SEXISME - Sur le hashtag #BalanceTonPorc, qui a permis à des centaines de femmes de dénoncer des expériences de harcèlement ou d'agressions, la discussion continue. Parmi l'incroyable nombre de témoignages, on retrouve notamment des interrogations sur l'éducation à donner à ses enfants.
Quelques personnes, face à l'horreur décrite sur le réseau social, envisagent ainsi d'inscrire leur fille à des cours de self-défense.
Ce à quoi d'autres utilisateurs de Twitter ont répondu qu'il valait mieux apprendre à ses fils le respect que d'apprendre à ses filles à se défendre.
Mais comment inculquer de telles valeurs à son fils, comment appréhender avec lui des notions telles que le harcèlement sexuel, le consentement, les agressions sexuelles? Pour beaucoup de parents, comme le rapporte cet article de Slate, cela semble plus intuitif d'élever une fille de manière féministe qu'un garçon.
"Ça nous paraissait plus facile d'élever une fille féministe, de lui apprendre à se battre, à ne pas se laisser faire, à reconnaître les 'marques' du patriarcat", témoigne la mère d'une petite fille dans cet article. "Si tous les petits garçons pouvaient entendre de la part de leurs parents que les filles ne sont pas là pour leur faire la bouffe et porter des robes, tout le monde partirait sur de meilleures bases, non?", s'interroge une autre mère, de deux garçons cette fois-ci.
"Tu ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse"
Pour Christine Barois, psychiatre et pédopsychiatre, "la base, c'est de leur dire: 'tu ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse', qu'il s'agisse d'humiliation, de critiques...", souligne-t-elle auprès du HuffPost. "Je crois en une certaine valeur de l'exemplarité. On peut ainsi les interroger: 'parlerais-tu ainsi à ta mère ou à ta grand-mère?', ou leur dire que leur père ne parlerait pas comme ça aux femmes", poursuit-elle. Un avis semblable à celui de Carole Bloch, psychothérapeute contactée par Le HuffPost, pour qui "la base c'est de leur apprendre que la femme n'est pas un objet".
Concrètement, même s'il n'existe pas de formule magique, le quotidien recèle d'instants qui sont autant d'occasions pour inculquer à son fils quelles sont les limites à ne pas franchir. Dans la cour de récréation par exemple, où les contacts déplacés entre les enfants ne sont pas rares. Jupes soulevées, cheveux tirés, gestes déplacés, font encore souvent sourire parents comme corps enseignant. Dans ce genre de situations, "il faut leur dire que leur corps leur appartient et qu'il ne peut pas être touché, que si ça arrive il faut l'empêcher", indique Christine Barois. Et donc leur expliquer que, par comparaison, le corps des autres appartient aux autres.
L'essentiel, pour Carole Bloch, étant de "mettre des mots dessus, dès le plus jeune âge, de ne pas en faire un sujet tabou". Oui mais à partir de quel âge peut-on évoquer des notions telles que le harcèlement ou les agressions? "Vers 11-12 ans, cela peut déjà faire l'objet d'une discussion à table", avance la psychothérapeute. Tout dépend des enfants, pour Christine Barois, qui est toutefois d'accord aussi sur le principe de leur parler ouvertement de ces actualités. "On peut évoquer le harcèlement, les agressions sexuelles, leur montrer que cela porte un nom et qu'on peut être poursuivi en justice pour ces comportements", affirme-t-elle.
Non c'est non
Dans un long article du New York Times sur l'éducation féministe pour les garçons, afin qu'ils ne deviennent pas sexistes, la psychologue Christia Brown insiste sur l'importance, face à une situation de harcèlement, de bien dire les choses devant son garçon. Pour eux, mais aussi pour qu'ils puissent intervenir s'ils sont dans une position de témoin.
Les laisser pleurer, être eux-mêmes (par exemple les laisser porter du rose et des robes s'ils le souhaitent), leur apprendre le partage des tâches, encourager leurs amitiés avec des filles, sont autant de préconisations listées dans cet article pour une éducation féministe. On y retrouve aussi l'importance de leur apprendre le consentement, dès l'école primaire quand ils peuvent être amenés à toucher le corps de leurs camarades de classe, comme le soulignait aussi Christine Barois.
"Quand elle dit non, c'est non. Si elle ne dit rien, c'est encore non. Même chose pour 'peut-être'. C'est 'oui' ou rien", écrivait dans un blog intitulé "Le féminisme expliqué à mes fils en 25 leçons" une mère de famille.
Comme l'expose très bien dans cette tribune Carina Kolodny, directrice des plates-formes multimédias du HuffPost américain, expliquer à sa fille comment ne pas être violée est désagréable, expliquer à son fils comment ne pas violer l'est peut-être encore plus. On apprend plus à une fille de faire attention à la manière dont elle s'habille ou à faire attention le soir dans la rue, qu'on éduque un garçon au consentement. "Notre culture met la responsabilité de ne pas être violée sur le dos des filles et des femmes, au lieu de responsabiliser les garçons et les hommes. Votre fils devient adulte dans cette culture, entouré de tels messages. Vous l'avez peut-être élevé en la perpétuant sans le vouloir, ou en lui enseignant des valeurs qui vont à l'encontre de cette mentalité. Mais la question importante est la suivante: lui avez-vous jamais dit entre quatre yeux de ne jamais adopter ces comportements? Lui avez-vous jamais dit que cette culture est inacceptable et NÉFASTE?", s'interroge-t-elle.
L'affaire Weinstein est peut-être l'occasion parfaite pour lancer les premières bases de la discussion.
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