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Pour sauver les océans des déchets plastiques, devenez citoyens des îles Poubelles

Une campagne a été lancée pour que l’ONU reconnaisse l’amoncellement de déchets plastiques au milieu du Pacifique comme son 196e Etat membre.

Publié le 19 septembre 2017 à 17h03, modifié le 20 septembre 2017 à 09h50 Temps de Lecture 3 min.

Les actions pour la défense de l’environnement nécessitent parfois une dose d’absurde pour attirer l’attention. Pour rappeler qu’un amoncellement de déchets plastiques, de la taille d’un pays européen moyen, flotte depuis plus de vingt ans au milieu de l’océan Pacifique, le site LADbible et l’ONG Plastic Oceans Foundation ont monté une campagne médiatique pour demander que l’île de détritus soit reconnue par l’ONU comme son 196e pays membre.

L’idée est de profiter de l’assemblée générale de l’ONU, qui se déroule cette semaine à New York, pour interpeller la communauté internationale en exigeant la création des « Trash Iles », que l’on peut traduire par « îles Poubelles ».

Les organisateurs encouragent ceux qui voudraient s’impliquer à signer une pétition (107 000 signataires actuellement), qui sera adressée au secrétaire général, Antonio Guterres, et à devenir citoyen des îles Poubelles. Al Gore, ancien vice-président américain reconverti dans la défense de l’environnement en est le « premier citoyen » et prête son image à la campagne. Des graphistes ont imaginé un passeport et une devise, le « débris », déclinée en billets tous plus déprimants les uns que les autres. Les organisateurs promettent aussi un hymne national, des élections et une équipe de football.

Si l’amas de plastique flottant dans le Pacifique devient un pays, arguent-ils, les îles Poubelles seront protégées par les traités environnementaux signés par les autres membres de l’ONU, et devront être nettoyées – et donc disparaître.

Une demande officielle a été déposée, et il n’y a pas la moindre chance qu’elle aboutisse. Mais ce lobbying a le mérite d’introduire la question du plastique dans l’océan dans la conversation médiatique et politique, et de rappeler que tous les ans près de 9 millions tonnes de déchets sont jetées dans les océans. Comme l’écrit LadBible :

« Si vous pensez que tout cela est ridicule, alors rendez-vous compte qu’il y a une zone de la taille de la France couverte de déchets plastiques dans l’océan. »

« Gyres » océaniques et résidus de polyéthylène

Si on l’appelle bien « le 7e continent de plastique » ou « la grande parcelle de déchets du Pacifique », la concentration qui flotte dans l’océan n’est pas vraiment cette île que l’on imagine, faite de bouteilles et de sacs.

Les expéditions successives qui l’ont étudiée depuis sa découverte fortuite en 1997 la décrivent plutôt comme une « soupe », qui n’est pas visible depuis les airs, mais qui s’étendait en 2012 sur une zone de 3,4 millions de kilomètres carrés. Elle est constituée en grande partie de « particules » produites par des activités quotidiennes – comme conduire une voiture ou laver son linge –, que l’on trouve dans les enduits de bateau, les marquages routiers, les cosmétiques ou la poussière urbaine. L’océanographe François Galgani la décrivait au Monde ainsi :

« L’image d’un continent sert à sensibiliser le grand public, mais ne rend pas compte de la réalité. Il s’agit plutôt d’une multitude de microplastiques, d’un diamètre inférieur à 5 mm, en suspension à la surface ou jusqu’à 30 mètres de profondeur, difficiles à voir de loin. Mais quand on puise dans l’eau, on en remonte une quantité impressionnante. »

Cette « parcelle », dans le nord du Pacifique, n’est pas la seule. Si elle est la plus étendue, on en retrouve de similaires dans cinq grands bassins océaniques : le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord, l’Atlantique Sud et l’océan Indien.

D'immenses plaques de déchets flottent sur tous les océans du monde.

Cinq zones qu’on appelle « gyres océaniques », où se sont échouées au moins 269 000 tonnes de détritus amenés par les courants marins et par la force centripète qui les aspire lentement vers le centre de la spirale. Ces plastiques, essentiellement des résidus de polyéthylène, de polypropylène et de polyéthylène téréphtalate (PET), ne sont pas détruits par les micro-organismes et restent à flotter éternellement, polluant l’écosystème marin. Le plus inquiétant est qu’il s’agit, littéralement, de la partie émergée d’un iceberg de pollution, puisque les scientifiques pensent que la partie immergée est plus importante encore.

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