Interrogé, dimanche 15 octobre, sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes, Emmanuel Macron n’a pas voulu répondre par oui ou par non. Et pour cause. Le président de la République reste dans le flou. C’était la première fois qu’il s’exprimait aussi longtemps sur le sujet depuis son élection, en mai. Son discours ne varie pas. Il s’y déclare favorable à titre personnel. Sur ce point, son expression est forte, puisqu’il considère « normal » d’ouvrir ce « droit » aux couples de femmes et aux femmes seules, alors que l’insémination avec donneur est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles.
Il rappelle l’avis positif donné par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en juin. Il prend également bien soin de distinguer la PMA et la gestation pour autrui (GPA), à laquelle il est opposé, prenant à contre-pied un argument des opposants qui estiment inévitable la légalisation ultérieure de la GPA si l’ouverture de la PMA est adoptée. Cependant, il continue de rester très prudent. « Le politique ne doit pas imposer un choix en brutalisant les consciences », a-t-il déclaré. Insistant sur le caractère « complexe » de ce sujet qui « heurte les convictions philosophiques et religieuses ».
Il attend que le CCNE mène la concertation en 2018 dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique, avant que les « décisions » soient « prises ». Interrogé sur France 2, jeudi 28 septembre, le premier ministre, Edouard Philippe, qui dit avoir « évolué » sur cette question, s’était également montré évasif sur les intentions du gouvernement. Tout comme la ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui s’en est remise, à plusieurs reprises, aux conclusions de la consultation de 2018.
Loin de l’apaisement
« L’apaisement » recherché par Emmanuel Macron ne sera sans doute jamais au rendez-vous, le sujet n’étant pas consensuel. Le collectif La Manif pour tous, qui combattait l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe, a fait de la lutte contre l’ouverture de la PMA son nouveau combat. Une campagne d’affichage lancée début octobre, qui compare « les enfants à un seul parent » aux « légumes OGM » donne le ton. La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a dénoncé une « stigmatisation » des familles monoparentales.
Toute la question est de savoir quelle sera la capacité de mobilisation et d’entraînement des défenseurs de la famille traditionnelle pendant les Etats généraux de la bioéthique. Seront-ils rejoints par d’autres opposants et par une frange plus large de l’opinion, comme lors de la loi sur le mariage en 2013 ? Si oui, le gouvernement sera-t-il prêt à aller contre en légiférant ? Rien dans ce qu’a dit Emmanuel Macron dimanche soir ne permet de cerner ses intentions.
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