ROYAUME-UNILes expatriés français en plein doute face à l'incertitude du Brexit

Brexit: «Il y a eu énormément de déception»... Les expatriés français sont en plein doute

ROYAUME-UNILeur futur statut est toujours très incertain…
Des militants pro-UE défilent à Londres le 9 septembre 2017.
Des militants pro-UE défilent à Londres le 9 septembre 2017.  - NIKLAS HALLE'N/AFP
Nicolas Raffin

Nicolas Raffin

L'essentiel

  • Un sommet des dirigeants européens se tient à Bruxelles les 19 et 20 octobre.
  • Le Brexit sera naturellement au menu des discussions.
  • Des expatriés témoignent de leur choix de revenir en France.

Jusqu’à peu, Magali faisait partie de la communauté des expatriés au Royaume-Uni. Pendant dix-sept ans, cette Française a travaillé à Londres dans le secteur du conseil avant de décider de rentrer en France, une fois le Brexit voté en juin 2016. « Il y a eu énormément de déception chez les expatriés, raconte-t-elle. A Londres, l’ambiance a vraiment changé, il y a eu comme une cassure. C’était difficile de partir, mais le fait de ne pas savoir ce qui va se passer dans les prochaines années a été un élément déclencheur. »

L’horloge tourne, mais le Royaume-Uni et l’Union européenne ne semblent pas pressés d’arriver à un accord sur le Brexit, alors que la séparation est prévue pour fin mars 2019. Pour débloquer la situation, les « Européens » réclament des avancées sur trois dossiers « prioritaires » avant de discuter de l’après-Brexit : le coût financier de la rupture, les conséquences du Brexit pour l’Irlande, et… le sort des expatriés originaires de l’UE. Ces derniers sont environ 3,2 millions à résider au Royaume-Uni, dont au moins 300.000 Français.

« J’imagine mal les Anglais mettre tout le monde à la porte »

Parmi tous les scénarios possibles, le plus extrême pour les expatriés de l’UE serait le suivant : obligation d’avoir un visa ainsi qu’un permis de travail, avec une protection sociale réduite au minimum.

« Je suis assez pragmatique, j’imagine mal les Anglais mettre tout le monde à la porte du jour au lendemain » veut croire Arnaud de Montille. Cet entrepreneur, qui a cofondé la marque de bijoux personnalisés « Merci maman », vient tout juste de revenir dans l’Hexagone après 10 ans passés en Angleterre.

Des conclusions très attendues

Le Brexit lui a fait l’effet d’un choc psychologique. « On se sentait chez nous à Londres, et d’un coup c’est comme si on nous disait "vous n’avez plus rien à faire ici" » raconte-t-il. Son entreprise garde un bureau dans la capitale britannique, mais Arnaud de Montille s’interroge. « Une fois que le Brexit sera acté, est-ce qu’on pourra continuer à exporter nos produits avec la même facilité ? ». A ce titre, il n’exclut pas de rapatrier une partie des opérations à Paris, où il a ouvert un bureau l’année dernière, « si les choses se passent mal ».

Comme lui, de nombreux entrepreneurs, notamment dans les milieux financiers, se montrent inquiets pour la suite. Dans une tribune publiée mercredi, le patron du London Stock Exchange (LSE, la Bourse de Londres) réclame « des accords de transition » avant la fin de l’année, afin d’éviter, à terme, une crise économique.

Les conclusions du sommet de Bruxelles, attendues vendredi, seront donc scrutées de très près. Depuis le début des tractations, cinq cycles de négociations ont eu lieu, sans que les deux parties arrivent à un compromis. Le sommet des 27 dirigeants de l’UE y changera-t-il quelque chose ?

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