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Les académies où il est plus facile de devenir prof des écoles

Selon les chiffres du ministère, certaines académies n’ont pas fait le plein cette année lors des concours de professeur des écoles. Les syndicats pointent une “crise de recrutement qui perdure”.

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Mieux vaut cibler l'académie de Versailles que la Corse pour devenir instituteur. (CHAMUSSY/SIPA)

Par Clemence Boyer

Publié le 13 oct. 2017 à 16:15Mis à jour le 13 oct. 2017 à 16:29

Pour enseigner en maternelle ou à l’école élémentaire, il faut passer un concours à la fin de la première année de master. Ceux qui sont reçus deviennent professeurs stagiaires et passent une année en alternance, entre leur classe et les bancs de l’ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l'Éducation). Ils sont ensuite titularisés s’ils obtiennent leur master et une bonne évaluation.

Contrairement aux professeurs du secondaire, les aspirants instituteurs doivent choisir au moment de leur inscription au concours l’académie dans laquelle ils souhaitent exercer. Ceux qui réussissent seront donc ensuite affectés dans l’un des départements de cette académie.

Plus de chances d’être reçu à Versailles qu’en Corse

Le choix de l’académie n’est pas anodin… Dans certaines, il est beaucoup plus facile de décrocher le concours que dans d’autres. La preuve avec les taux de réussite au concours 2017 publiés sur le site du ministère de l’Education Nationale.

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Dans l’académie de Versailles par exemple, 74% des candidats qui ont passé le concours ont été admis. Il faut dire qu’il y avait 1.470 postes ouverts pour 1.875 candidats.... En Corse par contre, il n’y avait que 14 postes ouverts pour 122 candidats, et donc assez logiquement seulement 13% d’heureux élus.

Les académies les plus sélectives, en plus de la Corse, sont la Martinique (16% de taux de réussite), la Guadeloupe (17%), la Réunion (21%), Bordeaux (23%), Clermont-Ferrand (24%), Nantes (25%) et Rennes (25%). Les plus accessibles sont celles de Versailles (74%), de Créteil (63%), d’Amiens (56%), de Guyane (56%), de Rouen (50%), de Dijon (50%), d’Orléans-Tours (46%) et de Lyon (42%).

Reste qu’au-delà de ces disparités régionales, il y a globalement de moins en moins de candidats au concours de professeur des écoles, et cela inquiète le SNUipp-FSU qui parle d’une “crise de recrutement qui perdure”.

Un nombre de candidats presque divisé par deux

Le syndicat d’enseignants donne des chiffres pour justifier son inquiétude. En 2005, il y avait 11.688 postes ouverts, quasiment autant que pour le concours 2017 (11.722 postes), mais il y avait presque deux fois plus de candidats à l’époque. Près de 56.000 aspirants instituteurs se sont en effet présentés au concours en 2005 contre seulement 29.000 en 2017.

Alors que les inscriptions pour la session 2018 viennent de s’achever, le syndicat explique également que certaines académies n’ont pas réussi à faire le plein de nouveaux enseignants et qu’il restaient des postes vacants à la rentrée, en particulier dans les académies de Créteil et Versailles mais aussi en Guyane.

Résultat des courses : pour que toutes les classes aient un maître ou une maîtresse, ces académies doivent recourir à des contractuels, des enseignants embauchés pour quelques mois ou un an, et pas nécessairement bien formés au métier d’instituteur.

Pour expliquer la désaffection des candidats ces dernières années, le SNUipp-FSU avance plusieurs explications. D’abord, l’augmentation du niveau universitaire requis pour devenir professeur des écoles réduit le vivier de candidats. Il faut désormais obtenir son master pour être titularisé quand une licence suffisait auparavant. Ensuite, la baisse du nombre de places ouvertes au concours pendant le quinquennat Sarkozy aurait pu décourager de potentiels aspirants.

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Débordés, stressés, mal payés

Surtout, le SNUipp-FSU pointe des conditions d’exercice dégradées. Débordés, stressés et peu préparés, les professeurs stagiaires en bavent pendant leur première année d’exercice. C’est le constat qui ressort d’une étude menée par le syndicat auprès de 1.766 instituteurs stagiaires sur l’année 2016/2017.

Près de 9 stagiaires sur 10 ne se sentaient pas prêts à avoir la responsabilité d’une classe. Ils étaient aussi 70% à se sentir débordés et 65% à être stressés pendant cette première année d’enseignement. Il faut dire qu’ils déclarent en moyenne travailler 48h51 minutes par semaine, entre le temps passé en classe, le temps de préparation des cours, le temps de correction et les modules de formation suivis à l’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education (ex-IUFM).

Enfin, la rémunération reste peu attractive pour des diplômés de master. Un professeur des écoles titulaire peut espérer toucher environ 2.000 € bruts mensuels en début de carrière.

Clémence Boyer

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