République tchèque : un populiste milliardaire favori des élections
+ VIDEO. Andrej Babis, mis en examen pour détournement de fonds, devrait remporter les élections législatives vendredi.
Il se pr?sente comme le candidat anti-syst?me mais a occup? le fauteuil de ministre des Finances du gouvernement sortant pendant plus de trois ans. Il?a vu son? apr?s des soup?ons de d?tournement de subventions europ?ennes mais il reste le grand favori des ?lections l?gislatives de cette fin de semaine… Ce sont quelques-uns des paradoxes du scrutin qui devrait couronner vendredi Andrej Babis et son parti ANO qui signifie ??oui?? en tch?que mais pr?ne le non quand il s'agit d'accueillir des migrants ou de faire entrer son pays dans la zone euro.
Vid?o : Andrej Babis, un nouveau Trump bient?t au pouvoir en R?publique tch?que ??
Conflit d'int?r?ts
Comme Trump, l'homme d'affaires d'origine slovaque r?p?te que ??l'Etat doit ?tre g?r? comme une entreprise?? et plaide pour ??la Tch?quie d'abord?!??.?Comme Berlusconi, il a ?rig? un empire ?conomique autour de son groupe d'agro-industrie? Agrofert et poss?de plusieurs m?dias dont la premi?re radio priv?e tch?que. A la t?te de la deuxi?me fortune du pays, il se joue des fronti?res entre pouvoir ?conomique, politique et m?diatique. Jusqu'? se br?ler les ailes?:? pour avoir d?tourn? 1,6?million d'euros d'aides europ?ennes au profit?d'un de ses projets touristiques, un complexe h?telier?baptis? le ??Nid de Cigognes??. Peu avant, les d?put?s avaient vot? la lev?e de son immunit? parlementaire pour les m?mes raisons. La confiance des ?lecteurs en a ?t? ? peine ?branl?e?: tout juste un l?ger d?crochage dans les sondages et il fait toujours la course en t?te.
En t?te des sondages
Mi-octobre, il recueillait 25?% des intentions de vote, loin devant les sociaux-d?mocrates (CSSD) du Premier ministre sortant, Bohuslav Sobotka (13?%) et les communistes (10,5?%). Sa popularit? n'a pas ?t? davantage entam?e par les all?gations concernant son r?le d'informateur de la police politique slovaque sous le r?gime communiste.
Les r?sultats attendus des ?lections l?gislatives tch?ques qui devraient porter au pouvoir un populiste ??soft?? mais r?solument nationaliste confirment en tout cas que le populisme ne na?t pas forc?ment sur les d?combres de l'?conomie ni d'un trop-plein d'immigr?s. Le pays affiche l'une des croissances les plus vigoureuses de l'Union europ?enne (3,6?% attendus cette ann?e) et fr?le le plein-emploi. Quant ? la menace de l'immigration, agit?e durant la campagne ?lectorale, elle?rel?ve du fantasme. Prague a refus? comme ses voisins polonais, slovaques et hongrois les quotas de r?fugi?s destin?s ? soulager la Gr?ce et l'Italie qui ont fait face au gros de la vague migratoire de 2015-2016.? Seuls une cinquantaine d'entre eux ont ?t? accueillis en R?publique tch?que dans le cadre du programme europ?en.
Haine de l'?lite
Christian Duquesne, professeur de sciences politiques, tente de d?crypter cette apparente incoh?rence des ?lecteurs tch?ques,?: ??Il y a certainement une fatigue des partis traditionnels et m?me une fatigue de la politique??, sugg?re-t-il, mais le succ?s d'Andrej Babis tient aussi au fait que ??de nombreux Tch?ques partagent son franc-parler, son?lib?ralisme, sa haine de l'?lite et des intellectuels, sa x?nophobie et son euroscepticisme??. ??M?me s'il ne sera pas un nouveau Orban, le Premier ministre hongrois, ni un Kaczynski, en Pologne??, ajoute-t-il, ??il va rejoindre les durs du groupe de Visegrad et ne sera pas un partenaire facile pour Emmanuel Macron??.
Catherine Chatignoux