui de Jeremy Corbyn. La Première ministre, le chancelier et le secrétaire aux Affaires étrangères ont cité son nom à vingt reprises. Mais ils ne savent trop sous quel angle l’attaquer : le chef du Labour est tour à tour décrit comme un méchant de pantomime et comme une vraie menace pour le pays. Certains ont donné l’impression que leur premier objectif était plus de lui barrer la route que de gouverner.

Pourtant, les Torys ont quelques raisons de ne pas désespérer. Ils continuent de talonner le Labour dans la plupart des sondages. Et Theresa May a reçu des marques de soutien de plusieurs collègues. En privé, elle ne suscite cependant guère d’enthousiasme. Mais les élus Torys estiment que le parti est trop fragile pour résister à une compétition pour sa direction. La Première ministre est à la tête d’un parti qui doit tout changer, depuis sa politique jusque, au final, sa dirigeante. Et cela ça n’a rien à voir avec la poisse.

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